Crumble Fest 2015 Le Zinor, Montaigu (85)

Vendredi 5 juin : Arrivé bien plus tôt que l'an dernier sur les lieux, me voilà recruté en tant que bénévole pour le montage du site. Ayant pu apprécier grassement la première édition du Crumble Fest (voir le live-report idoine), et les productions Crumble Fight en général, c'est avec un plaisir non dissimulé que je participe au mouvement, dans une ambiance joyeuse malgré quelques tensions, naturelles voire nécessaires dans une organisation juste avant le début des hostilités.



Hostilités entamées par les vendéens de Dead Lake, pratiquant une fusion parsemée de metalcore semble-t-il efficace mais parasitée par un chant beaucoup trop approximatif pour être honnête, ce qui me tenait à distance raisonnable de la scène intérieure en ce début de festival. Je préférais tailler le bout de gras tout en digressant avec les copains, au bar, que j'ai aidé à monter avec mes bras d'adolescent. Nous nous délections alors d'une exquise bière locale, La Musse.



J'ai réellement commencé à me trémousser en extérieur aux premiers accords de Pord, excellent groupe de Lozère dont l'album Valparaiso m'avait plutôt enthousiasmé. L'auditoire encore clairsemé a pu constater que le noise-hardcore des ces gars-là se vit principalement en direct, basse en avant et cassures rythmiques régulières, profitant d'une sono externe au poil.



On ne pouvait espérer mieux comme échauffement de cervicales avant de se détendre devant Fat Supper, déjà venus au Zinor l'an dernier en date unique avec Papier Tigre. Le garage blues/noise/pop/etc des rennais capte assez vite l'attention des 10 personnes présentes dans la salle à ce moment-là. Les morceaux du tout frais et très bon Academic Sausage s'enfilent comme des perles (notamment le fantastique Surrogate, leur "tube", sur lequel je finis fatalement en sueur).



Ma baffe #3 : petite pause avant de voir débarquer l'équivalent d'un car de touristes, précédant l'arrivée du monstre du soir, la créature écorchée Herder qui enflamme instantanément le parterre de corps transis à ses pieds. La profondeur organique du dernier album est idéalement retranscrite, poussée par une sono décidément irréprochable. Les néerlandais ont pété la gueule à environ tout le monde, démontrant une classe et une prestance scénique hors-normes.



On passera vite sur Sardonis, duo doom guitare-batterie très intriguant sur le papier, décevant en direct. Les compositions semblent néanmoins particulièrement travaillées. A réécouter sur disque.



J'observe alors la chose de loin en attendant la prestation des clermontois de Sofy Major, eux aussi connaisseurs des lieux, eux aussi très à l'aise pour délivrer un noise-hardcore attaqué au stoner, toujours foudroyant. Les titres de leurs deux albums, Permission To Engage et surtout l'excellent Idolize, sont exécutés sereinement et mettent tout le monde d'accord, encore une fois. Avec Revok juste derrière, on a ici deux valeurs sûres de nos sous-sols, profitons-en !



S'ensuit finalement l'installation des parisiens de Revok en interne. Leur post-hardcore noisy savoureux explose toujours des nuques avec délice en concert, ça se percute vaillamment devant la scène, les gens affichent un sourire totalement satisfait. Mission accomplie.



Voilà, c'est le moment de se remettre à picoler normalement, de bafouiller des conneries avec les copains, de discuter avec plus ou moins d'intensité à propos de la notion de rythme dans la noise, de se terminer au camping dans un cadre idyllique, et même de dormir à la belle étoile, puisque c'est un cadre idyllique.



Samedi 6 juin : Après une première soirée fort réjouissante, baignée dans la joie, le bruit et la chaleur, on s'attend naturellement - à l'image de la première édition - à un samedi orienté stoner-rock-psychédélisme et trucs chelous, tout aussi lumineux, augmenté d'un nombre de groupes plus conséquent, exposant donc des velléités plus planantes, moins plombantes, et potentiellement envoûtantes. Ce sera le cas, malgré l'absence d'une apothéose ultime, d'un exutoire final similaire à celui de The K. l'an dernier. On a tout de même pu largement apprécier le bon goût général de la programmation, malgré quelques bémols en ce qui me concerne, mais aussi de belles découvertes, telles que Rik Von Looy.

Rik Von Looy (du nom d'un coureur cycliste belge décédé), formation locale de noise-rock expérimental à deux batteurs, incandescent, subtil, casse-gueule juste comme il faut. Une entrée en matière idéale, posés en décalé dans les fourrées à coté de la scène extérieure. Belle gifle inattendue.

On enchaîne avec les italiens de King Howl Quartet, évoluant sur des contrées blues-stoner-garage, pas dégueulasse mais pas non plus tellement de quoi sauter au plafond bas de la salle du Zinor. Du coup j'ai bu une Musse, attendant Dirty Deep dont on me vantait les mérites pas plus tard que ce matin au camping. Dans un délire blues cradingue slidé, les strasbourgeois ont effectivement fait le job, amenant un grain de folie à un blues classique mais puissant et forcément rock n' roll.



Lady Jane sera clairement moins convaincant à l'extérieur, ajoutant de la pop et du folk dans son blues aux accents psychédéliques. Chant insupportable, c'est trop, je me reprends une Musse tiens pour la peine (et bois de l'eau, parce qu'il fait toujours chaud).

S'ensuit Greenleaf en externe, surfant sur les plaines labourées du stoner classique, très classique, trop classique. Je m'emmerde un peu sur le moment malgré quelques passages moins convenus que les autres.




Ma baffe #2 : la prestation magistrale des allemands de My Sleeping Karma en guise de (ce qui aurait du être le) bouquet final de la journée, sur la scène du dehors, définitivement le meilleur spot pour les concerts, notamment au coucher de soleil, le pied. Ça suinte la classe à tous les niveaux. A commencer par ce batteur, moteur indéniable de la montagne stoner psyché administrée à nos nuques fragilisées. Il n'en fallait pas plus pour hypnotiser un public qui n'attendait que ça pour exulter, et la rareté des allemands sur scène n'a fait qu'accentuer l'effet escompté. Magistral on vous dit.




Ma baffe #1 : Je trépigne alors d'impatience pour We Insist!, trio parisien de rock polymorphe expérimenté (20 ans d'âge), calés finalement après les allemands cité plus haut. Et j'ai été servi, depuis le temps que je souhaitais ardemment me les farcir en direct, ils ne m'ont pas déçu ces grands malades. Meilleure sono intérieure sur les deux jours, prestation ultra-classe et furieuse, batteur funambule qui chante comme un possédé, tout y était. Les titres du dernier album éponyme (le 1er en formule trio) sont sublimés. A tel point que je ne m'occupe plus de mon environnement et me contente de remuer frénétiquement jusqu'à la jouissance auditive suprême. J'exagère un peu mais la sensation était proche, j'ai vécu le set de We Insist! comme une sorte de transe. Avec le recul je soupçonne l'introduction préalable de quelque chose dans ma Musse. Quoiqu'il en soit, j'ai trouvé ma baffe aller-retour du festival. A revoir un peu plus sobre quand même. (malheureusement pas de photos ici)

Les angevins d'Eagles Gift viennent alors réanimer les esprits vagabonds restant sur la scène du dedans. Du rock psyché enjoué, peinard, c'était le bon moment.

Et puis c'est le drame, l'un des groupes que je voulais voir à l’œuvre dans ses nouvelles dispositions s'est permis de me décevoir le salaud, Mort Mort Mort (ex-Aussitôt Mort), expulsant un post-screamo normalement majestueux, intense... Mais non, rien, la platitude. Je me suis demandé si c'était dû aux conditions qui n'étaient pas au top, eux qui n'étaient pas au top, ou moi qui avait bu trop de Musse... Sans doute un peu des trois.

Conclusion médiocre subjectivement et musicalement parlant (comparé à l'an dernier) pour un festival qui demeure toutefois superbe, pour une organisation qui ne l'est pas moins. Bravo Crumble Fight, bravo Le Zinor, le Collectif Icroacoa et toutes ces associations qui s'échinent à faire du lieu quelque chose de vivant, multiple, un lieu de belles rencontres et de bienveillance culturelle. Merci, on soutient à mort évidemment, et on reviendra (pour le Aïnu Fest en ce qui me concerne) !


Crédits Photos : Jode - Photo (merci à lui et son œil !)

Tang (Juin 2015)

Big up également aux (street) artistes d'Onirisme Public, qui ont assuré la déco de l'endroit et le mini-atelier participatif en DIY total. Merci tout pareil au superbe stand de guitares rétro-futuristes OldWolf Custom / DasViken Guitars, et à tous les bénévoles bien sûr !

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