Onze ans du Jardin Moderne
par Pentacle (20/12/2009)
Le Jardin Moderne ouvre ses portes en ce weekend du 26 Octobre annonçant la nouvelle saison de concert à venir sur Rennes pour les salles l’Ubu et l’Antipode. Une programmation éclectique est au menu avec cependant plusieurs concerts passant aux mêmes horaires, disposés sur une scène extérieure et une intérieure plus restreinte, pour lesquels il va donc falloir faire des choix.
Le début de la soirée commencera pour ma part avec les gars du coin répondant au simple nom de My Name Is Nobody And The Desert Fox. Vu l’heure (21h15, mais la soirée se prolonge jusqu'au bout de la nuit) peu de gens sont encore présents sur le site, ce qui ne va nullement empêcher les rennais de mettre le feu aux poudres. My Name Is Nobody pratique en effet un Rock’n’roll super énergique, catchy et fort bien ciselé qui rappelle un peu The Strokes ou The Hives pour cette envie de faire des titres directs et efficaces, qui foutent la patate sur scène, ou plus proche de chez nous, The Craftmen Club pour ses relents Rock’n’roll et ses plans bluesy. Malgré un parterre largement clairsemé, les gars jouent comme s’ils étaient devant 200 personnes, avec un chanteur remonté comme il faut et ça fait plaisir ! Dommage qu’ils ne soient pas passés en milieu de soirée devant un plus large public, ils le méritaient.
Pour la seconde représentation, se présente le premier dilemme de la soirée puisqu’il me faut choisir entre The Elektrocution que je ne connais pas que de nom et qui parait intéressant et Magic Barbecue projet solo de JB frappeur chez Pneu. Ces derniers m’ayant soufflé pour les 10 ans du Jardin Moderne l’année dernière c’est donc vers Magic Barbecue que mon cœur balance. Plantons le décors, le batteur jouant à l’intérieur n’en a cure de la scène et comme pour Pneu, installe sa batterie au beau milieu du public, branche ses synthés et pédales d’effets de part et d’autre de la session rythmique et se cale un tuyau dans la bouche pour sortir différents sons pour le moins étonnants. C'est parti pour une demi heure de folie, entre Noise-Rock, Punk, Electro je ne sais quoi. En tout cas la sauce prend, le public emmené par les rythmes déjantés du batteur martyrisant ses fûts est sous le charme, le sourire au lèvre. Des soucis techniques raccourciront le set, mais on s'en est déjà tous pris plein les oreilles avec une bonne demi-heure de bon son. Le genre de concert qui fait carrément plaisir, assurément.
Bikini Machine prend place à l'extérieur et c'est plus par curiosité que par véritable intérêt pour le groupe que je me risque à aller les écouter. Je ne m'attarderai pas sur leur set, vu que je n'ai tenu que deux chansons de leur Pop-Rock plus commun que la moyenne. Autant j'aurai tendance à défendre les groupes rennais, autant là c'est au dessus de mes capacités, Bikini Machine n'accroche pas, livre des mélodies banales au synthé et guitares soulignés de rythmes classiques. Dommage.
Prenant le temps de me restaurer en bière, j'assiste à la fin du concert de Belini, des italiens qui jouent un Noise-Rock plutôt cool, amené par un chant féminin assez intéressant. Les deux trois titres que j'entends sont bons, mais il manque peut-être un peu de folie pour me faire succomber. Une bonne découverte quoi qu'il en soit. Bilge Pump enchaine justement avec un Math-Rock / Noise-Rock de qualité où je retrouve le grain et l'énergie qu'il manquait à Belini. Les titres sont efficaces, envoient comme il faut avec un son un poil dégueulasse un peu vintage (il n'y a qu'a voir leur matos pour comprendre d'où ça vient). Concert persuasif, qui fait hocher la tête qui donne clairement envie de réécouter leur musique sur platine. Seul défaut les titres se ressemblent un peu sur la longueur et après 45min de concert les morceaux perdent un peu de leur intensité et d'intérêt. Encore une fois, Bilge Pump est une bonne découverte!
Après une heure d'attente et la fatigue commençant à se faire sentir, les montpellerains de Marvin pointent leur nez. J'en avais entendu du bien sur eux et j'étais plutôt curieux de voir ce qu'ils allaient donner sur scène. Leur recette est plutôt étonnante puisqu'elle consiste à amener un Noise-Rock carrément énergique superposé à des sonorités Electro bizarroïdes au synthé. Leur résultat est d'une part une musique originale, mais surtout prenante et dansante. Marvin ne se pose jamais, sait atteindre les pics ou tout explose, déploie ses riffs et rythmiques galopantes qui font bouger le public et slammer les quelques bourrés de la salle. L'apport des mélodies au claviers est de plus une vraie bonne idée et permet d'affirmer la personnalité au groupe. Le synthé n'est absolument pas là pour décorer puisque chaque note permet de rehausser l'énergie et le groove qui se dégage des compos. Avec une heure de concert qui passe à toute vitesse, les montpellerains demeurent toujours au top ne lassant jamais l'auditoire de leurs rythmes endiablés. C'est ce qu'il me fallait à cette heure avancée de la nuit pour me redonner du boost.
Il se fait tard, Year Of No Light met une plombe à monter son énorme matos, à se demander si tout va réussir à rentrer dans la petite salle du Jardin Moderne. Et pourtant oui, le groupe occupe le moindre centimètre carré de la scène : deux batteries, trois guitares et une basse et quoi faire trembler les curieux qui seraient toujours debout. Debout on ne va pas longtemps le rester, à croire que depuis le départ du chanteur, les français ont décider d'augmenter le volume et la présence rythmique pour encore mieux fracasser des tympans et nous rouer de coups. Mur de son épais, cataclysmique, livré par les guitares, double batterie assommante, basses tumultueuses qui occupent tout l'espace sonore, tout est véritablement plombé, alourdis, pour mettre K.O en un seul round. Quasiment rien à voir avec Nord finalement puisque infiniment plus sombre et plus noir que sur disque, Year Of No Light semble prendre un malin plaisir à repousser les limites du chaos sonore. Petits défauts quand même, les mélodies semblent noyées dans la tempête, ne se distingue pas aisément, et puis les batteurs même si calés tout les deux, jouent souvent la même chose, ce qui décuple certes la puissance de la rythmique, mais il aurait été intéressant que le batteurs se répondent et se complètent dans leur jeu. Ca n'entâche évidemment en rien la déferlante tapageuse du groupe qui réussira à faire fuir les ¾ de la salle venus voir « un concert de Metal ».
3h30, avec l'impression qu'un rouleau compresseur m'est passé dessus, je rentre sans regrets chez moi, laissant les DJ set à l'extérieur faire leur office pour ceux qui sont encore capable de tenir debout (ou pas d'ailleurs). En tout cas cette soirée aura été riche en découverte Noise-Rock avec Magic Barbecue et Marvin énormes, les très cool My Name Is Nobody And The Desert Fox et Bilge Pump puis l'apocalypse finale sur Year Of No Light.
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