Fall Of Summer 2015 Base de Loisirs de Torcy-Vaires, les 4 et 5 septembre 2015

Après une première édition des plus prometteuses, nous étions impatients de retourner en terres torcéennes pour prendre une dernière dose de décibels en festival avant l'automne. Premier constat : le bouche à oreille (comprenez, également, les réseaux sociaux) a l’air d’avoir bien fonctionné vu le remplissage du parking et la distance à laquelle il faudra aller garer son véhicule ! Le temps de faire le chemin, j’entends au loin la fin de la prestation de Putrid Offal, tout en délicatesse.



Autant la Hollande est l’autre pays du fromage après la France, autant l’Allemagne est l’autre pays du Thrash Metal après les États-Unis. Et cet accent germanique justement permet immédiatement d’identifier l’origine géographique d’Accuser. Le groupe déploie une grosse énergie sur scène et semble prendre du plaisir vu les sourires affichés, mais sur la longueur leur set devient un peu linéaire. Frank Thoms réveillera cependant les premiers rangs lorsqu’il fera semblant de jeter sa guitare dans le public. Direction la Sanctuary Stage pour Endstille qui malheureusement souffrira d’un son moyen, rendant impossible la distinction entre les guitares et la basse. Mais Iblis, le visage grimé de bien "belle" manière, assure le show sans se démonter et verse son flot de haine sur le public. Bouffée d’air frais au milieu de la noirceur de la programmation, les rigolards Gama Bomb étaient bien attendus, se faisant rares par nos contrées. Le pantalon chamarré de Philly Byrne pose tout de suite le décor pour leur premier concert francilien, et les blagues fusent entre les morceaux. Les spectateurs présents dans le pit devienent alors d’humeur farceuse et plusieurs d’entre eux se mettent à "faire pleuvoir" du sable dans les premiers rangs. Le calme reviendra après un petit wall of death instigué par le chanteur. Niveau musique, la basse et la batterie sont trop mis en avant et cela gâche un peu le rendu, mais grâce à d’ultimes réglages, nous en prendrons plein les esgourdes sur Terrorscope (une inédite du prochain album) et Bullet Belt.



Pause goûter et dose de gras avant le set de Grave, grâce aux nouveautés proposées par le stand restauration du Fall Of Summer : des crêpes sucrées ! C’est donc le cul posé dans l’herbe que les suédois m’en mettent plein la gueule avec leur Death Metal, avec pour la première fois un son irréprochable et massif dès le début. Ces douceurs auditives donnent des ailes au public qui ne se gênera pas pour headbanger et slammer allégrement. Deströyer 666 continuera sur la même lancée sur la Blackwaters Stage grâce à son crossover magique, mélange de Black, de Death et de Thrash. Impossible en effet de faire le difficile devant un hymne metal épique tel que I Am The Wargod et son intro à rallonge qui ne laissera pas le public indifférent. Nouveauté pour cette deuxième édition, la programmation de groupes de Heavy Metal. Mais pas n’importe lesquels ! Et le premier d’entre eux n’était autre que Angel Witch, déjà passé par le Hellfest en 2011. Le groupe a la classe à l’anglaise, les Les Paul sont rutilantes et le son parfaitement équilibré. 35 ans après la sortie de leur premier album, cette invitation était une belle manière de rendre hommage à ce groupe, et bien qu’il était difficile de comprendre ce que racontait Kevin Heybourne entre les morceaux à cause de son accent, la réaction survoltée du public sur la chanson Angel Witch en fin de set se suffisait à elle-même.



C’est le moment pour moi de foncer à l’espace VIP pour une interview avec le chanteur de Gama Bomb, ce qui me fera malheureusement rater les trois quarts du concert de Candlemass. Dommage car j’aurais bien aimé pouvoir profiter pleinement de la prestation du showman Mats Leven (ex-Therion, Gus G., Yngwie Malmsteen) arrivé au chant en 2012. Sa réputation n’est plus à prouver et c’est vraiment une bonne pioche pour Candlemass car sa voix est tout simplement impressionnante. Le groupe berce le public avec lourdeur et mélancolie et termine son set par deux vieux classiques, Gallows End et Solitude. De retour devant la Sanctuary Stage, il ne faudra guère plus de quelques minutes à Asphyx pour nous prouver qu’ils portent bien leur nom : growl monumental, riffs mid-tempo et guitare avec un son mastoc (alors même qu’il n’y a qu’un guitariste dans le groupe) caractérisent leur Death Metal bien lourd qui assommera le public, alors que le soleil commence à se coucher.



Autant dire qu’après ça, niveau tempo, ça tranche (dans tous les sens du terme) complétement avec Destruction et son Thrash hyper véloce. La guitare est un peu trop en retrait mais cela permet de profiter du gros groove de la basse de Schmier. C’est également le premier concert de nuit et les lights, épileptiques, ne sont pas en reste. La setlist fait la part belle aux 80’s et le groupe termine à fond la caisse sur l’incontournable The Butcher Strikes Back. Un show largement à la hauteur de celui de Sodom l’an passé. La thématique est  ensuite respectée puisqu’on retrouve quelques minutes plus tard Mayhem sur la Sanctuary Stage, ornée pour l’occasion de plusieurs têtes de porc (des vraies !) empalées sur des piques. Attila multiplie les poses outrancières tout en fociférant tandis que les musiciens s’appliquent, bien concentrés, à suivre leurs parties. Mais malgré le statut culte du groupe, leur Black Metal ne réussira pas à me captiver ce soir-là. Pour finir en beauté cette première journée, quel meilleur choix que Sabbat, pour leur première venue en France. Avant de débuter leur concert, le chanteur/bassiste Gezol s’adonne à un drôle de rituel sur scène, ouvrant plusieurs sachets au contenu mystérieux puis récupérant une serviette chaude (façon resto asiatique) avec laquelle il se curera copieusement le nez (oui, oui !). Les voix aériennes enfin libérées, le show peut commencer... Et quel show ! Gezol, qui n’est pas sans rappeler Abbath dans ses attitudes, arbore un magnifique slip/short en cuir clouté et attire tous les regards. Son registre vocal est hallucinant, ayant à moult reprises recours au falsetto, insufflant une pêche folle à son chant. À noter qu’Okkulto (ex-Desaster, Eurynomos) viendra lui prêter un coup de main sur Darkness And Evil. Les solos de guitares sont ultra précis et le jeu de basse de Gezol est tellement fou que l’absence de guitare rythmique ne se fait même pas ressentir. Basse qui ne fera pas de vieux os puisqu’il la fracassera à la fin du set. Il mimera ensuite des gestes obscènes avec les morceaux avant de les jeter dans le public. Et c’est par ce final épique et dans la fraîcheur que se termine cette première journée du Fall Of Summer, laissant la possibilité aux plus courageux et aux moins fatigués d’aller remuer leurs carcasses aux sons des DJ sets proposés à côté du stand restauration.



Petit bilan à mi-parcours et avant le début de cette seconde journée : le Fall Of Summer version 2015 a ainsi repris les mêmes ingrédients et quasiment la même configuration qu’en 2014 : à nouveau 28 groupes à l’affiche mais avec une fin des concerts plus tôt dans la soirée, et les deux scènes : la Blackwaters installée sur la plage, dos au lac et les pieds dans le plage, et la Sanctuary ayant quant à elle judicieusement pivotée de 90° sur la gauche pour laisser plus de place et de profondeur de champ au public. Et toujours, les cinq minutes de battement entre chaque set, laissant largement le temps à la horde de metalleux de migrer d’une scène à l’autre. C’est à se demander si les dieux du Metal ne serait pas penché sur Torcy pour en faire le lieu idéal pour accueillir un tel festival.



Difficile de se lever tôt en ce samedi matin et le temps de faire la route, j’arrive au milieu du set d’Hamferd, et bien que venant des Iles Féroé, ils ne semblent pas portés sur le massacre des dauphins, à la différence de Cobra. On pourra leur décerner le prix du groupe le plus classe du week-end, tous les musiciens étant en costard. Côté musique on oscille entre lourdeur et torpeur et le rythme très lent anesthésie complètement le public. Jon Hansen met une belle intensité dans sa voix, que ce soit en chant clair ou dans ses growls et nous honorera d’un magnifique « il fait jour, mais il fait sombre », en clin d’oeil certainement à leur clip qui avait fait le buzz au printemps dernier. Seule ombre au tableau, le bassiste qui sourit à plusieurs reprises, ce qui fait quelque peu tâche au milieu des autres dépressifs. Cinq minutes plus tard, Haemorrhage nous place tout de suite dans une autre ambiance, non seulement niveau tempo, mais aussi visuel avec le guitariste déguisé en chirurgien, la bassiste en infirmière (Ava remplaçant Ramon) et le chanteur... en sang ! Faisant flotter un drapeau de la croix rouge dégoulinant ou exhibant fièrement une jambe arrachée en plastique, Lugubrious paraît complètement possédé, habité par sa musique, les yeux exorbités. Le show pourrait même en devenir flippant s’il n’était pas autant grand-guignol, mais il emporte l’adhésion du public. Si vous n’aviez pas eu votre dose de Gezol la veille avec Sabbat, le voici de retour avec Metalucifer. Ambiance 100% Heavy cette fois et il laisse même la basse au placard pour se concentrer sur le chant. On sent l’énorme influence NWOBHM et Gezol monte encore plus dans les aigus, tandis que les solos de guitares harmonisées à la tierce pleuvent sur la Blackwaters Stage, laissant le champ libre à la basse pour groover à fond. Heavy Metal Is My Way, Heavy Metal Hunter, Heavy Metal Bulldozer, Heavy Metal Chainsaw, aucun des classiques du groupe n’est oublié.



Derniers représentants français de l’affiche 2015, c’est au tour de Supuration de monter sur la Sanctuary Stage, en version old-school. Les frères Loez affichent une banane d’enfer et de grands sourires et ils posent rapidement l’ambiance. Leur Death est dissonant, technique mais sans esbrouffe, et les deux voix se complètent à merveille. Le groupe évolue en terrain conquis et le public ne cache pas sa joie au moment où résonnent les premières notes de The Cube qui clôt le set des Nordistes qui, reconnaissant, offre cinq tshirts lancés dans les premiers rangs. On change quelques lettres et en route pour Suffocation sur la Blackwaters Stage. Marteau-piqueur, rouleau-compresseur, les comparaisons avec le monde du BTP seraient nombreuses pour qualifier la musique des Américains. Le son est parfaitement réglé et permet de bien profiter des solos de guitare et Frank Mullen prouve une nouvelle fois sa maîtrise vocale. Après Angel Witch la veille, un autre fer de lance de la NWOBHM se produit sur la Sanctuary Stage. Peut-être moins connus que leurs prédécesseurs, le public réserve à Satan un accueil mitigé, bien qu’un petit groupe de die-hard fans soient présents et entonnent les paroles des classiques du groupe tel que Break Free. Jouant un Heavy Metal classique mais efficace, Satan met le paquet sur les harmonies vocales en plus de celles des solos de guitare et la voix de Brian Ross fait mouche (sans parler de son accent so british).



C’est surement un hasard mais c’est amusant de voir jouer Nile devant un parterre de sable, il ne manquerait plus qu’une pyramide pour s’y croire vraiment. Le groupe continue sur la lancée de leur compatriote Suffocation et écrase tout sur son passage, avec une section rythmique atomique. Nile termine son set par Black Seed Of Vengeance devant un public qui en aurait bien voulu encore plus. Le ciel devient menaçant alors que Razor entame son concert sur la Sanctuary Stage, et les premières gouttes du week-end se feront sentir. La batterie souffre d’un son sec et la guitare est en retrait mais il suffira de se placer judicieusement au niveau de la régie pour bénéficier d’un son correct. Les membres du groupe n’affichent pas leurs années au compteur et jouent comme s’ils avaient 20 ans, c’est bon esprit (le guitariste raconte comment il s’est fait assommer lors du dernier concert par son batteur qui a raté un lancer de baguette) et les paroles sont engagées comme on aime dans le Thrash old-school. Suite à un problème de logistique, Coroner se produit sur la Blackwaters à l’heure normalement réservée à Triptykon. Du coup, le groupe ne devait pas vraiment être prêt pour jouer aussi tôt et le set débute avec une dizaine de minutes de retard sur l’horaire prévu, le tout s’accompagnant de problèmes techniques avec les retours ce qui énerve Tommy au point qu’il envoie voler son micro d’un coup de pied rageur et se casse de scène. Ron et Diego ne se démontent pas et continuent la chanson pendant deux minutes sans guitare, avant que Tommy ne refasse son apparition, à peine calmé, pour le solo. À noter la présence dans un coin de la scène d’un quatrième membre "live" qui balance les samples des chansons issues de Grin. C’est d’ailleurs sur Grin (Nails Hurt) que Coroner termine son set, Tommy bouillonant toujours de rage, et laisse le public avec un goût d’inachevé. Heureusement, devant la sollicitation des spectateurs, Coroner revient sur scène pour un rappel qui ne paraissait pas prévu et gratifie l’audience d’un puissant Reborn Through Hate qui fera oublier à tous les pépins ayant émaillés leur prestation.



Dernière ligne droite pour ce deuxième Fall Of Summer avec une part belle laissée à la Norvège. Tsjuder s’élance sur la Sanctuary Stage alors que la nuit commence à tomber, conditions parfaites pour mieux profiter des lights et des corpsepaints. L’abus de double-pédale devient vite fatiguant mais heureusement le groupe dispose de quelques chansons mid-tempo ou avec une vibe rock’n roll qui sont bien plus intéressantes. C’est finalement une bonne chose pour Triptykon d’être arrivés en retard car jouer de nuit rajoute de l’ampleur à leur show. La scène se drape de fumée alors que le groupe commence par deux reprises de Celtic Frost, Procreation (Of The Wicked) et Circle Of The Tyrants. La fraicheur se transforme en froideur et le groupe enchaîne avec des titres issus de ses deux albums. Il n’y a pas à dire, Tom G. Warrior a un charisme fou et la prestation de Triptykon laisse le public bouche bée. Il se fait tard et la faim se faisant sentir, je me rends alors au stand restauration, littéralement pris d’assaut par une horde de metalleux souhaitant écluser leurs derniers jetons. Ajoutez à cela une équipe de bénévoles épuisés par les deux journées de festival... Le temps d’obtenir mon sandwich merguez-frites, je rate toute la prestation d’Ihsahn, entendant vaguement le concert au dessus du brouhaha des festivaliers morts de faim, ainsi qu’une grosse partie du set d’Abbath, consacrée au début à des reprises du groupe I. J’arrive donc devant la Blackwaters Stage un peu dépité, ayant goulument avalé mon complément lipidique sur le chemin. Sinon le constat est simple, Abbath survivra sans problème à Immortal. L’inverse n’étant pas sûr par contre.



Comme l'an dernier, c’est sur les mimiques d’un des patrons du Black Metal que s’achève cette deuxième édition du Fall Of Summer, qui a tenu toutes ses promesses, avec une affiche hétéroclite et homogène à la fois, mélangeant les styles (et bravo pour avoir osé le Heavy Metal) et les groupes programmés ayant comme trait commun leur côté culte (Mayhem, Coroner, Ihsahn) ou rare (Gama Bomb) ou les deux (Sabbat, Metalucifer...). Pour une édition 2016, on signe où ?

Grum (Octobre 2015)


Merci à toute l'équipe du Fall Of Summer pour leur accueil durant ces deux jours.

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