Live Report - Porcupine Tree, Pure Reason Evolution

par Angel O (06/07/2007)

Pure Reason Evolution est un groupe de rock tendance post-Radiohead m'a dit Steven Wilson. Il y a sans doute du vrai là dedans, mais leur mix de rock, metal, indus et électro fait aussi penser de temps à autres à Nine Inch Nails, et à une foule d'autres choses sans qu'on arrive à mettre un nom dessus. Le set est puissant, les harmonies vocales auraient mérité un meilleur mixage, mais les guitares déchirent l'espace sonore et le groupe se montre vraiment à son avantage, s'attirant les faveurs du public en une poignée de titres très vivants, remplis de textures musicales d'une originalité indéniable. Une petite heure de show, et une salle chauffée bien comme il faut avant le passage des esthètes britanniques de Porcupine Tree.

Blue pill or red pill? Ce n'est pas que le mur d'images projetées derrière Steven Wilson et ses musiciens soit Matricien, mais les résonnances entrevues au moment de la chronique et confirmées en interview trouvent un écho pregnant lors de ce concert. Porcupine Tree aspire à l'élévation pendant que de par le monde, des millions de jeunes gaspillent leur énergie à courir des chimères désincarnées, télévisuelles, cybernétiques ou virtuelles. Ce soir Porcupine joue fort, très fort (sans doute trop d'ailleurs, du moins sans bouchons), comme si le mix volontiers tellurique avec la paire batterie et basse bien en avant allait de pair avec une pensée en mouvement, fébrile à l'idée de voir tant de kids partir à la dérive. La tracklist est de ce fait à l'avenant, avec l'intégralité du dernier album Fear of a Blank Planet, une bonne poignée de morceaux issus de In Absentia et quelques pistes isolées venus de Lightbulb Sun entre autres.

Les images défilent, aliénation, isolement, prozac nation, jeunesse suicidaire et égarements consuméristes, idéal écho des obsessions de Steven Wilson dont le chant est excellent tout du long. Le groupe est bien en place, déflagration après déflagration, procurant un sentiment de puissance assez impressionnant. Qui sait où Porcupine Tree ira bientôt, mais à l'heure actuelle, il semble que le métal soit de mise, grignotant l'espace sonore, à coups de solis heavy et de rythmes plombés sans que le groupe perde pour autant son âme. Unique. Par moments, on perçoit combien la collaboration avec Opeth a pu influencer Wilson ces dernières années, au détour de décrochages abrupts entre atmosphères éthérées nourries de claviers et de beaux arrangements et puissance des guitares. A d'autres, à force d'images à l'aura mystique ou bien d'une étrange créature mi alien, mi robotisée, on pense aussi à Tool, sans le côté parfois abscons de la bande à M.J.K.

Le public en tous cas est particulièrement enthousiaste. Arborant les couleurs de Anathema, Opeth, Tool bien sûr, mais aussi Nine Inch Nails ou encore Arcturus, il confirme que l'amateur de Porcupine Tree est exigeant aussi bien en émotions qu'en complexité musicale. Il sera servi plus d'une heure et demie durant par un groupe généreux, avec un Steven Wilson communicatif, maître d'oeuvre d'un voyage musical sans temps morts. Le groupe l'achève sur le magnifique morceau Sleep Together, mais applaudi avec vigueur pendant de longues minutes, revient gratifier l'assistance de trois titres en rappel, dont un instrumental surpuissant au fort accent Meshuggesque, jusqu'aux images proches d'un Catch 33 en arrière-plan. Meshuggah dont Steven Wilson porte le t-shirt en signe d'indéfectible admiration comme il l'a confirmé en interview plus tôt dans l'après-midi. Un concert monumental en somme dans une ambiance électrique, le public se montrant si emballé que nos musiciens, visiblement touchés, le salueront longuement avant de quitter la scène. Du grand art pour une grande soirée de musique au Splendid de Lille, véritable petit théâtre des rêves en ce 1er juillet 2007.  

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