Celeste, Comity, Revok
par Chorizo (05/05/2014)

Cela devait faire une éternité que je n'étais pas venu à La Boule Noire. Le dernier souvenir qu'il me reste de cette salle, c'est le concert de Pelican + Cave in en 2006 (que je vois rapporté dans nos pages), et la défection boudeuse du public parisien une fois le set de Pelican terminé, et avant que la bande de Brodsky ne prenne le relais. Cave in restant d'ailleurs à ce jour mon groupe maudit de la scène, mais c'est une autre histoire.
Rien de tel ne se sera produit aujourd'hui. Le plateau est suffisamment solide et possède déjà son public d'habitués, une famille déjà bien élargie. Débutant une tournée commune qui les fera voyager sur les routes de France, Revok, Comity et Celeste joueront ici comme à la maison, même si ces derniers préfèrent la rosette.
Alors donc que la salle se remplit progressivement, Revok prend l'entame à 19h45. Près de trois ans déjà se sont écoulés depuis Grief Is My New Moniker, percutant pavé dans la mare Post-whatever à la française. Malsain, acéré et réglé comme du papier à musique tranchant, le disque s'est taillé une part de choix dans les tops 2011. N'ayant pu voir Revok à l'occasion de leur tournée de promotion, je me réservais ce soir une séance de rattrapage. J'en attendais peut-être un peu trop. Il manque sur scène une hargne et une touche de folie libératrice qui auraient définitivement haussé l'expérience d'un cran. Les morceaux sont pourtant solides et bien exécutés (mention spéciale à "Tunnel", peut-être ma préférée) mais, loin de prendre à la gorge comme souhaité, le sentiment de puissance n'y est pas. Peut-être espérais-je me faire davantage racler les pores au papier de verre. Trop sage malgré un savoir-faire évident.L'autre problème est que les Parisiens vont souffrir de la puissance comparée de leurs collègues par la suite. En attendant la carte jusqu'au-boutiste qu'on connait à Celeste, Comity prend les devants en s'efforçant d'effacer consciencieusement tous nos repères. Impossible à suivre, le Hardcore chaotique de Comity pilonne et retourne le crâne. Breaks incessants, riffs détournés et dégringolade perpétuelle, le quatuor n'offre pas de repos durant ses 40 minutes de guerre intensive. Si l'attaque désarçonne dans les premières minutes, on se laisse lentement prendre au jeu et on abandonne toute tentative pour se raccrocher. 4 morceaux seulement mais c'est le tarif habituel. On a pourtant l'impression d'être là depuis des plombes tant les titres sont denses et cortiqués. Malgré les quelques problèmes techniques qui parsèment le set, l'énergie du groupe n'est pas mise à mal. Comity déroule une belle combinaison de technique et de puissance pour un résultat convaincant. Ce n'est pas le K.O mais ça y ressemble drôlement.
Vous lirez sur le site par ailleurs d'autres reports de concerts de Celeste. Ceux qui ont déjà vécu l'expérience savent. Voir les Lyonnais sur scène, c'est accepter de se faire brutaliser, épurer, vider. Il n'y a rien de commun avec la figure que prend la scène à chacun de leurs shows. Enfumée à outrance, alternativement plongée dans un noir complet d'où ne jaillissent furtivement que les lumières rouges des lampes frontales, ou découpée par un stroboscope hypnotisant, elle devient un théâtre du déluge. Piégé, sans porte de sortie, on assiste cloué et ébahi à la déferlante. Celeste fait partie de ces groupes que l'on va voir pour ressentir plus que pour autre chose. Une onde sismique nous parcourt. Le bruit et la fureur de chaque instant. Y avait-il des titres d'Animale(s)? De Morte(s) née(s)? De Misanthrope(s)? Tout s'est confondu pour être recraché avec haine et dédain. Il y a quelque chose de totalitaire à les voir jouer. Celeste n'accorde aucun répit à son public, auto-centrés, occupés à construire et déconstruire leur univers.
A la réflexion, il y a aussi des valeurs communes avec Swans dans leur manière supérieure de ne pas autoriser de concessions en live. C'est fascinant, frustrant, éprouvant et galvanisant. Et tant pis pour les haters.
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