Morne, Aguirre, Insalus

Un postcore raide, un son assommant, le passage d’Aguirre laissera des traces malgré une obscurité à peine trouée de deux spots verdâtres au pied des amplis. Glauque. En prenant le relais d’Insalus, sorte de crust punk assez rustique dans la veine de Nausea, les bordelais infligent à l’audience leurs sèches litanies par leur souffle de plomb, donnant presque au parvis l’allure d’un sanctuaire. Un show court mais furieux pour célébrer l’arrivée de deux nouveaux membres qui semblent avoir rapidement pris leurs marques.

Changement d’ambiance pour l’arrivée des bostoniens. Je souris un peu lorsque je vois Kevin s’activer autour de la batterie, en short, les chaussettes remontées à peine au-dessous des genoux. J’ai moins envie de rire dix minutes plus tard tant le bûcheron débitera ses fûts en rondelle. Même si Morne n’est pas spécialement servi par le son, la prestation s’avère plus qu’honorable. Une grosse intro avec les titres "Eyes" et "Force", époustouflants de justesse et de puissance, donne le ton d’un set loin d’être aussi monolithique que prévu, le groupe alternant paisibles - mais solides - séances de broûtage éléphantesques et charges de buffles ("Ignorance Is Bliss"). Milosz peinera pour trouver un son convenable mais fera son possible pour pallier l’absence de synthé sur les parties plus ambient ("Machine"). Effort suffisant en tout cas pour ne pas ôter Morne de toute sa substance mélancolique qui s’échappe de son crust des bois, particulièrement sur le superbe "Sorrow" et ce, même si l’ambiance côté public ne sera pas toujours conforme à l’esprit souhaité par les ricains.