Black Pus, Arnaud Rivière
par Chorizo (22/10/2013)

Déluge de bruits ce mercredi soir à l'Espace B. Des bricoleurs, des bidouilleurs, des self made men du dimanche (chez Bricorama). Plus Do It Yourself tu meurs. Alors que son All My Relations est sa première sortie sur un vrai label (Thrill Jockey), Brian Chippendale, l'homme derrière Black Pus, jamais sage, plus sauvage que jamais, même, rend visite à la Capitale dans une forme olympique.
Mais, d'abord, on se chauffe les oreilles. Arnaud Rivière s'installe à sa table, constituée d'un bric-à-brac de broc. J'avoue, je ne sais à quoi m'attendre. J'ai pris cher. L'homme triture son électrophone, ses câbles et ses micros, manipulant sa ferraille, cherchant le bon moment. D'une installation bricolée, Rivière en tire une improvisation bruitiste, accompagnée ce soir de Mat Pogo, aux borborygmes hallucinés et incessants. Monologue fièvreux, comme un film en accéléré, sur fond d'expérimentations primitives. On en ressort ébranlé, même si le plaisir n'a pas toujours été là. Et comme des images valent mieux que des mots empilés, voilà à quoi cela ressemble.
Quelques vingt minutes plus tard, et une installation à l'arrache qui lui vaudra plusieurs fois de revenir sur ses potards en cours de set, Brian Chippendale fout sa cagoule, mégaphone intégré. Il n'aura pas froid, il n'aura pas les glandes, ni les boules. Démarrage pied au plancher et c'est parti pour 45 minutes d'un set tentaculaire. Le batteur aux six bras et quatre pieds mouille le maillot, étalant sa puissance et sa technique pour un résultat en forme de déluge sonore.
Enquillant les morceaux comme on baffe un Romain, le bonhomme de Black Pus se fait un plaisir de nous adresser la Douloureuse, sans sommation. Et puisque sans maîtrise, la puissance n'est rien®, Chippendale fascine par sa minutie. Chaque geste d'apparence foutraque est réglé au millimètre, la précision dont il fait preuve avec son oscillateur (qui lui permet de recréer cette basse distordue) est impressionnante. Visualiser ainsi aux premières loges le dispositif qu'un show comme celui-ci a dû demander en amont fait exploser plus encore le talent du batteur. Piochant dans une discographie en partie méconnue, sa performance vaut bien les concerts de Lightning Bolt. C'est à voir, sans réserve. Il y a de la ressource en ce mec-là, une inventivité débridée propice aux expérimentations les plus insensées. Une pile électrique montée sur ressort et doublée d'un réacteur à manivelle.
Déjà jouissif sur CD, Black Pus enfonce le clou en live. On savait à quoi s'attendre, on n'est pas ressorti déçu. On voulait en prendre plein la gueule, c'est fait. Oui, trois fois oui, on vous dit. Et, croyez-nous, à la fin, c'était plutôt vraiment ça.
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