Comeback Kid, Defeater

par Falbala (28/07/2009)

Oui, je le reconnais, on pourra effectivement me reprocher mon manque de "professionalisme" pour ce concert! Mais à ma décharge je suis en vacances et Nantes a de quoi retenir l'attention par d'innombrables attractions culturelles. M'étant rendue à pied du centre-ville jusqu'au quai des Antilles, je me suis laissée happer par les oiseaux musiciens de la volière du Bouffay, installation de Céleste Boursier-Mougnot, où des pinsons d'Australie joue à leur insu de guitares électriques qui leur servent de perchoirs, provoquant des sonorités expérimentales dont les mauvaises langues feront le rapprochement avec Sunn O))) ou Skullflower. Puis un arrêt s'est imposé devant les hangars des Machines de l'Ile où reposait le Grand Eléphant et se dressait une immense branche prototype du futur Arbre aux Hérons ; enfin une petite halte devant les anneaux de Buren, longeant la Loire, dans d'admirables perspectives. Ajoutez à cela la proverbiale ponctualité toulousaine et ma forte propension à la rêverie et vous comprendrez aisément mon arrivée tardive au Ferrailleur. Alors évidemment, j'ai raté Cityscover et Lasting Values.

Révélation hardcore 2008 avec son album Travels, Defeater a déjà ses fans et sa prestation soulève une certaine curiosité au vu du remarquable travail effectué sur disque. Alors que le groupe finit de s'installer sur scène, et contre toute attente, Derek Archambault descend dans le public avec une guitare accoustique et seul, a capella, tel un Jonah Matranga ou un Frank Turner, entonne la partie folk de "Prophet In Plain Clothes". La surprise est totale, les regards s'allument, Defeater ne nous décevra pas. Puis tout le groupe s'ébranle, contant la terrible descente aux enfers de cet homme déraciné, doucement d'abord, puis au fil des minutes la tension monte, palpable, la pression se fait plus écrasante ; les sonorités tordues, écorchées, s'agrippent à nos tympans. Tous les musiciens sont concernés, investis, pris dans le cours inéluctable et violent de cette dérive. Gus, pieds nus, les yeux fermés, fait cracher des notes tourmentées à sa guitare ; sensation de souffrance! Jay Maas, éléctrique, vient soutenir Derek au chant, avec force. Et ce dernier, en conteur hors pair, chante en serrant les poings, le naufrage d'une vie. Defeater est impliqué, habité, et cette sincérité rejaillit sur le public qui se laisse immerger dans l'histoire. La nervosité gagne, le dénouement est proche, la tension est à son comble. "Cowardice" restera un moment magnifique, d'une intensité extrême. Derek, hanté, possédé, est devenu le héro désespéré de cette fable, le public reprend les dramatiques "There's no place for me, what's left for me?" Et le concert s'achève dans un frisson général où l'émotion se lit sur chaque visage. Et la satisfaction s'insinue ensuite car Defeater est loin des gimmicks du hardcore, Defeater prend des risques et semble vouloir sortir des sentiers battus, Defeater a du talent et ce soir a conquis le public nantais.

Il fallait bien évidemment un Comeback Kid au meilleur de lui-même pour poursuivre la soirée sur un ton égal. Personnellement, et contrairement à certains avis, j'avais trouvé les derniers concerts des canadiens un peu galvaudés, manquant de spontanéité : une grosse machine sans âme. Je demandais donc à voir.
Le groupe se fait attendre : voilà qu'il se la joue star maintenant?!
Puis le set commence, pleine lumière.
"Partners In Crime", "Talk Is Cheap"; ça bouge en tout sens sur scène, Neufeld gueule, ça envoie terrible. "Hailing On Me", "Broadcasting" s'enchaînent. Ca dive, les circles pits se forment, l'ambiance est à la fête. Tout est dynamique, énergique et c'est avec un plaisir non feint que l'on ressent la proximité du groupe, son enthousiasme, son envie de jouer. Et dans cette très belle salle qu'est le Ferrailleur, Comeback Kid abolit les distances et draîne avec lui toute la chaleur du hardcore. Le public chante, se défoule ; le groupe, heureux d'être là, détendu, à l'écoute, se donne entièrement. La set list est remarquablement équilibrée entre Wake The Dead et Broadcasting, entrecoupée de quelques titres extraits de Turn It Around, ce qui contente tous les fans. La prestation, furieuse, rageuse, durera une heure sans baisse de régime. Une machine bien huilée, d'une efficacité totale mais retrouvant enfin fraîcheur et authenticité. Le final, sur l'incontournable "Wake The Dead", est démentiel, une ovation s'élève en fin de morceau, le public rappelle le groupe avec ferveur. Les musiciens reviennent serrer des mains et remercier ; je ne peux que penser à Sick Of It All à ce moment, le sourire aux lèvres comme toute la salle.

Une soirée en tout point réussie avec deux groupes ramarquables en des registres différents. Une confirmation somptueuse pour Defeater et une réconciliation avec Comeback Kid. Au sortir du Ferrailleur, la nuit est tombée ; le long des quais, les dix-huit anneaux de Buren sont maintenant illuminés de couleurs vives comme un écho à la fête, et je dérive à nouveau en des pensées qui n'appartiennent qu'à moi.

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