Isis + Keelhaul + Circle
par Chorizo (12/12/2009)

Pour son énième passage à Paris (le groupe a dû passer une fois par an depuis 5/6 ans - de mémoire), Isis ramène du beau monde dans ses valises. Keelhaul (et Circle) sur le même plateau que le combo d'Aaron Turner, voilà qui motive les troupes. L'occasion de saluer, encore une fois, l'ouverture d'esprit des Américains (et de l'orga) en proposant des premières parties rares etaudacieuses. Si, au hasard et par exemple, Dälek, Oddatee et Jesu avaient eu l'honneur de fouler les planches parisiennes, gagnant au passage l'adhésion et la reconnaissance du public, c'est au tour de laissés injustement pour compte de se mettre en valeur.
Keelhaul aurait sans doute gagner à avoir plus de temps de jeu; certes. Car le set, court (une demi-heure environ) mais carré, fait mal aux cervicales. Sur la dynamique de leur dernier album, Triumphant Return to Obscurity à peine sorti, le groupe propose un best of rapide de son mathcore fou, batteur toutes baguettes dehors et riffs en cascades. Les morceaux sont exécutés avec précision, les vocaux pas forcément une plus-value, mais who cares? L'album prend vie, la salle chauffe et le groupe, quoiqu'un peu timoré, est visiblement content d'être là. La belle occasion pour eux de se mettre en valeur pour espérer revenir prochainement. C'est tout le mal qu'on leur souhaite; mais, cette fois-là, resserrez la salle, transformez-là en aquarium et faites jouer le groupe durant deux heures afin de profiter pleinement du voyage.
Chauffé à blanc, donc, le public attend visiblement avec curiosité les Finlandais de Circle. A vrai dire, nous aussi. L'album Hollywood (2008) vaguement dans les oreilles, on ne sait pas trop à quoi s'attendre d'un groupe qui, sur le papier, flirterait avec le krautrock, le hardcore, le rock expérimental et j'en passe. Avec plus de 20 albums à leurs actifs, on peut se douter que les expérimentations en tout genre y vont bon train. Expérimentations qui vont prendre l'allure de farce sur scène, devant un public médusé. Il fallait oser, ce soir, faire un pied de nez à tout le monde et proposer un jam expérimental et maladroit, à la batterie vaguement jazz durant plus de 20 minutes. Mascarade religieuse, éructations de prophète, portés de danse classique (!), les Finlandais font leur spectacle humoristique et on a de la peine à voir où ça nous mène, même lorsque des morceaux de morceaux font surface. Un calmant et rideau, vite.
Quelques minutes et un bon débarras de la scène plus tard, Isis entre sur scène pour mettre à l'honneur sont dernier album (plus de la moitié du set - voir setlist plus bas), Wavering Radiant, dont on ne sait toujours que penser, plus de six mois après sa sortie. Dans les abîmes ou les abysses musicales? On se contentera ici de juger la performance live, un contenant qui se met facilement en valeur. Comme d'habitude, le groupe est carré, précis dans son exécution: les guitares vrombissent, la basse ondule. La résonnance aidant, les morceaux prennent une ampleur sonore intéressante (Hall of The Dead, Threshold of Transformation) et imposent leur évidente efficacité. Si la voix de Aaron Turner est à la peine sur les passages les plus clairs, elle met tout le monde d'accord sous ses cris (Carry, Celestial).
Deux autres choses, également: l'évolution du jeu de batterie de Aaron Harris est saisissante, son jeu devenant beaucoup plus fluide, plus fin au fur et à mesure des albums; cela se ressent énormément en live - et ça doit aussi, peut-être, être un des facteurs de l'évolution moins massive d'Isis; voilà un truc qu'on n'enlèvera pas au groupe finalement. Aussi, il n'est pas difficile d'entendre comme les Américains sont finalement restés bloqués sur les mêmes riffs, les mêmes rythmiques depuis Celestial (morceau-étalon du groupe pour ma part). C'est particulièrement frappant quand on compare les derniers morceaux au rappel, composé d'anciens titres, ce qui donne parfois l'impression que la nouvelle recette du groupe n'a été que de rajouter des passages clairs plus ou moins mielleux. Sentiment mitigé par le fait que les titres sonnent plus travaillés dans leurs ambiances, plus tortueux dans leur déroulement, moins évidents à première écoute. Au final, un bon reflet de l'album, de ce qu'est Isis désormais.
Finalement, c'est que tu attendais, non si t'y étais? T'en as eu pour ton argent; j'espère juste qu'à la fin du rappel, tu as quand même esquissé un petit "quand même... quelle puissance sur les vieux titres...".
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