Groezrock 2011 - jour 2

par Undone (21/06/2011)

Comme la veille, c'est une par une arrivée tardive qu'on sera privé de Rufio, Streetlight Manifesto et des groupes à découvrir en ces heures précoces. On se rend donc sur les lieux du festival directement pour le premier groupe qui attire notre attention : Piebald.

A vrai dire, à l'image de Dashboard ou Saves The Day, Piebald fait plus qu'attirer notre attention, c'est clairement une des formations qui nous a fait revenir au Groezrock. Et même si l'on appréhende forcement ces concerts tant attendus de groupes jamais rendus dans nos contrées, qui ont évolué comme leurs setlists, et qui nous ont surtout fait vibrer par leurs premières productions, on reste particulièrement excité à l'entame de ces concerts.
Autant le dire d'emblée: comme le commencement de la veille, l'essai sera transformé. Le groupe d'Andover officie exactement dans le registre qu'on attendait de lui. Si l'on est un peu perdu lorsque vient le temps des titres ne figurant pas sur le grandiose We Are The Only Friends That we Have, de part le nombre de titres joués de ce dernier, et le punch de la mise à l'ouvrage, les moments passés sont juste excellentissimes; de plus l'envie de découvrir de nouveaux titres et albums prédomine. Il faut dire qu'on aura été plus que comblé ; un début tonitruant sur "The Monkey Versus the Robot" immédiatement enchaîné avec "American Hearts" et ses ponts énormes, fera passer comme une lettre à la poste le petit nouveau à suivre dont le nom nous aura échappé. Les rythmes catchy se calment alors pour déverser un "Fear&Laughing on Cape Cod" clair et limpide, où les cuivres sont transformés en chœurs, et où l'outro est bien ralentie; on en viendrait d'ailleurs à préférer cette version à celle du CD.  On remet alors la seconde pour nous embarquer vers un voyage inconnu vers L.A., et c'est "The Stalker" qui nous fait revenir sur les clous. Tout le monde se lâche sur scène, ce qui a pour résultante des foirages rigolos et cascades dénoncées par Andrew qui verront Aaron glisser entre les jambes de son compère. C'est déjà l'heure de se quitter, et c'est "Long Nights" qui fait office de clôture. "Long Nights" et ses « Long nights, hard times, everything that makes you feel tired. I think I got to get away from you» repris par la très grande majorité d'un nombre de présents plus qu'honorable. Et oui nous ne sommes pas les seuls que Piebald a fait bouger.

Grosse claque. Le break qui vient déjà est plus que bienvenu, mais le retour les bras chargés de merch, vers un parking si lointain semble interminable. Juste le temps de revenir que c'est un véritable marathon de shows qui débute. Street Dogs ouvre nos débats, et son chanteur Mike Mc Colgan (1er chateur de DKM de son état, ce qui nous présage une bonne surprise pour le soir) est tout simplement inarrêtable et effectue lui aussi son propre marathon. "Tommy's Got a Drinkin' Problem" charme la foule nombreuse, mais on fait alors l'erreur à ne pas faire, en les abandonnant au bout de 25 minutes pour se tourner vers Goldfinger. La migration ne se fait d'ailleurs pas seul puisqu'ils sont nombreux à suivre le mouvement pour s'en venir former une foule compacte aux pieds du quatuor de Los Angeles. Le public semble aussi jeune que le groupe musicalement facile d'accès, à l'image de ce «Sam Simeon». L'idée qu'on avait depuis le passage parisien, d'un groupe un peu trop racoleur se confirme ; la fausse sobriété affichée d'emblée cède donc rapidement sa place à des mimiques conditionnées et sans surprise... quel dommage (bêtise?) de passer près de 5 minutes à faire des échanges « Oh Oh Oh » sur un set de 45 minutes! Du coup on maudit vraiment le manque de titres extraits d'Hangs Up. Malgré les  "Superman" et même "Miles Away" ou "Open Your Eyes", on ne regrette pas de se tourner vers Comeback Kid.

Encore une fois, la foule est dense, et honnêtement, Comeback Kid signera certainement la meilleure entame de show de ces 2 jours. Même si cette puissance inouïe sera perturbée par de longs soucis techniques, aucun groupe présent vu ne pourra se targuer d'une telle débauche de décibels derrière un son pourtant si propre. Malheureusement, on ne pourra pas savoir si l'essai est transformé et si les meilleures 20 premières minutes se muent en meilleur show, car Thursday se prépare, et Thursday n'attend pas. Un véritable marathon on vous dit.

C'est cette fois-ci un peuple éparse et plutôt clairsemé qui regarde aujourd'hui sur la Main Stage Thursday, dans son éternel souci du détail sonore, peaufiner ses balances jusqu'à trente seconde avant d'investir la scène. La veille était dédiée à la version old school du groupe et son emocore ravageur, aujourd'hui ce sont les planantes évasions Post-Hardcore de A City By The Light Divided, Common Existence et du dernier No Devolucion qui sont au programme. Comme souvent avec Thursday, à l'exact opposé d'un Goldfinger, ça joue dans la tempérance et même si leur communication posée est mise sur le compte de la fatigue et de l'alcool, on sent la formation emprunte d'une modestie quasiment maladive. Sans chantage affectif, leur musique de la trempe des dernières productions est déversée avec puissance et maîtrise. Certes on reste encore sous le coup du vendredi et l'impact n'est pas aussi fort, mais après une dédicace à BoySetsFire le retour de flamme se fera sur " Division Street " et " Marches and Maneuvers" qui nous renverra aux bons souvenirs d'un War All The Time qu'on avait presque oublié. Il reste alors deux titres à jouer, un nouveau et un ancien, on sait qu'on en loupera un des deux pour accrocher 15 minutes de Snapcase, et on décroche le jackpot avec un "Jet Black New Year" furieux qui nous ravira au plus haut point, même si l'on reste persuadé que le show des deux à voir était la veille. Question de goût.

Snapcase est donc le premier groupe victime du volcan l'année dernière à être de nouveau à l'affiche cette année, au même titre que Saves The Day. L'ambiance y est sombre, le son lourd, mais le peu d'entrain sur scène se propage dans un public attentif mais mesuré. Qu'importe, Dashboard approche.

Après la question de qui allait officier au micro pour FSF, la seconde était de savoir si Dashboard Confessional allait se présenter en solo ou en groupe comme la tendance actuelle. La réponse ne se fait pas attendre puisque c'est un CC en solitaire qui se présente sur la Main Stage, pour un show à l'ancienne comme nombre de celles et ceux qui ne l'avait jamais vu en rêvaient. Le début tonitruant sur trois classiques confirmera que le show sera tout autant à l'ancienne en ce qui concerne la setlist. Les sing-alongs s'installent d'eux-mêmes, tout comme le sourire sur le visage du 'sieur. Un sourire en complément idéal d'un charisme dingue, et d'un jeu de scène qui pourrait paraître limité mais qui repose sur une attitude de partage et d'échange rarement vue si ce n'est chez Jonah Matranga. Le Chris ferait frissonner le plus hétérosexuel des mâles lorsqu'il vous regarde droit dans les yeux, sourires aux lèvres et qu'il chante avec vous, pour vous, un "Swiss Army Romance", "The Places You Have Come to Fear the Most" ou un "The Good Fight"  (les trois premiers titres en question).
Certes, quand les chants partent vers des albums plus récents on se sent un peu perdu, presque coupable, mais on se dit pour se rassurer que notre Dashboard n'avait qu'à venir présenter dans nos contrées ces fameux disques. De toute manière, ces errances restent sporadiques puisqu'on revient rapidement sur nos rails au son de "Screaming Infidelities", "Again I Go Unnoticed" ou encore "Saint and Sailors". « Where is the fuckin' drummer? » entend-on alors, le batteur est relayé par les mains du public et malgré quelques ponts foirés (oui oui, celui là, super rapide qu'on arrive jamais à rentrer) franchement... quel pied!!! On pensait être au septième ciel, c'était sans compter le huitième incarné par un titre qu'on croit connaître... en fait une reprise de Cory Branan , "Tall Green Grass", une merveille. La jouissance ne redescendra plus, puisque suivront, "Remember to Breathe" et ses notes vocales tenues sur des longueurs étourdissantes, "Vindicated" pour terminer sur le « Best day I remember » avec "Hands Down" évidemment.

Pour se remettre de ces émotions qui nous ont mis sans dessus-dessous, c'est un repos glacé (comprendre une dégustation de glace en compagnie de jolie flamandes) qui sera privilégié au show de Madball. Il faut reprendre des forces pour ce dernier sprint, dont le coup de starter est assuré par BoySetsFire.

Attention, au programme de la pose en veux-tu en voilà, du chant au sol, de la basse qui vole et une bonne dose de refrains ravageurs. Mais malgré un démarrage des plus burnés sur "After the Eulogy" et "Release the Dogs", il sera difficile de tenir la longueur des 50 minutes. La faute à ces inévitables morceaux un peu mous des derniers opus, à la fatigue, mais surtout à la grandeur du show juste avant. Malgré un set de plutôt bonne facture, qui sera rehaussé par "Handful of Redemption", notre tête sera ailleurs... sur ce que l'on vient de voir, et sur ce qui pourrait éventuellement surpasser ce grand moment.

Ca ne sera pas les Descendents, on en attendait beaucoup, et ils sont là les papys Punk du fest. Même gueule, même dégaine, mêmes mimiques, voix intacte et prestation carrée. Comme si les quinze ans qui nous séparent d'un show à l'Arapaho ne représentaient que quinze jours. L'entame est bien speed avec en point d'orgue un "I Am the One" génial, puis les titres défilent comme autant de perles perdues, retrouvées au fond d'un grenier. Comment autant de tubes, même s'ils ont pris un petit coup de vieux,  ont pu être laissés à l'abandon autant de temps? Les titres défilent: "Everything Sucks" ; "I Wanna Be a Bear"; "Nothing With You" ; "Clean Sheets". Milo se fend alors d'un « I feel like I'm twenty years old », et ça se voit, d'ailleurs le coté mollasson est là où on ne l'attend pas, puisque c'est surtout la fosse qui aura du mal à se lâcher. Dommage. Qu'importe, on apprécie comme il se doit les "Get the Time" ;  "When I Get Old", le bête et méchant "Coffee Mug", et toujours sur Everything Sucks, un "Thank You" faisant presque office de remerciements. Il reste quelques titres, mais on préfère se détourner de l'imagerie Descendents adaptée au fest (le petit bonhomme est ici affublé sur les T-shirts d'une coiffure de frites) vers Saves The Day, non sans avoir passé un bon moment.

On nous à rabâché que Saves The Day était un mauvais groupe live. On aurait voulu le vérifier l'année dernière, mais un volcan islandais au nom imprononçable en a décidé autrement. C'est donc ce soir qu'on se forgera notre propre opinion. Et force est de constater que l'entame sur "Firefly" et "Anywhere With You" fera réfléchir d'emblée les plus sceptiques. C'est propre, carré, et un petit sourire malicieux est vissé sur le visage du chanteur ; le plaisir d'être là ne semble par feint pour lui et sa nouvelle bande (rappelons que les musiciens de Saves The Day ont tendance à changer régulièrement autour de notre ami Chris Conley) Malgré des retours capricieux qui feront rager notre frontman obnubilé, en soulageant ses zygomatiques, les 20 premières minutes sont excellentes.
Même les morceaux inconnus sonnent étonnement bien, et sont à mille lieues de l'univers mou qu'on nous avait promis. Quand aux classiques, ils en jettent, et lorsque l'ennui pointe le bout de son nez, il y a toujours un de ces incontournables qui arrive au galop. Ainsi par exemple un "Cars&Calories" donne un relief au dernier né de Daybreak "Let It All Go". On reste un poil mitigé à l'amorce de la moitié de set, (toujours) trop peu de Stay What You Are à notre goût, et ce sourire indéboulonnable ne serait-il pas une façade? Ce court temps de doute est de suite balayé, comme par magie par un "Freakish" et ses allégories de majestueux voyage «I'll make my way across the frozen sea, behind the blank horizon », suivi d'un discours émouvant: tous ces sourires chauffent tant le petit cœur de notre ami, qu'il voudrait descendre pour un « group hug ». So Emo!!!!!
Et ça n'est pas fini car pour conclure en beauté on aura ces refrains de "Nightingale "à hurler « And I hope, your majesty that you like your position / I'll do everything I can to keep you by my side / and I'll stare off through the darkness to find us a kingdom / Just kiss me before I go». C'est alors que vient le dilemme, sacrifier ou non le début de set de Dropkick Murphys  pour les « Two last songs, old shit and new stuff ». Le new stuff retenti presque dans l'indifférence, il manque toujours CE titre... alors on résiste aux charmes de Boston en se disant que c'est peut-être notre seul chance de le voir. Puis retentit LA note, ce Ré parfaitement identifiable, pour le déclenchement DU moment du festival, une illumination musicale et visuelle, lorsque les lumières éclaireront une foule en délire complet hurlant à la mort « This song will become / the anthem of / Your underground » Ces trois minutes d' "At Your Funeral" ne se racontent pas... elles se vivent... et de quelle manière. On se tournera donc en retard vers Dropkick, en retard mais comblé.

D'autant plus que disons le franchement, le show de nos bostoniens favoris n'aura pas été à la hauteur, pour ne pas dire clairement décevant. Il y avait certes un nouvel opus à présenter (Going Out In Style), mais les relents promotionnels pour ce dernier n'ont que trop occupé le terrain aux détriments de titres qu'on qualifierait de classiques, mais aussi aux dépens de l'âme du groupe. En effet, il reste invraisemblable que l'invasion de scène finale sur "Skinhead on the M.B.T.A." ait été zappée.  Restera comme maigre consolation en début de set, un des featurings – celui qu'on attendait forcément avec McColgan – sur " Barroom Heroe "  qui semblera vraiment sincère et sauvera nos compères du naufrage...

Pour les restes d'H2O on sera forcé de les observer bien au loin, tant l'Etnies Stage débordera de monde bien au-delà des limites du chapiteau; quant à NOFX on se consolera avec "Stickin' in My Eye" entendu au loin sur le parking. Mais peu importe, l'essentiel était ailleurs car en l'espace de deux jours on aura vu Thursday jouer "Cross Out the Eyes"; Further Seems Forever "The Sound";  Piebald "American Heart";  Dashboard Confessional "Screaming Infidelities "et Saves The Day "At Your Funeral". Après avoir vu ça, on peut mourir tranquille! Enfin, le plus tard possible comme dirait l'autre.

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