Temples Festival 2015, part II le 30/05/15, Bristol

Cette seconde journée commence un peu plus tôt et l'enchaînement des groupes est proprement hallucinant. Nous manquons hélas pratiquement l'intégralité du tout premier concert de Caïna, formation Post Black Metal dont le duo s'est adjoint les services d'un bassiste et d'un batteur pour l'occasion. C'est dommage, le son avec l'air particulièrement excellent. Trêve de rigolade, les sauvages d'Impetuous Ritual sont déjà à l’œuvre sur la scène 2. Quel carnage, le son est génialement dégueulasse, on ne distingue absolument rien dans cette purée de poix de riffs qui paraissent désordonnés et seul la batterie, avec plusieurs passages tribaux, seront notre guide durant cette demi-heure de concassage de cervicale. La journée vient de commencer et c'est déjà n'importe quoi.



C'est pas avec Celeste notre fierté nationale (avec Year Of No Light) qu'on va se reposer. Jouant de jour, le groupe compose comme il peut avec un abus total de fumigène recouvrant l'intégralité de la grande scène et ne permettant de distinguer qu'à peine leurs lampes frontales. Bénéficiant pour la première fois que je les vois d'un son à la hauteur et permettant surtout de comprendre ce qu'ils jouent, des titres d'Animale(s), plus un de Morte(s) Née(s). Moins haineux et urgent, mais pas moins excellent. On fait l'impasse sur Grave Miasma pour suivre une partie de Sonance, bien placé sur le running order et pourtant moins connus que d'autres. On découvre alors un Postcore / Doom très bien exécuté et passionné, un peu similaire à Minsk, le tout servi par des projecteurs qui renforcent l'ambiance tantôt lourde, tantôt planante de leur musique. Une très bonne découverte qui donne envie de se pencher sur leurs deux albums.

L'heure des duo est arrivée avec Mantar tout d'abord, très convainquant par leur Sludge / Black porté par des compos qui défoncent et une prestation scénique énergique avec en plus un rab de trois titres supplémentaires qui viennent bouffer une partie du set de Torche dans la grande salle. Alors que Mantar défonce tout sur la scène 2, le retard accumulé avec les changements de plateaux m'oblige à partir avant la fin de leur set pour ne pas louper le début de Torche. Peiné, je traîne donc les pieds vers la mainstage à travers une foule décidément trop épaisse pour l'espace alloué durant le festival. Les Américains sont déjà sur scène et termine leurs balances pour enchaîner sur le début du concert dans la foulée. Le groupe ne déçoit pas. Lourdeur, Pop et encore lourdeur, le concert sera presque exclusivement concentré sur leur dernier album en date, Restarter. Et à la fin, aucun des quatre musiciens souriants ne cache sa joie de s'être produit au Temples cette année. Une prestation qui me fera presque oublié d'avoir raté la fin de Mantar.



Nouveau duo. Lorsque Bölzer fait ses balances, ça laisse supposer un son de mastodonte. Troisième fois que je les vois en un an (Fall Of Summer, Rennes) et comme d'habitude le son en impose comme le fait qu'il tiennent un concert d'un genre musical aussi extrême uniquement à deux pendant quarante minutes. Et puis leurs compos parlent pour eux, surtout Entranced By The Wolfshook, toujours une claque dans la façade quand ils la jouent, mais aucun effort n'est réalisé sur la mise en scène (les lights sont complètement statiques) ce qui a tendance à donner une prestation un peu trop linéaire. On se taille une place devant Goatsnake et on réalise tout de suite avec Slippin' The Stealth que les maîtres du riff, c'est eux. Le chanteur dynamite leur concert par sa motivation hors norme même si vocalement, il est à la limite de la justesse par moment, égraine quelques notes à l'harmonica et blague avec le public. Lourdeur et riff sec comme le désert sont le maître mot du concert, même si je ne connais pas encore le dernier album, Black Age Blues, qui est plutôt mis en avant aujourd'hui. 



Juste après, c'est totalement la folie sur Portal. Quand la hype dépasse la musique. La scène 2 est tellement blindée de monde que je n'aperçois pas le groupe. Au début de deux morceaux serrés comme des sardines, je lâche l'affaire promptement pour ne pas être d'avantage déçu. Tant mieux pour les gens qui étaient « the place to be » plus occupés à prendre des photos ou des selfies plutôt qu'être là pour la musique. Écœurant. Pig Destroyer revient une seconde journée pour un concerts spécial et une version Doom de leur répertoire à savoir l'intégralité de leur album Natasha, joué pour la première fois en live, placés cette fois-ci dans la grande salle pour mieux profiter de la place. Hélas c'est la douche froide, c'est mou, trop expérimental et laisse une bonne partie de la salle de marbre. Seul la fin de leur set, abrasive et destructrice nous fera lever le sourcil et nous dire que tout n'était pas à jeter. Dommage parce que le groupe avait l'air impliqué et avait réalisé une vidéo pour accompagner leur prestation. Triptykon m'avait déçu au Hellfest 2011 avec ses ventilos dans tous les sens et surtout un son incroyablement faible, sans lourdeur et sans dynamisme. Pourtant la tracklist était orienté Celtic Frost. Comme aujourd'hui en fait, avec deux morceaux de To Mega Therion et une ouverture sur Procreation (Of The Wicked) qui démolit tout sur son passage. Là c'est plombé comme jamais, d'une lourdeur et d'une noirceur incomparable, le meilleur de la fin de Celtic Frost tout compte fait Le cœur du concert est bien entendu composé de titres des deux albums Triptykon (branlée sur Goetia et surtout Abyss Within My Soul) et le chant scandé de Tom Warrior fonctionne à merveille. Celui-ci se permet même quelques vannes entre les titres, sans pour autant casser l'ambiance glauque et morbide qui se dégage de leur set. On aura même droit sur la fin à une reprise d'Hellhammer, Messiah, très old school forcément, mais hélas qu'une conclusion ambiancé avec Winter, seul représentant du fameux Monotheist de Celtic Frost. Peu importe, ce concert reste comme l'un des meilleurs du festival.



Alors que la stage 2 était pleine à craquer durant le set de Triptykon, je décidais de rester dans la salle principale pour faire face religieusement à ce mur d'amplis durant l'installation de Sunn O))). 12, c'est le nombre d'amplis de la taille d'un homme que le groupe utilise durant leur représentation, quatre étant alloué à chaque membre sur scène. Stephen O'malley quitte alors son t-shirt Magma pour enfiler sa célèbre tenue. Les bouchons sont bien en place dans mes oreilles, je suis prêt. Enfin, c'est ce que je croyais. Ce qui suivra pendant 1h30 se passe presque de mots. Une expérience telle qu'elle met tout votre corps à l'épreuve, en surface et en intérieur. Certains ont saigné du nez, d'autres se sont évanouis, beaucoup ont renoncé après quelques minutes, mais pour ceux restant, l'accomplissement d'avoir tenu est aussi appréciable que la performance dans sa totalité. La prestation aura fait autant de bruit pendant qu'après le concert où l'on apprendra quelques anecdotes qui nous conforteront dans l'idée que l'on a assisté à un événement singulier qui fera date. Le niveau de 130 décibels a été atteint durant la performance, ce qui causa des dommages au système sonore de la mainstage du festival, obligeant l'organisation à repousser d'une heure tous les groupes qui devaient s'y produire le dimanche, le temps de le réparer. Il a également été dit que l'on pouvait entendre le concerts à la gare de Bristol, située à quelques centaines de mètres de la salle. On croit être préparé pour supporter une telle expérience, mais c'est une illusion et la vibration dronesque qui na pas quitté mes oreilles trois jours durant suite à leur prestation, est là pour le confirmer.


Pentacle (Octobre 2015)

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