Pneu, PayDay, Cave Canem
par Senti (25/02/2009)

Pneu ! C'est l'histoire de 2 mecs devenus binôme presque par hasard. Réunis pour remplir une première partie, les voici derrière une des meilleures galettes noisy-math-rock de 2008. La gomme encore dure, les gaziers écument désormais les autoroutes et les chemins de traverse. C'est à L'Embobineuse, joliment décorée de projections 3D à base de tentacules et de seins, que P(e)neu ravitaille dans le grand sud.
Hiver longuet ? Rencontre footbalistique européenne ? Jour de semaine ? Quoi qu'il en soit, c'est devant un public plus que clairsemé que Cave Canem ouvre les hostilités. Ce duo guitare & saxophone, incluant Fred de Kill The Thrill, m'avait pris à contre pied l'an passé à La Machine à Coudre avec un set furieux et à l'originalité remarquable. Malgré un son nettement moins incisif, notamment au niveau de la guitare, leurs compositions nourries de beats électroniques et entrecoupées d'extraits vocaux entre jappement de clébard et tirades de films, apparaissent plus abouties et plus surprenantes encore.
L'esprit punk est là, alimenté par le rythme effréné et le chant râpeux comme du papier émeri, mais leur musique va au delà, en grande partie grâce au saxophone qui va piocher ses gammes dans les broussailles, hors des sentiers battus, entre minimalisme et densité extrême. Un rappel d'un morceau déjà joué et puis s'en va. Un seul souhait, les revoir dans de meilleures conditions. En attendant, leur premier disque est sur les starting-blocks !
PayDay viennent de Montpellier, et comme il s'agit de ma ville natale, je reconnais sans forcer quelques visages déjà aperçus lors des concerts des excellents Marvin, Illegal Process et peut-être bien Superbeatnik. Installé à même le sol, avec 2 guitares mais sans basse, le quatuor attend le signal de la sirène enclenchée et portée au plafond par le chanteur, pour éructer son motherfucker-core.
C'est un constat sans appel, PayDay n'a que faire des détails et autres arrangements, PayDay mise sur l'énergie et non sur la finesse du trait de guitare ou l'originalité du propos. Catapultés en avant par un batteur survolté, les morceaux filent droit et vite. Straight to the motherfuckin' point, que ce soit lors des incartades rock'n roll ou metal façon Converge ou Botch.
Seul ralentisseur à cette avancée guerrière, le frontman dont le "ramonage de larynx" manque (cruellement) de volume pour extérioriser toute la hargne du combo montpelliérain. Pas d'impression mitigée à avoir pour PayDay, on adhère ou on fait l'autruche.
Garni de quelques nouvelles têtes (arrivées un peu par hasard), le public se masse timidement autour de Pneu. Le duo guitare & batterie joue alors la carte de la proximité et de l'alchimie : "Rapprochez vous ! Il y a plein de place !". Les corps enfin collés aux instruments et aux amplis, Pneu explose : BOOM !
Les gaziers libèrent de la vapeur et des nuages d'étincelles. Furieux, furieux, furieux. Le son griffe et gifle avec une virulence toute autre que sur disque. Pneu est une expérience qui s'ingurgite live. La rythmique ultra-véloce est un modèle d'efficacité, et ce malgré des parties alambiquées nourries de double pédale. Quant à la guitare, son aura devient littéralement vampirisante. La faute à de judicieux bouclages et des effets qui confèrent une véritable couleur au son de Pneu, sensiblement à l'écart de leurs homologues basse-batterie américains de Lightning Bolt, à qui ils sont souvent comparés.
Les titres de Pince Monseigneur prennent une autre dimension. Plus de puissance, plus de frénésie, plus de densité. Plus de tout en somme. Pendant plus d'une heure, Pneu se livre jusqu'à épuisement des muscles, ce qui ne les empêchera de finir sur un long morceau nettement plus gras et rampant puis sur un rappel dont je me souviendrai particulièrement. Tranquille dans mon coin, c'est par surprise que le guitariste m'enfile sa guitare pour faire un peu (trop) de bruit. Aie mes doigts !
On les a toutes faites sur Pneu (les blagues), mais ce soir, si le sol avait été fait de bitume, on aurait retrouvé un cratère à L'Embobineuse.
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