Ruiner, Counting The Days, Icos, A Different Day, A Bridge To Many
par Falbala (05/09/2008)

Soirée du mercredi 27 août : France 2 diffuse un merveilleux téléfilm français et, chose encore plus rare, M6 retransmet un match de foot. Je m'incline et je comprends qu'il n'y ai eu que 50 personnes pour assister à un concert de hardcore avec Ruiner à l'affiche (petit groupe U.S. de seconde zone!). No more comments! Chacun a ses raisons, ses chapelles musicales, néanmoins quand la plupart des groupes éviteront la France lors de leurs tournées européennes (ce qui est déjà en partie le cas) et que les associations organisatrices auront tiré leur révérence, peut-être aura-t-on des regrets. Alors, une fois n'est pas coutume, on ne peut que remercier les assos toulousaines (THS, Nothing To Loose, To Lose Punkers, Entre Shok...) ainsi que toutes les personnes qui organisent des concerts en free lance pour tout le travail fourni, l'énergie déployée et les sacrifices consentis, et qui ont fait de Toulouse, ces dernières années, l'une des villes les plus dynamiques en la matière.
A Bridge To Many, jeune groupe toulousain de modern/old school, ouvre les hostilités. Dans un style proche de Champion, la formation entame depuis quelques temps son apprentissage scénique : Wilo, le chanteur est plutôt à l'aise, les guitaristes, remuants et sautillants parviennent à donner du volume à l'ensemble. Le combo joue les titres enregistrés sur sa première démo, sortie au courant de l'été, ainsi qu'une reprise d'American Nightmare, "M.A./P.M.". Mathieu, guitariste de Fire At Will, vient soutenir Wilo au chant sur "Straight To The Wall" et le feeling passe relativement bien avec le public. Une bonne prestation, manquant certes encore de maturité mais qui augure du meilleur.
C'est ensuite les marseillais de A Different Day qui montent sur scène. Du modern/old school bien en place, hyper carré, des compos nickel et un très bon niveau musical mais encore un peu trop prévisible pour que naisse l'étincelle. Surtout, le groupe apparaît bien trop statique pour donner au public l'envie de bouger, d'autant plus que le temps pris entre les morceaux, trop long, casse le rythme du show. Et puis, il y a tout au long du set, la tonne de remerciements adressé au public (ce qui en soit n'est pas un mal) pour être venu comme si le chanteur s'excusait en permanence d'être là et de nous avoir fait manquer le fameux match de l'O.M. retransmis sur la 6. Un manque d'assurance, néfaste à l'image du groupe et qui ce soir ne fait que plomber l'ambiance. Faut y croire les gars, c'est pas mal ce que vous faites!
Ajouté en dernière minute, Icos en aura fait mentir plus d'un sur le côté casse-gueule d'une affiche hétéroclite. Entre A Different Day et Counting The Days, les suédois se fraient un chemin par leur postcore brumeux, aux antipodes de l'urgence des formations de ce soir. Certes, au moment d'entonner "Author of Time", la moitié du maigre public sorti prendre l'air ne réintègrera pas les pénates et c'est une petite vingtaine de curieux qui se massera autour des quatre bucherons. Sans être spectaculaire, le quatuor nous offre un set propre et imposant autour des chanteurs caverneux Erik et Oskar, peut-être un peu en dedans en raison de quelques morceaux tronqués. Malgré tout, Icos parvient à séduire entre les coups de boutoir de "Fly Away", "Dead End" ou "Each Day" et les ambiances plus atmosphériques d'"In Repose" ou "Fragments of Sirens". Le groupe nous offre même un nouveau titre extrait du split réalisé aux côtés d'Overmars, "Far From Home", plus traditionnel et minimaliste, dans la veine des premiers Isis.
Originaire de Glen Burnie dans le Maryland, Counting The Days se présente avec pas moins de trois membres de Ruiner en ses rangs : le batteur Joey Edwards, le bassiste Steve Smeal et le guitariste Dustin Thornton. Le groupe joue un hardcore dans la veine de Champion avec un penchant très old school assez rèche. Les titres, la plupart extraits de l'album Finding The Balance (2006) mais également du split ep avec Hollywood ("Tonight", "Four Years") s'enchaînent sans temps mort. Un set efficace, dynamique et solide, bien perçu par le public, qui se termine par la reprise furieuse et sympathique de "Party Hard" de Andrew W.K. sur laquelle la salle réagi enfin avec une certaine ferveur.
Une légère appréhension règne avant le show de Ruiner car le groupe enchaîne de très nombreuses dates et il pourrait être tenté de bacler quelque peu le set de ce soir vu le nombre restreint de personnes présentes.
Le concert débute par "Out Go The Candles", se poursuit avec "Long Time Coming" puis "The Lives We Fear". Le son est assez brouillon, mais le batteur Joe Edwards, comme il vient de le faire avec Counting The Days, frappe comme une brute. Rob Sullivan est à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre. Frontman hors norme, à la gestuelle très personnelle, il ne reprend aucun gimmick du hardcore. Corps penché vers l'arrière, visage tourné vers le ciel, colérique et furieux, il hurle comme un dément, ponctue ses allées et venues par des trépignements nerveux et rageurs, et de curieux sauts trapus. Le set est agressif, tendu, à la limite de la violence ; la souffrance, le désespoir, la mélancolie viennent pourtant s'agréger tout naturellement à cette agression frontale : "Kiss That Motherfucker Good Night" ainsi que "When The Mourning Ends" prennent aux tripes. Les montées, ultra efficaces, s'abattent et commotionnent, brutes ou pleines d'émotion. Un concert dense et intense qui s'achève sur "Adhering To Superstition", suivi d'un rappel sur "A Bridge Too Many", comme pour boucler la boucle.
Ainsi malgrè une fatigue visible, le groupe n'a pas galvaudé sa prestation, mais il aurait été tellement plus redoutable de le voir jouer devant une salle comble et survoltée.
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