White Fence, Baston La Maroquinerie, Paris, le 25/01/15

Du 22 au 27 janvier avait lieu la toute première édition du LIMBO FEST, organisé par Kongfuzi et My Favorite. Sur cinq jours, le fest a rassemblé dans différentes salles des univers aussi divers que l'electro d'Arandel et Rival Consoles, le punk cold wave Pop 12.80, le rock expérimental de Earth, la légende proto punk industriel Père Ubu et ... le garage de White Fence. Retour sur ce troisième soir sous le signe du fuzz californien.


Baston, qui n'a de violent que le nom, ouvre la soirée. J'avais raté leurs concerts précédents, notamment celui avec Mary Bell quelques jours plus tôt, et je ne savais pas trop à quoi m'attendre en somme. Je m'étais dit "ah du garage punk français en première partie de White Fence, cool comme choix". Quand j'ai vu ces garçons sages monter sur scène, l'un d'eux arborant un t-shirt hawaiianisant je me suis dit que j'avais dû me planter quelque part. En effet, Baston c'est du surf garage, un peu psyché, très coloré, ... avec un nom pareil je m'attendais a quelque chose d'un peu plus violent, acéré, voire amer, plus punk, plus .... ben plus français quoi. Entendre du surf quand on va voir Baston c'est un peu comme commander un steak saignant et se retrouver avec une galette de tofu tout droit importée de la Californie vegan. Malgré tout, c'est plutôt cool, on se laisser bercer, ils sonnent à mi-chemin entre les rêveurs new-yorkais de DIIV et les surfeurs SoCal de WAVVES. Leurs points forts : leurs breaks et longues parties instrumentales entraînantes.

Baston, La Maroquinerie 2015 © Clémence Bigel

White Fence se pointe ensuite pour installer son matos (ce qui est dans le top 5 des trucs que j'adore absolument à propos du mouvement garage psyché). Le batteur a un bobo au bout du doigt et fais la moue. Cate Le Bon, Maman du groupe des Enfants Perdus, accorde les guitares. Le bassiste fait son truc avec l'air mécanique et coincé qui lui est propre, et enfin Tim Presley s'ammène, sous des vivats modérés, lui qui avait pourtant été présenté par Baston comme "le petit génie". Génie de quoi ? Tout simplement du psyché de la côte Ouest, premier Dauphin derrière le Roi Ty Segall. Un mec crie "U.S.A.!", point levé. Tim le regarde, souriant, et lui répond "Shut the fuck up". Doux et acide, comme sa musique.
Les premiers riffs sonnent, et la comparaison avec Segall s'arrête là : quand ce dernier retourne la salle dès le premier accord, White Fence captive son public qui se met à doucement onduler. 


Le set démarre sur "Chairs in the Dark", nous plongeant directement dans l'ambiance fuzzy de la soirée. Après "Fragility", tirée de Pink Gorilla, single sorti en 2013, le groupe enchaîne avec des titres de son nouvel album, For the Recently Found Innocent, sorti en juillet dernier, qu'ils sont venus présenter. "Like That", premier single très pop, ouvre, suivie de "Arrow Man", titre plus rock.

White Fence, La Maroquinerie 2015 © Clémence Bigel
Des titres de Family PerfumeWhite FenceCyclops Reap et Is Growing Faith se succèdent ensuite, tour à tour doux et planants, entraînants, noise, intenses, parfois énervés, entrecoupés de solos géniaux.
Sur "Baxter Corner", Tim se rapproche de l'ampli ; tenant sa guitare comme une machine de guerre, ses doigts se déplaçant frénétiquement sur les cordes, il flirte avec saturation et disto, répétant pendant presque 10 minutes des mantras psychédéliques qui plongent le public dans une transe fascinée. Tim et sa bande nous emportent pour un voyage dans des contrées mystiques, quelque part entre Katmandou et Joshua Tree. Un univers sous doux mais puissants psychotropes. Malheureusement, le public, bien que captivé, reste plutôt mou, se contentant de remuer la tête. C'est seulement vers la fin du concert, quand résonne "The Light", titre plus fougueux, que la fosse s'agite. Bizarrement, personne ne se jette depuis la scène, pourtant tellement tentante. 

Quand les lumières se rallument, après deux titres de rappel et de grands applaudissements, le public ne nage peut-être pas dans la sueur mais baigne néanmoins tout à fait dans le bonheur.


White Fence, La Maroquinerie 2015 © Clémence Bigel








Clem (Février 2015)

Merci à Ophélie (Modulor) et Jiess (Limbo Fest & My Favorite).

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