Opeth + Burst le 11/12/2005 - Villeurbanne (Transbordeur)

2005 aura été une année Opeth à tous les niveaux. Sa signature chez Roadrunner a permis au groupe d’accroître sa popularité, touchant un public plus large encore et ce en seulement trois petits mois depuis la sortie de leur excellent Ghost Reveries. Akerfeldt et ses compères n’ayant strictement plus rien à prouver quant au talent de leurs compositions, la tournée qui s’ensuit à travers toute l’Europe a donc presque des allures de triomphe tant le groupe est vénéré dans nos contrées. C’est donc en ce dimanche 11 décembre que les suédois passaient par Villeurbanne, pour leur troisième et dernière date française de cette fin d’année, un véritable événement pour lequel le public s’est déplacé en masse.

Agréable découverte pour moi que cette salle du Transbordeur, certes un peu mal placée (surtout lorsque l’on est à pieds et qu’il gèle), bien agencée et à taille humaine, dont on sent que l’organisation bien huilée découle d’une forte expérience. Le temps de faire la queue dans une ambiance de fraîche camaraderie, de faire le tour des lieus et c’est Burst qui ouvre les hostilités dans une salle bien remplie. N’ayant en apparence de point commun avec Opeth que dans la nationalité de ses membres, le groupe va pourtant servir un hardcore puissant et sombre teinté de métal solide et très bien inspiré. Visiblement heureux d’être là, les suédois aux allures de fashion-victims savourent leur chance de pouvoir défendre leur récent album Origo sur les terres hexagonales (ndlr : leur show au Fury Fest 2004 avait été très écourté à cause d’une malheureuse corde de guitare cassée, et celui de l’Elysée Montmartre la même année tout bonnement annulé après un accident (malédiction?). Ils s’en donnent donc à cœur joie, sautant dans tous les sens et communiquant leur euphorie au public tout à fait réceptif au genre. Très bonne surprise donc que ce set des coreux dont on aura pu apprécier live la qualité des compositions, trouvant un bon compromis entre violence et mélodies, tant au niveau du chant que des riffs de guitares. Une grosse demi-heure seulement après le début du show, Burst fait pourtant déjà ses adieux (provisoires, espérons le) au public afin de laisser place aux astres de la soirée.

On le sent d’avance dans cette salle du Transbordeur, le groupe qui va suivre est grand, peut-être même divin. Les esprits s’impatientent déjà pendant que les roadies s’activent à dévoiler le matériel du groupe et c’est un triomphe qui se fait d’ores et déjà entendre à l’apparition de la bannière du groupe. A l’extinction des lumières, chaque esprit s'excite, dans l’attente du magique univers que le groupe a créé et c’est sur Ghost Of Perdition, titre d’ouverture de Ghost Reveries qu’Opeth apparaît. Instantanément, le growl profond et unique d’Akerfeldt transit les présents. C’est qu’il ne paraît pourtant pas le bonhomme. Maigre, presque fébrile, tenant sagement sa guitare, dans un petit pantalon et de fines baskets, il surligne grassement les passages les plus violents des compositions, avant de fermer les yeux pour entamer ses complaintes les plus émotives avec une sincérité incroyable et une voix d’ange. Pas de surprise quant à la musique du groupe pour les connaisseurs donc, mais plutôt sur la façon dont chacun des membres l’interprète. Dans un souci de retranscription parfaite, les musiciens enchaînent leurs titres apportant chacun une prestance et une modestie toute liée aux personnages. Petit à petit, l’univers Opeth se dessine, et chacun y pénètre, plus ou moins profondément, grâce à l’intensité et à la longueur des titres. Faisant frissonner l’assemblée sur les ambiances les plus esthétiques (Aaah Closure !) pour mieux laisser exploser son émotion sur les passages à composante plus death, les suédois tiennent en haleine de bout en bout, de la plus belle des manières. Et lorsque l’un des titres s’achève, le sieur Aker ne manque pas de s’inquiéter du sort de son auditoire, le remerciant à maintes reprises de sa présence, et utilisant de fines piques d’un glacial humour tout scandinave (les autres membres y étant totalement indifférents, l’habitude peut-être…). Nous aurons donc droit à ses états d’âme, ses railleries, et autres affronts growlesques sur un ton de pitrerie impassible, contribuant à détendre encore plus une atmosphère tombant petit à petit dans le domaine de l’enchanteur. Durant plus d’une heure et demi, Opeth va livrer une setlist sans surprise, mais judicieuse, n’oubliant aucune des facettes (seul l’album Morningrise aura été négligé) qu’a pu offrir le groupe au cours du temps. De la magie de The White Cluster au magistral final de Deliverance interprété en rappel, en passant par Bleak, sans oublier évidemment d’assurer la promotion du dernier album (3 titres en tout), un éventail d’atmosphère aura pu ravir les fans venus en masse.
Opeth aura une nouvelle fois démontré, et ce avec un batteur intérimaire (ndlr : Lopez ayant eu des problèmes de santé, c’est Martin Axenrot de Bloobath qui assurait l’interim, impeccablement cela dit) que sa musique, aussi progressive soit-elle, est d’une richesse extrême, musicalement et émotionnellement. Le temps aura donc semblé si court et intense dimanche au transbordeur, avec un son impeccable, et la majorité du public sera repartie avec des étoiles plein la tête, pensant sûrement qu’Opeth est à l’apogée de son art.

manulerider (Décembre 2005)

Setlist Opeth:

Ghost of Perdition
When
White Cluster
Closure Bleak
The Grand Conjuration
Under the weeping Moon
The Baying of the Hounds
A Fair Judgement
rappel: Deliverance

 

Partager :
Kindle
A voir sur Metalorgie

Laisser un commentaire

Pour déposer un commentaire vous devez être connecté. Vous pouvez vous connecter ou créer un compte.

Commentaires

Pas de commentaire pour le moment