Pneu et Oxbow
par Phil! (12/11/2009)
Après Múm, Efterklang, ou Antipop Consortium, pour ne citer que les plus récents, La Maroquinerie continue d’avoir d’excellentes affiches. La salle parisienne ne déroge pas à la règle ce soir avec Oxbow, escorté de Pneu pour leur tournée française.
Sur la route depuis la sortie de Pince Monseigneur les deux gars de Tours ont posé leurs amplis et leurs fûts comme ils l’affectionnent, au milieu du public. Et sans perdre de temps ils envoient la sauce, tant pis pour les retardataires. Leur déluge de punk noise échevelé aux entournures math-rock éraillées s’abat sur le public. On a beau connaître leur album ou les avoir déjà voir vu en live, il faut s’accrocher pour suivre ce dialogue -ou duel, c’est au choix- entre les instruments. On a à peine le temps de reprendre son souffle quand le guitariste s’accorde, que le morceau suivant arrive, toujours aussi physique. Peu à peu la fureur sonore de Pneu prend contrôle du public massé autour d’eux. Les têtes, puis les corps remuent malgré eux, captivés par cette batterie toute en syncopées, qui place mille breaks à la minute et les accords virevoltants d’une guitare survoltée.
Entre deux hurlements, pour quelques mesures, le tempo s’assagit, des plans s’installent, et on devinerait presque une mélodie derrière ce vacarme savamment organisé. On croit au bouquet final quand le duo ralentit sérieusement la cadence, quand les aspirations entre deux notes se font plus longues, quand le son devient plus lourd. Fausse alerte, ils repartent de plus belle pour quelques dernières chansons nerveuses. Face aux applaudissements et aux sollicitations d’une audience plus fournie, Pneu consent à faire un rappel. Retour aux affaires donc, et sans baisse de régime. En plein morceau et sans marquer de pause, ils délèguent leurs instruments au public pour mieux reprendre les choses en main ensuite. Et sans prévenir ils s’arrêtent.
Copieusement applaudi, Pneu peut ranger son matériel avec la conscience tranquille. Ils nous auraient presque fait oublier que Oxbow va suivre.
Après l’habituelle, et toujours trop longue, attente vient enfin le moment où les lumières s’éteignent. Les discussions cessent et les regards se tournent vers la scène plongée dans l’obscurité... mais rien ne se passe. Pourtant une batterie se fait entendre. On la découvre installée tout au fond de la salle, au milieu du public, avec le bassiste et le guitariste. Le chanteur se frayera un chemin parmi la foule pour les rejoindre.
Oxbow va offrir un début de concert totalement acoustique. Dommage pour les personnes plus éloignées qui ne pourront pas les voir et devront tendre l’oreille pour apprécier 3 O’clock et les autres morceaux. Même sans électricité les compositions des Américains ne perdent pas de leur intensité, et l’interprétation sans micro d’Eugene Robinson rehausse leur aspect blues. Le public de la fosse est rassuré quand ce prologue prend fin, le groupe se dirige vers la scène et l’intro de The Narcotic Story rend l’atmosphère encore plus sombre.
On retrouve dès leurs premières notes l’Oxbow que l’on connaît. Comme à son habitude Eugene ne tarde pas à enlever son costume, et à révéler son imposante carrure de lutteur. Il émane de son chant félin, de sa manière de bouger et de son corps presque nu une sensualité malsaine, et fascinante. Habité par son interprétation, il ne donnera pas d’importance aux provocations d’un mec ou deux dans l’assistance qui cherchent à attirer son attention. Derrière lui, la guitare est précise et tendue. Le reste du groupe est en place et assure ses parties magistralement. On se surprend à penser aux Jesus Lizard : un chanteur qui capte toute l’attention du public par son jeu de scène et des musiciens qui passeraient au second plan s’ils n’étaient pas aussi bons, mais inutile de se hasarder à pousser plus loin le rapprochement. La musique de Oxbow et la présence magnétique d’Eugene va plonger la salle dans une ambiance enfiévrée et infernale au cours d’un set qui parcourra leur discographie.
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