June Paik, Econo, Deuil
par Chorizo (29/03/2013)
42 entrées. 42 misérables entrées. Alors, certes, les concerts dans des caves n'ont jamais attiré les foules (et vu l'attitude des proprios ce soir, on explique pas mal de choses) et l'hiver semble être revenu plus indestructible que jamais (un punk peut avoir froid), mais cela ne nous empêchera pas de pester devant la faible audience de ce type de show. Tant pis, cela nous fera plus de gâteau, tant qu'il en reste.
(Platane) étant excusé avec un mot de sa maman, c'est Deuil qui d'emblée prend le rôle de gentil animateur. Auteur d'un guilleret premier EP, Acceptance/Rebuild (chroniqué dans nos pages), les ex-Isaïah vont mettre toute leur énergie à saper l'ambiance. 30 minutes doomy de larsens glauques et de notes étouffantes, la soirée démarre sur les chapeaux de roues de tractopelle.
Mais si l'atmosphère des Belges est convaincante au casque, boulifié dans un coin, la scène peine à lui rendre justice. Peut-être est-ce la fatigue ou simplement le running order; l'accueil est assez froid, le public n'ayant pas le temps de rentrer entièrement dans l'univers du groupe. Que cela n'empêche pas les dubitatifs de jeter une oreille moins sourde sur Bancamp.
A entendre les premières notes d'Econo, on se dit qu'une inversion avec Deuil aurait fait l'affaire. Les Londoniens, aux affaires depuis 2005 mais relativement discrets, n'ont pas oublier d’enclencher leur levier de vitesse. Le mélange Hardcore/Noise fait mouche et réveille une salle tristoune. La basse est crade, le chant dégueulasse, la batterie bourrine. Au point que le proprio du Rigoletto, pas forcément de bonne humeur, vient interrompre le show en son milieu pour demander de baisser le son. Cela n'empêchera pas les Anglais de terminer en déboulé, comme ils ont commencé. Une bonne surprise qu'on file confirmer sur Bandcamp avec "Musta Lammas".
Mais l'attraction du soir, c'est quand même June Paik, absent depuis 2008 alors que sort un nouvel album éponyme en mars. Ce disque, on l'attendait, il marque une évolution logique dans le son du groupe. Le Screamo se teinte de Black Metal, les riffs se frayent un chemin dans la tourmente. June Paik confirme son credo : après moi, le déluge.
Ce soir, les Allemands joueront 25 minutes au bord du gouffre, là où l'abîme leur sied le mieux. En alternant le clair obscur le temps de quelques mélodies perdues et le noir puissant de des orages sonores, aux relents Black Metal incontestables, le groupe conjugue la mélancolie et le désespoir. "Elmsfeuer", "Grenzwert"; au bout, il ne reste plus rien qu'une sourde résonance dans le silence d'après-guerre. Malgré la limitation des enceintes, le set est intense et prend à la gorge. Épuisé, l'audience en redemande. Éreinté, le groupe s'évanouit, le sourire aux lèvres malgré tout. Ce soir, ils ont contemplé leur reflet dans les abysses.
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