Chronique Live Jonah Matranga + Ian

Resté sur une demi-déception d’une première partie trop courte en Avril dernier, c’est en tête d’affiche que Jonah Matranga revient pour cette fin d’année. Et c’est dans cette « strange little cave » qu’est le Hideout que la magie doit opérer.

Deux guitares sont posées, un petit xylophone et d’autres instruments d’apparence enfantine attendent eux aussi de délivrer leurs petits sons : eliotE and the Ritournelles va bientôt s’installer dans une ambiance très intime, pour ouvrir cette soirée. Plongé dans le noir total, où seul un portable transformé en lampe de poche brisera l’obscurité, eliotE et ses deux acolytes auront trente minutes pour transformer les grands enfants présents, en auditeurs attentifs et complices. Porté par une voix féminine tout simplement magnifique cette atmosphère espiègle et candide – dont le meilleur exemple est le titre "Pour les Enfants Qui Ont Peur" - transportera l’auditeur vers un voyage à mi-chemin entre les tonalités des chanteuses des 70’s (Nico par exemple) et les comptines pour enfant. On en redemande, et si possible sans les bruits parasites des fonds de salle!!!
Au rayon des retrouvailles qui font plaisir, celle avec Ian Love était très attendu. Lui qui n’était plus venu jouer en France depuis la venue de Rival Schools en 2001 (il s’en souvient lui aussi), se présente donc ce soir en solo avec un ingé-son / seconde voix de premier choix en la personne de… Jonah. A des années lumières des sonorités Emo-core d’un "Used for Glue" le principal musicien de And, propose une pop acoustique sur I-pod, tendre et délicate, mais clairement accessible après de multiples écoutes. Reste des titres immédiatement accrocheurs comme "Butterfly" ou cette cover de Neil Young chantée en duo.
40 minutes plus tard et Ian cède la place à Jonah. Première entreprise : une refonte de la salle, on oublie presque totalement la sono et on grimpe sur un petit podium afin que le plus grand monde puisse voir et écouter la prestation dans de bonnes conditions. Il va sans dire que sans amplification, c’est le passeport assuré pour une  voix cassée. Qu’importe, nous ne sommes plus à une surprise près quand il s’agit de dévotion. Sans rentrer dans les détails (explication des textes, désir de silence, titres à la demande, réarrangement et medley de morceaux…) qui jalonnent tous live-report de Jonah, on le trouvera encore plus loquace qu’à l’accoutumée et surtout très chaud dans tous les sens du terme. Au rang des surprises, on notera l’improbable – mais assumée - reprise de Beyonce "Irreplaceable", la magnifique des amis de Deftones  " Digital Bath " mais surtout cette touchante version de "Nestle", qui sera suivie d’une petite explication du pourquoi, en Europe, l’ancien chanteur de Far aime tant reprendre ces vieux morceaux qui « ici, reprennent toute leur essence ». Dans cet univers simplissime guitare / voix, on sera amusé par les samples du R2D2 repris à la bouche ou par la description apocalyptico-comique du dernier clip "Not About A Girl Or A Place". Les titres du dernier album ne sont effectivement pas en reste avec les touchantes versions de "You Always Said You Hated San Fransisco" ou "So Long" pour un premier au-revoir bien évidemment repoussé. En évitant les dérives Bruelesque des concerts de Dashboard, la fin du show fera presque office de thérapie de groupe avec une salle vibrante, hurlant les paroles de "Bury White", et sur la toute fin s’époumonant sur les « There Is A Summer, It’s All The Time, For Every One Of Us » d’un "Lukewarm" tout bonnement époustouflant.
Après près d’une heure quarante-cinq, on en aurait presque redemandé !!!