Eurockéennes de Belfort (dimanche)
par Damien Pontus (16/07/2008)
Cette année, les Eurockéennes de Belfort fêtaient leur vingtième édition. Pour honorer cet anniversaire, le festival a concocté une programmation qui a fait couler pas mal d’encre : présence d’artistes éloignés de « l’esprit Eurockéennes » (Cali, Sinik, …), absence de têtes d’affiche originales (c’est vrai que Ben Harper ou Massive Attack sont présents partout cet été), pauvreté de la sélection metal (Cavalera Conspiracy, Genghis Tron, Red Sparowes et … c’est tout !), etc. Bref : nous nous sommes rendus à la journée de clôture de cette vingtième édition afin de nous faire notre propre opinion.
Arrivé sur le site du festival vers 15H, je commence par regarder The Seducers sur le Club Deville (une nouvelle scène) : un rock péchu teinté de surf music, idéal pour débuter une journée de festival.
Direction ensuite le chapiteau pour la prestation de Moriarty, groupe entouré d’un gros buzz dernièrement. Le groupe évolue dans une folk pop sympa et très baroque (la chanteuse qui caresse une tête de cerf empaillé pendant une chanson!). Les musiciens font preuve d’une belle présence et échangent parfois leur instrument. La chanteuse, Rosemary Standley, assure parfaitement et envoûte le public de sa voix cristalline. La reprise de Depeche Mode, Enjoy The Silence, est bien exécutée même si le groupe a clairement joué la facilité sur ce coup (c’est un peu comme reprendre Satisfaction des Stones ou I Feel Good de James Brown).
Quelques minutes de psychédélisme avec MGMT. Le groupe semble être resté bloqué dans les seventies : musique typée Pink Floyd (en nettement moins bien, on est d’accord), bandeau dans les cheveux, … Sympathique mais Danko Jones nous appelle sur La Plage.
Et le bougre va encore une fois assurer un set rageur. Je suis toujours frappé de la capacité de Danko Jones à pouvoir se produire n’importe où, devant n’importe quel public. Si le public ne semble pas trop connaître le canadien en début de set, marqué par des applaudissements discrets, c’est sous une ovation que le trio quitte la scène. La prestation sera assez proche de celle du Hellfest quelques jours plus tôt ; même certains speeches entre les morceaux sont similaires (il dédicace encore Mountains aux gloires du rock disparues : Dimebag Darrel, Cliff Burton, Bon Scott, les (faux)frères Ramones, Joe Strummer, James Brown). Le set étant plus long qu’au Helffest, le groupe rajoute quelques titres à sa prestation dont les très bons King Of Magazines et Forget My Name. Personnellement, je pense que le groupe gagnerait en puissance en rajoutant un second guitariste (notamment sur des titres comme Code Of The Road qui paraît plus mou que sur album) mais ce n’est là qu’une réflexion personnelle.
Babyshambles joue ensuite sous un chapiteau archi bondé. Comme quoi, les pitreries du people Pete Doherty semblent susciter la curiosité. Celui-ci semble en tout cas en bonne possession de ses moyens et délivre un set honorable. Mais le groupe aurait-il le même succès si son leader ne partageait pas la une de Voici et de Closer avec Claire Chazal et Steevy ? Rien n’est moins sûr…
The Offspring, le groupe le plus attendu de la journée, est programmé à 21H. Après quelques années troublées (l’ajout d’un claviériste/guitariste/pitre), le groupe est revenu à quelque chose de plus punk : aucun décor de scène, une formule à trois guitares. Ce n’est pas moi qui fait me plaindre de ce retour aux racines… D’autant que la prestation des américains ce soir sera tout bonnement excellente. Une agréable surprise. Tous les tubes du groupe vont y passer : de Come Out And Play balancé en deuxième morceau à All I Want, de The Kids Aren't Alright à Hit That… Le public est déchaîné (longtemps que je n’avais pas vu des mouvements de foule comme ceux là aux Eurockéennes), ce qui ravit le groupe, qui s’étonne de n’avoir jamais joué dans ce festival. Le groupe quitte Belfort sur un Self Esteem des familles.
Moby a la lourde tâche de clôturer le festival. Son set est ici remixé dans une version electro/techno. Je dois avouer être assez partagé quant à ce concert. Il est vrai que d’un coté les remixes techno des tubes de Moby sont parfois très dansants, déclenchant les vivas du public. D’un autre coté, je suis assez sceptique sur l’ajout de certaines touches de synthé très typé dance dans années 90… De plus, Moby occupe assez mal la scène : il court maladroitement de gauche à droite, rajoute dans percussions dispensables, essaie gauchement de haranguer la foule… On se demande même parfois à quoi il sert vraiment au milieu de ses musiciens !
Au final, cette édition aura rempli son objectif : deux jours sold out et un quasiment complet. Si le festival belfortain essuie des critiques de plus en plus appuyé des puristes, il continue de faire recette… et de nous offrir d’excellents moments (Offspring en tête). Mais le festival va devoir choisir entre se diriger vers une programmation très grand public ou rester ce festival plus pointu et unique qu’il était il y a quelques années. A moins que les organisateurs ne se satisfassent de ce positionnement flou…
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