Lee Zeirjick, Neptune

par Senti (19/11/2008)

Grand bien nous en a pris, on débarque un peu plus tôt que prévu à L'Embobinoize, lieu qui a l'habitude de faire débuter ses concerts à des heures plutôt très tardives. Pour le coup, le coin étant déjà bien peuplé, Lee Zeirjick (projet instru-solo du guitariste de *25*), presse le bouton Play de son magneto-beatbox avant 22h. A même le sol, la guitare oscille sur un segment rythmique itératif et puissant. Ca bourdonne, ça grésille dans le micro et les amplis. Le visage crispé, Lee joue à l'intensité, tout en progression, jusqu'au claquage sur une paire de morceaux longs et saturés. Les oscillations de la guitare se détachent puis se rattachent au beat dans une course sans but véritable qui semble laisser une part variable de son existence à l'improvisation. Le set est très court, pas vraiment le temps de se laisser totalement happer par ce déluge drone-robotique à souhait. On en aurait bien voulu une dose plus et surtout, que le volume de la guitare soit revu à la hausse par rapport à celui des machines.

Cymbales mâchouillées par des dents de fer, pistons graisseux, grosse caisse plastifiée, guitare-asterohache aux cordes de fer parasitées par un petite cuillère en travers de la gorge, tableau de bord déglingué, phares de bicyclettes pendus à la chemise, engrenages d'acier. Et j'en passe. Neptune est le genre de groupe qui aurait pu naitre d'un monde rétro-futuriste post-apocalyptique. Ce soir, ils sont pourtant bien là, devant nous avec leur beau bordel, ces 3 natifs d'une autre planète. Ca commence par un jeu d'interrupteurs on/off bourdonnant qui, lentement, fait monter la pression. La machine est en chauffe, comme une vieille locomotive à vapeur, grondant et dévorant goulument le charbon par sacs entiers. Puis la rythmique, sèche, dure, vraie, sourde et violente, emballe le tout dans un fracas tribal et industriel. Les titres de Gong Lake font pleuvoir le metal chauffé à blanc et les courts-circuits sonores. On est surpris en permanence, les yeux écarquillés par des sonorités sorties d'une boite de Pandore. En véritable électron libre, fouettant les rouages et le plafond comme un escrimeur ou déchirant les barbelés de sa guitare-faucille, Mark oriente les morceaux vers des versants ultra-rythmiques ou des magmas usiniers bruitistes et renversants. Neptune se donne sans compter jusqu'à la crampe auditive et musculaire, et pourtant ne s'autorise que peu de temps-mort. La ferraille rougeoie et leur cavalcade ne fait que s'intensifier au fil des minutes, pour finir sur un morceau-rappel dantesque, où le chant en filigrane agit comme de l'huile entre les roues dentelées d'un mécanisme définitivement unique. 1h15 plus tard, au terme de ce grand huit vert-de-gris dans une dimension parallèle, on se dit que le reste n'est que banalité, et que débarquer sur les planches avec une Fender grand luxe lourdement harnachée au buste n'est que pure démonstration inutile et presque puérile. Neptune est avant toute chose une expérience à vivre Live.

Les oreilles ivres, je déambule vers les cartons de disques. Fuck ! Le LP de Gong Lake est déjà sold-out. Tant pis, j'embarque le très bon Patterns. Pendant ce temps là, certains préfèrent s'adonner à l'épilation intégrale, en string et à 4 pattes sur une table. Jolie performance, ou pas.

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