Earth / Mount Eerie / O Paon
par Chorizo (22/03/2012)
O Paon, Mount Eerie, Earth. 3 formes d'errances, de rêveries.
O Paon, alias Geneviève Castrée la Québecquoise, fait fondre sur ses boucles de guitare des mots durs qui résonnent suavement à l'oreille. Elle rappelle une Scout Niblett qui aurait passé son temps à déambuler parmi les hautes herbes fustigeant, en évitant le cliché, les maux de ce monde. Une Evangelista qui aurait renié son penchant dramatique pour se placer au stade de la contemplation d'un environnement aux couleurs passés. Comme tout canadien qui se respecte, soit dit en passant, O Paon a enregistré avec les musiciens d'Hotel2Tango, ceux là-même qui sont accueillis par le label Constellation. Ses complaintes évitent la grandiloquence grâce à une économie de moyens bienvenue. Juste une artiste et sa guitare. Et un public qui apprécie et tombe peu à peu sous le charme.
Geneviève déclarera ce soir-là, que les mecs de Earth sont très gentils. Et Mount Eerie aussi, car c'est lui qui conduit.
Mount Eerie/Phil Elvrum. Son dernier passage à Paris, l'an dernier, dont nous avions rendu compte dans nos pages, nous avait laissé un très bon souvenir. L'obligation de vérité veut qu'on avoue qu'on était venu un peu (en grande partie) pour voir cet homme. Surtout en ayant appris que ce n'était pas moins de deux albums qui doivent sortir cette année, Clear Moon et Ocean Roar. Elvrum ne jouera d'ailleurs que des nouveaux morceaux. L'aperçu est néanmoins trop court pour se faire un avis tranché. Ses balades folk parcourent les montagnes, longent les rivièrent, sentent la solitude. Ses mélodies restent intrinsèquement liées à la nature qui l'entoure. La direction semble claire : c'est du côté de Dawn : A Winter's Journal, écrit lors d'une retraite éloignée de la civilisation et paru en 2008, qu'il faudra chercher la comparaison. L'ensemble respire la simplicité ; on excusera le côté bancal et non terminé de certains morceaux en se convaincant que le bonhomme a plus d'un tour dans son sac à dos.
Après les montagnes et les vertes vallées, c'est le désert qu'il faudra affronter. Dès les premières notes, le son si caractéristique de Earth happe son audience, les yeux mi-clos, la tête dodelinante. 1h20 durant, et passant en revue une discographie complète (le diptyque Angels of Darkness, Demons of Light, The Bees Made Honey in The Lion's Skull, Pentastar : In The Style of Demons), la bande de Dylan Carlson (ce dernier arborant de fantastiques rouflaquettes) donnera un coup de chaud à La Maroquinerie.
Plus encore que sur disque, l'expérience live de Earth est une invitation à la divagation. L'esprit peut se perdre, porté par la rythmique lancinante mais précise d'Adrienne Davis, il peut laisser la part belle aux élucubrations les plus extravagantes, il retombera toujours à son point de départ à la dernière note. Le son est éclatant, limpide. L'ajout du violoncelle, déjà remarqué sur les dernières sorties, est remarquable sur scène. Alors que les nouveaux morceaux ("Father Midnight", "The Rakehell") ont été écrits en prenant en compte l'instrument, Lori Goldstone a parfaitement saisi les subtilités des titres les plus anciens ("Tallahassee", "Harvey") pour y intégrer sa touche particulière, sans n'être qu'un simple écho aux mélodies de Carlson.
Le groupe nous quittera finalement sur un nouveau titre, présenté comme "Badger", dans la droite continuité de ses évolutions récentes. De quoi prolonger le voyage sans trop forcer.
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