Conger! Conger!, Pord, Nitwits (Strie Dent Fest')
par Senti (15/06/2010)
Strie Dent. Le contact du fer glacé sur l'émail tiède. Un truc qui ne t'arrive pas tous les jours et que tu n'oublies pas. C'est un peu ce que j'attends de cette soirée à Enthröpy.
Je vais le dire, le redire et le re-redire mais Conger! Conger! c'est la chose la plus instable, magnifique, bancale, superbe, originale et inspirée que j'ai pu entendre/voir en matière d'indie rock au sens large depuis un bon bout de temps. C'est d'ailleurs au power trio marseillais qu'incombe la tâche de balancer les premières salves. Soulignant d’emblée leur(s) différence(s) de part la présence d'un batteur/chanteur en première ligne, Conger! Conger! entame sa cavalcade aliénante et aliénée. Il est totalement vain de chercher dans quels registres les gaziers mettent les doigts. Ils s'en branlent, et nous aussi. Conger! Conger! ne doit rien à personne et la teneur des compositions est là pour en témoigner. Ce soir, on aura droit aux morceaux les plus nerveux (tant pis pour "Haunted", que j'adore), ceux qui savent faire le pas entre le suave et une énergie quasi hardcore, entre les notes discrètes d'un xylophone et un chant arraché des trippes, entre un riffing évident et une rythmique tribale à la violence exacerbée. Tout surprend, tout te saute à la gorge. Conger! Conger! prend à contre-pied avec une aisance et un tact rares. Le public ne s'y trompe pas, clairsemé au début, ce dernier ne cessera de croitre jusqu'au fracas final, qui laisse le trio lessivé par la performance et la chaleur étouffante. J'aurais tellement aimé qu'ils déroulent leur rock versatile et poignant pour conclure la soirée. Quoi qu'il en soit, Conger! Conger! est un groupe passionnant, qui littéralement offre et s’offre sur scène. On espère seulement que leur excellent mini-CD sorti sur XCROCS Records est l’étincelle qui fera naitre un brasier.
En Lozère, quoi de mieux à faire que de monter un groupe de noise virulent et cramé pour occuper les longues nuits d'hiver et les longues journées d'été ? Pord a déjà sous le bras une demo renversante. Quelque part entre Unsane, Dazzling Killmen et Tantrum ? Enfin, noise hardcore 90's way. Le truc complètement tendu et crispé, balafré par une rythmique en béton-armé. Il faut d'ailleurs voir comment le batteur de Pord tient la baraque sur scène. Le genre de bastonnade qui donne le sourire jusqu'aux oreilles pendant tout le set. Pord ne baisse jamais d'un ton, tout s'enchaine très vite, tout converge vers le point G de l'intensité, et ce même si la guitare s'autorise des passes hyper-tordues. Quelque chose dans le chant, comme jeté en pâture, et dans le son à proprement parlé m'évoque les italiens de Dead Elephant sous speed. Tu vois le tableau ? Le set est court, dans les 30 minutes. Un temps très largement suffisant à Pord pour te plaquer la tête sur le bitume.
"Nitwits !". Essaye de le répéter très très vite. Pas évident hein ? Un peu comme les enchainements un peu laborieux du quatuor punk rock'n roll marseillais. Il faut dire qu'un batteur qui met 10 minutes à se foutre à poil entre 2 morceaux ça n’aide pas des masses. Nitwits, c'est pas forcement ma came, mais force est de constater qu'ils en ont sous les pédales. Dans le style, on a vite fait de tomber dans le banal ou le racoleur. Là, c'est la sueur qui parle, et du coup ça passe à l'aise. Sans compter que Nitwits se fend de compositions foutrement bien branlées, entre énergie primaire et mélodies sinueuses. Ca chante en français, en anglais, en singe (sans rire), avec des effets ou sans. Tu veux du solo à la Thugs, t'en as. Tu veux des attaques punk punk punk, t'en as aussi. En filigrane il y a toujours ce calque grunge cadro en provenance directe de Seattle qui fait toute leur personnalité marécageuse et taciturne. Good job !
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