Hellfest 2008: Dimanche
par Craipo (17/01/2009)

Municipal Waste: Réveil placé sous le signe du n’importe qui trouvera sa poursuite logique dans ce concert totalement fou partagé entre riffs de tueurs, rythmique hardcore dansantes et grosses vannes (« Attack Spongebob !! »), le tout envoyé à mille à l’heure, option trash. Bref Municipal Waste est dans la place. C’est court, ultra efficace et rentre de dedans, festif à mort. Une petite merveille de concert. Comme quoi il faut pas forcément grand-chose pour servir une des meilleures prestations de ces trois jours.
Eths: Rapidement pénible. Une chanson suivie jusqu’au bout, histoire de. C’est définitivement pas ma came.
Year Of No Light: Valeur sure de la scène française, Year Of No Light semble avoir pas mal partagé les avis lors d’une prestation que j’ai pour ma part trouvé totalement envoutante et monolithique. Dur de poser des mots sur ce concert lors duquel les premiers signes de défaillance se sont fait ressentir (nombre important de concerts, manque chronique de sommeil, chaleur, concert de Municipal Waste fait à balle + quantité de houblon ingurgitée depuis deux jours = scotch) de mon coté. Toujours est il que le groupe m’aura laissé une excellente impression bien que moins virulente et plus ambiancée que le laisse entendre Nord. A revoir!
Ghost Brigade: La rencontre entre Cult Of Luna et Katatonia, en quelque sorte… c’est ainsi que l’on présente souvent les suédois. C’est plutôt justifié et leur Guided By Fire est, pardessus le marché, un bon album qui sait se faire très prenant. Cette programmation à l’affiche du Hellfest est l’occasion idéale pour aller vérifier tout le bien que je pense du groupe. J’en ressortirai avec une impression mitigée, Ghost Brigade ayant assurément d’énormes qualités que vient malheureusement atténuer une prestation scénique lambda. Dur dès lors de se laisser imprégner par les ambiances… le groupe, accessible, semble pourtant assez content d’être là et ses assauts post en auront surement touché plus d’un. Un jour sans peut être… Un concert plaisant mais un peu frustrant.
Dillinger Escape Plan: Le chanteur est tout gonflé/musclé (comme d’habitude), les compos déchirent (comme d’habitude), les musiciens sont totalement fous (comme d’habitude), le pit ultra animé (comme d’habitude), un pied de micro est à moitié envoyé dans les airs en fin de set par Greg Puciato (Kickback style?) alors qu’il tente d’escalader les échafaudages (Airbourne, c’est plus fort que toi). C’est efficace, déglingué, furieux. Bref super.
Sauf que je commence à me poser la question de la limite entre spontanéité et surenchère programmée dans ce cas précis. DEP c’était bien (plus intéressant lors de leur passage quelques mois plus tôt à Nantes). Mais c’est tout.
Meshuggah: Les monstrueux névrosés adeptes d’un métal extrême à la précision chirugicale ont envoyé gros, très gros, ruinant certainement plus d’une nuque. Aussi violentes qu'elles puissent être, les compos surpuissantes passent toutes seules, sublimées par le jeu de scène nerveux et saccadé, bien que réduit au minimum d’un vocaliste tout bonnement impressionnant. Je ne tiendrais cependant pas la totalité du concert, préférant me réserver pour la suite (chargée).
Obituary: Un classique de chez classique. Obituary fait du death et le fait bien. C’est gras, ça fait tapoum tapoum, ça avoine sec, c’est carré et nous on prend notre pied. Bref du gros, du lourd : une valeur sure qu’on ne présente plus et qui fait le taff. Obituary passe une nouvelle fois l’examen live haut la main.
The Ocean: Bien que pas forcément fan des sorties du groupe, son dernier double album est, il faut l’avouer, une bonne surprise et je me décide donc à aller voir ce que peut donner le collectif allemand sur scène (un arbitrage avec A Silver Mt. Zion me les avait fait manquer quelques semaines plus tôt). Le constat sera un peu le même que pour Ghost Brigade et de l’aveu de certaines personnes les ayant vu quelques temps plus tôt (à Nantes donc), ce n’était surement pas leur meilleure prestation. Dommage… moi qui voulais me laisser convaincre, j’en suis pour mes frais.
Opeth: Le groupe semble ne pas avoir de chance avec le Hellfest. Coupés en fin de concert par un démarage intempestif de Max Cavalera (toujours dans les bons coups) et Soulfly il y a deux ans, les voici cette fois programmés en toute fin d’après midi, horaire critique s’il en est. Je les aurais bien d’avantage imaginés se produisant alors que l’air fraichissait et que la nuit était en train de tomber mais passons… Fatigué et pas encore convaincu par leur dernier album ouvertement Prog’, je vais avoir beaucoup de mal à me laisser aller sur le Death progressif des suédois qui devront en plus lutter avec quelques légères bourrasques de vent qui viendront quelque peu brouiller le rendu sonore du concert au sortir des enceintes (les désavantages du « open air »). Moins conquis que précédemment je décide de m’éclipser pour aller me réveiller devant un groupe que je n’ai, en plus, jamais vu. En effet Rotten Sound est en train de faire son entrée - bruyante – sur la Discover Stage.
Rotten Sound: La moissonneuse finlandaise va mettre le chapiteau à feu et à sang, tout simplement. Nasum worship à tout les étages pour quelques dizaines de minutes de grindcore total à grand renfort de son typiquement scandinave, reconnaissable entre mille. A vrai dire j’ai rarement vu aussi abrasif que ces gars là et je commence à me demander s’ils ne jouent pas avec des troncs d’arbre (coupés avec la tranche de la main, bien sur) en lieu et place de cordes. Une prestation monumentale, à vous laisser sur les genoux et se tapper la tête contre les murs. Gigantesque mandale de violence… j’ai encore mal rien que d’y penser.
My Dying Bride: Oui le chanteur en fait des tonnes, oui il y avait des « gothstoutennoirquisouffrentlapreuveilssontennoir » partout aux premiers rangs, mais peu importe. C’est épique à souhait et le suicide ne vous a jamais paru être une aussi belle option. Mission accomplie. Très belle prestation des britanniques.
NOFX: L’ovni du festival. Les américains en sont biens conscients et ne cesseront d’en jouer (comme s’ils avaient besoin d’un prétexte supplémentaire pour vanner !), à commencer par leur bannière tout simplement minuscule, qu’ils nous présenteront fièrement. Ca tranche légèrement avec Paradise Lost et leur gigantesque drapeau, c’est sur. Ca balance sur les mexicains, ça joue, ça rigole, ça joue, ça tchatche puis ça joue encore, comme d’habitude. Les incontournables y passent (mention spéciale à Stickin in my eye et Aux champs Elysées bien évidemment…) et le fest se transforme en cour de récréation pour ados attardés. Bref du grand n’importe quoi dans la plus pure tradition NOFX. Je me dis cependant que je peux me permettre de laisser les Punk Rockers seuls à leur affaire pour m’en aller me graisser les oreilles de nouveau devant la discover, ce que je fais donc.
Dying Fetus: Malgré une affluence assez impressionnante devant NOFX, le chapiteau est plein à craquer pour Dying Fetus qui a déjà commencé lorsque j’arrive. C’est donc de l’extérieur que je suivrai leur prestation tout en finesse. Les américains vont nous sortir un set ultra carré et tout à fait intéressant sur le plan musical – faute de mieux puisque j’étais coincé à l’extérieur. Bon ça fait forcément moins effet que Rotten Sound (qui pourrait lutter ?) mais le propos n’est de toute façon pas le même. Dying Fetus assure complètement donc l’essentiel est sauf. Ceci dit, on aurait bien enchainé un petit Pig Destroyer par derrière hein...
At The Gates: Swedish Metal legends incoming! J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de l’autre bande à Lindberg et à vrai dire ce n’est pas près de changer. At The Gates avoine du riff comme pas deux, Lindberg est un frontman toujours aussi loquace et peu avare en efforts, le public est réceptif comme rarement et prend sa leçon de headbang : Un vrai putain de concert de swedish Death magistral de bout en bout parsemé de compos tirées d’un peu toute la carrière du groupe (et bien sur du monument Slaughter Of The Soul). Nous aurons même droit à un rappel, chose plutôt rare en festival pour un groupe n’étant pas tête d’affiche. Mais force est de constater qu’At The Gates n’est pas un groupe comme les autres…
Shai Hulud: Mon Everest du Hardcore. Autant à cause du statut (qu’une audience clairsemée rend portant difficile à imaginer) que parce que je n’ai jamais pu totalement rentrer dans leur musique sur CD… et que ce ne sera encore pas pour cette fois. Le groupe joue ave passion et les fans sont au taquet alors que je peine à accrocher le wagon… non décidément ça ne veut pas. Dommage car au vu de la prestation il se passe vraiment quelque chose lorsque ce groupe exécute sa musique. Un peu dépité je finis par me résigner à aller faire la queue pour manger un sandwich raclette (très bon(e idée) ceci dit).
Motörhead: “We are Motörhead and we play Rock n’Roll!‿. A noter le slam d’une tente trois secondes et un show de strip teaseuses que je manquerai, affairé à attendre Comeback Kid en me restaurant. Sinon Motörhead a encore fait du Motörhead, c’est cool, mais on commence à avoir l’habitude. That’s it.
Comeback Kid: Grosse grosse densité pour le concert des américains. Le dernier album (changement de chanteur + orientation plus métallisée du son) y est surement pour quelque chose et a du leur ouvrir les portes d’un public à priori peu porté sur le Hardcore. Pour ma part je préfère ce qu’il y avait eu avant mais peu importe. Broadcasting reste un bon album que le groupe va défendre haut et fort au cours d’une prestation à (très) forte valeur énergétique. Le son des guitares est cependant un peu trop brouillon et le timbre d’Andrew Neufeld est trop grave à mon gout mais la débauche d’efforts à laquelle nous assistons est telle que Comeback Kid finit par emballer tout le chapiteau alors que le pit se transforme en vraie bataille rangée. Epoustouflant. Inutile de dire que le titre Wake the dead a entrainé un des plus gros sing along du fest et définitivement inscrit ce concert comme un de ceux qui ont du marquer pas mal d’esprits.
Cult of Luna: Peut être le groupe que j’attendais le plus… Ayant déjà tremblé de bonheur sur Neurosis l’année passée, c’est avec impatience que je scrute de longues minutes durant l’arrivée des suédois qui finiront par se mettre en place en ordre dispersé et selon un lineup d’apparence assez incertain (le guitariste s’occupera un temps du chant avant que le chanteur, habituellement absent de bon nombre de tournées, n’arrive sur scène). De toute façon c’était déjà décidé depuis des mois, je n’étais là que pour la musique : Cult Of Luna se vit, se ressent plus qu’il ne se regarde. La prestation fut magistrale. Logiquement axée sur Eternal Kingdom, fraichement sorti, elle transportera le public de la discover stage dans un ailleur à mille lieues de Clisson et de son bruillant festival. Je n’ai pour ma part quasiment aucun souvenir précis de ce concert si ce n’est que l’incontournable Leave me here nous aura tous ruinés l’esprit et que le final sur un titre dont le nom m’échappe encore (ce n’est pas faute d’avoir bouclé sur leur discographie depuis quelques années…), déconnecté que j’étais… Il n’aura finalement manqué à CoL qu’une bonne dizaine de titres – au moins - que j’aurais voulu entendre à tout prix (le prix à payer pour n’avoir sorti que des chefs d’œuvres). Ca et un petit je ne sais quoi parfois inattendu (genre les trombes d’eau pendant Neurosis, transformant le concert en cauchemard appocalyptique totalement transcendant un an plus tôt) que je ne saurais définir mais qui vous sublime un excellent concert en concert de l’année - voire plus. Un excellent concert donc, mais frustrant. Cult Of Luna peut faire bien mieux encore, c’est une certitude… et un motif d’espoir.
Envy: l’ovni japonais. J’ignore combien de temps a duré ce show. Toujours est il que je l’ai vécu les yeux fermés l'essentiel du temps. Un moment parasité par quelques larsens (tout comme celui de CoL), le set est un peu moins prenant que lors de leur passage à Nantes mais une composition d’Envy restera toujours d’une intensité rare. Mon voisin passe le set entier à planer le dos tourné à la scène, trois mètres devant moi un autre est prostré, assis en tailleur à même le sol. Des flashs. Un guitariste déchainé. Tetsu au bord de la rupture. Il semble pleuvoir de la lumière sous le chapiteau de la discover stage à la programmation décidément ultime. J’entends Scene, je vibre. Left hand : je manque de défaillir. Farewell to words finit de me consumer. Par chance ou par malheur nous avons échappé à Mystery and peace, monument du screamo lui aussi issu de All The Footprints You’ve Ever Left And The Fear Expecting Ahead très à l’honneur et qui malgré ses 7 ans d’âge (ce qui n’est pas rien à notre époque) semble une fois encore devoir rester intouchable des années durant. Un concert totalement unique, encore une fois. Slayer a beau s’époumoner, la discover stage a fait le plein. Impossible de rappeler si ce fut une ovation ou le silence qui suivit le retrait des nippons… Tout ce que je sais c’est que je suis passé comme un zombie devant la fin de Slayer sans en avoir quoique ce soit à foutre. Pour moi le festival était déjà terminé. En apothéose qui plus est... Merci Envy.
Slayer: Papy fait de la résistance. J’a la tête dans les étoiles en ressortant d’Envy et Cult Of Luna. Autant dire que la fin du set de Slayer me parle autant qu’Eths plus tôt dans la journée. En plus c'est complètement mollasson en comparaison du concert de l’an dernier (puis bon on commence aussi à avoir l’habitude de les voir au mois de juin). Puis je m’en fous de toute façon…il est temps de se rentrer et de profiter des dernières heures de ce qui fait que tous les ans Clisson se transforme en Enfer pour notre plus grand bonheur.
Le bilan de ces quatre jours est largement positif : La programmation aura encore une fois tenu toutes ses promesses, les (re)découvertes auront été légion, l’ambiance générale excellente bien qu’un peu moins folle (reemember la bataille pour la terre du milieu ou la manifestation en faveur de la libération des kébabs) ainsi que… l’organisation. Le Hellfest, tout en gardant ce qui faisait sa force est désormais un tout autre festival du point de vue logistique. Les efforts ont été plus que conséquents et visiblement très appréciés. Personnellement je résignerai les yeux fermés pour la même chose en 2009. En espérant que le festival conserve sa politique d’éclectisme et continue de nous abreuver de groupes de qualité mais pas toujours reconnus à leur juste valeur hors du microcosme des mordus de musique extrême… On aurait alors surement un des fests du genre les plus intéressants d’Europe pour quiconque ne cherche pas dans ce type d’évènement que du headbang devant un monstre sacré du Metal retransmis sur écran géant, placé au 300ème rang d’une foule monstrueuse. Sur ce, rendez vous en Juin !
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