Young Widows, Breathe Your Dirt, From Heaven We Fall
par Senti (18/02/2009)
Ca y est. Les Young Widows c’est ce soir. L’occasion de s’enquiller en pleine poire un des (le ?) meilleurs disques noise (au sens large du terme) de l’année 2008. Et quand on sait que Old Wounds est partiellement enregistré sur des prises LIVE, il y a de quoi s’attendre à un découpage en règle, un truc au moins aussi sec et vif que le putain de mistral glacial qui souffle depuis une semaine.
Le Baloard, c’est d’abord un petit restaurant bon chic-bon genre et ce soir, c’est le dîner de la St Valentin, avec un type au micro sur une estrade, qui a l’air très sérieux, et qui pose plein de questions aux couples venus claquer leurs tickets resto. Quant aux vraies hostilités, elles se déroulent au sous-sol. Enfin, pas de suite. Il faut d’abord se taper le set de From Heaven We Fall.
Ce jeune quintet - qui a ramené les cop-copines de Perpignan City – balance un emo-fashion-core 12ème vague typiquement ricain dans la veine de Alexisonfire, Underoath et de tous les groupes dont le nom comporte au moins une fois le mot "day" ou "fall". Deux guitares qui ont trouvé une mélodie rabâchée pendant tout le set (la mèche ou le riff, il faut choisir) et un chanteur qui ne sait définitivement pas quoi faire de ses bras, ni de ses jambes. Quant à la voix, je ne suis pas encore sûr. A partir de là, je crois qu’on a tout dit. Si ça te branche (tu devrais le savoir), il te reste le MySpace où tu peux même te procurer leur EP.
Breathe Your Dirt, où comment te récurer la boite crânienne en 20 minutes. Ce trio Basse + Batterie + Cris de Montpellier est un lion affamé en overdose de stéroïdes coincé dans une cage, étroite et dégueulasse. Ca va très (très) vite et ça fait beaucoup (beaucoup) de bruit. Old School. Perché sur une caisse, le bassiste ponctue chaque attaque par deux gros coups de poing sur son instrument. Top départ. Son énorme, magma façon Lightning Bolt version grindcore, la faute à ce batteur ultra-véloce qui se casse littéralement les bras sur chaque morceau. Les murs tremblent, le gros pilier encastré sur le devant de la scène s’en prend aussi plein la gueule même si pour le coup il la ferme (sa gueule). Chaque titre est une pelletée de bitume fumant balancée au visage. Véritable condensé de nervosité, le chanteur traduit l’humeur du combo en regards, gestes et mots régurgités à s’en péter la jugulaire. La haine du meilleur de Today Is The Day. Ca fait un bien fou !
A Louisville (Kentucky), on s’emmerde. Rien à faire mis à part : glander sur des rockin’chairs, s’acheter une énième chemise à carreaux, rentrer du foin ou faire de la musique. Les gaziers de Young Widows ont opté pour la musique. Et comme chez eux, ce n’est pas le temps qui manque, ils ont peaufiné chaque détail : du rack de pédales de 12m² qui sert aussi à allumer des lights, au tapis de batterie verdoyant, en passant par le scotch alu pour les micros. C’est avec une tension proche du ZERO absolu (on suppose qu’il garde tout le concert…), que le combo installe son live-studio. (En)fin prêt, le POWER trio demande de "cut off the lights". Ce qu’il obtiendra après un bon moment de latence qui poussera le batteur à aller lui-même dévisser les ampoules derrière lui. C’est dans le noir quasi-total que la basse s’engouffre dans "Took A Turn", terrible ouverture de Old Wounds, qui explose en même temps que les projos DIY fixés sur les têtes d’amplis et dirigés droit sur les nôtres. BOOM ! Et là, il n’y a plus de doutes. On comprend immédiatement que Young Widows est une machine de précision bien huilée dont le propos n’a aucunement besoin de retouches ou de quelconques effets. Le son du disque est pile poil celui sur scène, avec son écho particuliers, bluesy, noise et rampant à la fois. Sans esquisser le moindre sourire ou juste de timides "thanks", Young Widows déroule les titres de Old Wounds, pas tout à fait dans l’ordre, mais presque, devant un public pas forcément jouasse mais les yeux collés sur le combo, qui même un tantinet distant, se donne réellement à fond dans l’exécution. Une exécution motorisée par un batteur fabuleux, qui ne tape pas, mais assomme ses fûts avec un style vraiment atypique, qui se distingue de prime par sa façon de tenir les baguettes pas tout à fait aux extrémités (comme des marteaux ?). On regrettera seulement le volume des vocaux, qui dans les parties les plus massives ("Delay Your Pressure"), se noient presque totalement. Et ce n’est pas le rappel viscéral (et jouissif) sur Settle Down City qui inversera cette tendance.
Quoi qu’il en soit, je peux aller m’horizontaliser tranquille, des crampes dans la nuque et les oreilles en feu. Ne les ratez pas !
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