Nicolas Dick (Kill The Thrill), Dominique Grimaud

par Senti (02/01/2009)

Nuit d'Hiver. Il ne fallait pas plus que ça pour nous réchauffer les cœurs et le bout des doigts. Une petite heure de musique chaude et spacieuse délivrée par Nicolas Dick (Kill The Thrill) dans un écrin nimbé de lumière rougeâtre. Guitare acoustique, cordes vocales puis guitare électrique. 3 instruments pour 3 longs aplats sonores inoculés dans un micro, puis par un jeu précis de dilution et de bouclage, déversés dans tout l'espace. Avec application et instinct, Nicolas Dick occupe de multiples strates de ton et de volume par vagues successives et ondulatoires. Progressivement, les textures se superposent, s'entrechoquent et se frôlent pour inlassablement étirer le temps et les dimensions d'un lieu confiné. Le processus est itératif mais toujours ponctué d'événements impromptus brisant la monotonie. Le premier acte est une ondée, fine, mélancolique et cotonneuse, qui lentement s'épaissie en averse, dense et humide. Percés d'éclairs aigus, les grondements résonnent jusque dans le thorax. Nicolas Dick créé l'atmosphère dans le volume. La suite accroit d'un cran les sentiments d'étonnement et de plénitude. Le schéma est reproduit à la voix, seule aux commandes. Du filet le plus clair au souffle le plus grave venu directement du bas ventre et écorché par l'œsophage. Il en ressort une ode aqueuse et solennelle, qui nous ferait presque remonter au stade embryonnaire. La fin du voyage fait traverser des paysages plus accidentés et plus tortueux, aux arrêtes découpées par une guitare au chant/champ électrique parasité par une aiguille en travers du cou/cordage. La tension monte très haut dans les cieux pour s'éclipser tout en douceur, lorsque Nicolas Dick tourne délicatement l'interrupteur vers le « off » final. Un moment aussi beau que puissant.

Dominique Grimaud opte pour un lieu de représentation plus ouvert et aéré avec un vaste écran de projection. Il faudra donc – après une (trop) longue pause - monter à l'étage-théâtre du Montévidéo pour rejoindre le multi-instrumentaliste déjà confortablement installé. Activiste de l'underground musical français depuis des années, Dominique Grimaud est loin d'être un amateur. Pourtant, son propos musical d'un soir, bigarré et hétérogène, n'aura été que partiellement convaincant. Hormis quelques problèmes techniques inhérents aux aléas du solo live (larsens parasites ou problèmes de pédale), le musicien ne parvient pas à véritablement briser la glace émotive. Ne se raccordant à aucun fil conducteur, son discours oscille entre chapitres blues ultra-classiques, court-métrages décalés à l'intérêt énigmatique et reprises en hommage à John Fahey et aux Pink Floyd. Rien de foncièrement original et intense, même lorsque Dominique Grimaud veut y mettre de la fougue ou de la surprise. Car lorsqu'il opte pour sa guitare retro-futuriste métallique, ce n'est finalement qu'une gentille et conventionnelle tirade bluesy qui s'extirpe de l'instrument. Frustrant, autant humainement que musicalement, car ce soir, même la motivation semblait être en berne.

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