La Route du Rock 2014 - Jour 1 - 14/08/2014
par Chorizo (02/09/2014)
Jour 2 - Jour 3
Après une année 2013 qui a permis au festival de se refaire une santé, au moins financière, La Route du Rock fête cette année sa 24e édition et apporte dans ses bagages de jolies surprises. A commencer par les deux gros cadeaux de la cuvée : Slowdive et Portishead, le vendredi - qui constitue le jour phare de l'évènement.
Le reste de la programmation, s'il n'est certainement pas dénué de qualités, traduit habilement la volonté d'attirer un nouveau public, plus jeune, et de faire entrer La Route du Rock sur un nouveau marché. Le line up constitué alternera ainsi entre jeune garde (rock ou electro, faites entrer Ought, Cheatahs ou Metz, Caribou, Jamie XX ou Todd Terje) et vieux loups (Thee Oh Sees, Liars, Moderat...). De quoi satisfaire tout le monde.
Cette année, La Route du Rock a presque égalé son record de 2005 lorsque The Cure portaient l'affiche à bout de bras. 26 500 spectateurs (dont 13 000 rien que le vendredi !), soit le triple de l'édition 2012. Chapeau. Et c'est globalement un succès mérité au vu de la qualité globale des shows auxquels on a assisté. Ce qui ne nous empêche pas d'émettre réserves et inquiétudes sur le futur du festival quant aux questions d'organisation.
Car en Bretagne, il pleut. Au mois d'août, pas forcément moins qu'un autre mois. La Route du Rock se déroule traditionnellement le weekend du 15 août pour des questions stratégiques de routing et de planning d'artistes. Bien. C'est un fait également qu'en moyenne, à ce festival, il pleut un jour sur trois. Manque de pot, serait-on tenté de dire, cette année le déluge s'est abattu le premier jour. Sans discontinuer, les pluies diluviennes ont inauguré de belle manière l'ouverture des portes jusqu'à se prolonger tard dans la nuit, contribuant ainsi à rendre toutes les zones et tous les accès du festival presque impraticables. On a une pensée émue pour ces campeurs qui durent planter leurs tentes dans la gadoue. Jane Birkin likes this, peut-être, eux sans doute moins.
On prépare casquette, capuche, k-way et bottes en caoutchouc. Ils ne nous quitteront pas du festival.
C'est la jolie, mais humide, Angel Olsen qui jettera les premières notes devant un public clairsemé et grelottant, sur la Scène des Remparts - la deuxième scène présente sur le site depuis l'an dernier. Ses balades d'ange et ses mélodies folk cristallines, apprises à l'ombre de Bonnie 'Prince' Billy, s'occuperont de réchauffer nos oreilles malgré les derniers calages techniques en retard. De quoi commencer gentillement ce festival. De timides rayons de soleil chercheront même à percer. Magique, cette Angel Olsen.
The War on Drugs prendront la suite, dans un timing serré, sur la Scène du Fort. Leur pop à la Bruce Springsteen s'avèrera un poil plus dynamique que sur album, grâce notamment aux textures de cuivre en fond de scène, qui permettront subtilement de hausser le ton. C'est enlevé et papa devrait apprécier les rejetons de son Rock. On ne peut néanmoins s'empêcher de décrocher au bout d'une demi-heure, le groupe ayant enclenché le mode automatique jusqu'au bout de son set, pour terminer en roue libre. Une fin de set qui aura eu raison de notre bonne volonté initiale.
On aura au moins eu le temps de prendre une bière avant de retourner voir Kurt Vile et ses Violators. Lui qui était membre des War on Drugs précédemment fait aujourd'hui une apparition avec eux, le temps d'un morceau, un peu avant avant d'investir la scène avec son propre groupe cette fois. On l'accueille de la même manière enthousiaste avec laquelle on avait célébré son passage à La Gaîté Lyrique en décembre dernier. Wakin on A Pretty Daze fonctionne très bien en live, surtout lorsque les guitares sont électrisées de façon à garder une tension permanente, entre deux jolies mélodies. Sa folk lancinante aux relents pop, et qui aboutira à long solo électrique, carbure et offre un spectacle enthousiasmant.
A force de débriefer sur tout cela, on loupe les jeunots de Real Estate qui jouent devant une petite scène archi-remplie (3 000 personnes). Sans chercher à jouer des coudes pour se faufiler (Atlas est sympathique en bande son un peu feignante de votre été, mais le rendu live paraît un peu mou), on prend position pour les notables Thee Oh Sees. Oui, les mêmes qui avaient annoncé leur hiatus en fin d'année dernière. Farceur, ce John Dwyer. Son combo se présentera sous la forme inédite d'un trio guitare/basse/batterie au lieu du cinq pièces qui parcouraient les routes auparavant. Malgré quelques problèmes techniques, le show est assuré. Sans surprise c'est Floating Coffin qui se taille la part belle de la setlist. Le son crache, le riffing est là, sans surprise Thee Oh Sees, en short, livre une prestation qui fleure bon le garage et le surf. On commençait à douter mais le public semble bouger un peu. Voilà qui apportera suffisamment d'énergie pour basculer dans la deuxième partie de la soirée, 100% electro.
On loupera The Fat White Family, qui semble avoir convaincu tout le monde a posteriori, pour se mettre devant Caribou. Swim nous avait enthousiasmés et les concerts qui avaient suivi confirmaient le potentiel live du groupe. Deux batteurs et une basse ronde comme une queue de pelle. Plus vivant, plus dancy, imparable. Et Dan Snaith et sa bande ont bien de mettre au placard - au moins temporairement - Our Love, à sortir le 6 octobre mais qui ne nous laisse déjà pas des impressions impérissables. En résulte un set axé sur Swim et ses porte-étendards : "Jamelia", "Bowls", "Odessa" et "Sun", parfait contrepied à ce temps de merde. C'eût été sans ce public pré-pubère de merde aux premiers rangs, la fête aurait été encore plus folle. Là, on avait simplement envie de faire couler le champomy à flots. C'est ça de faire venir des jeunes.
Changement de ton avec l'entrée de Darkside, un des derniers concerts du duo avant sa séparation il y a quelques jours. On se consolera donc en se disant qu'on les a vus et, qu'à défaut de la grosse installation promise, les deux compères ont assuré l'efficacité, parvenant à hérisser les mêmes poils qu'à l'écoute de leur album. On aurait quand même bien voulu finir sur un coup d'éclat, le set perdant progressivement en intensité ce qu'il gagnera en profondeur.
Et sur ces échos, direction la maison. Faut pas déconner, on allait quand même pas faire camping.
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