Give It A Name Festival (Part Two)
par Turtle (12/05/2007)
Deuxième jour:
Par faute d’emploi du temps professionnel, et comme pour beaucoup, Minimum Serious et MeWihoutYou ont fini les parties qui leur étaient octroyés lorsque je pénètre dans la salle.
Les échos parlent d’un Minimum Serious appliqué mais confronté à un manque d’ambiance cruelle et d’un MeWithoutYou qui a ravi ses fans, posant ses titres indie et expérimentaux au milieu de ses danses atypiques.
Senses Fail saute sous les lumières, tributaire de la première prestation emocore de la journée.
Les natifs du New Jersey, soutenus par Vagrant, sont une grosse écurie qui tourne aux Etats Unis avec Underoath, My Chemical Romance ou Thrice. Ici leur notoriété est moindre (on voit moins de kids avec leur T-shirt que dans les concerts aux Etats-Unis), mais ça n’empêche pas la bande à Buddy Nielsen d’essayer de faire son maximum. La tambouille est donc servie, avec guitares puissantes, chant mélodique et envolé, entrecoupé de cris. Puisé dans le répertoire de Let It Enfold You et Still Searching, Senses Fail joue ce qui est à la mode depuis 5, 6 ans et gagne par la même occasion une nouvelle ribambelle de fans, touchés par ces musiciens qui se proclament descendants de Jimmy Eat World et Promise Ring (tiens donc…).
Dans le genre gaffe de la soirée, Saosin rafle le titre sans contestation possible. Du fait de l’étourderie de deux de ses musiciens partis manger des crêpes, les protégés de Capitol Records arrivent avec pas mal de retard et se voient contraints à un set des plus expéditifs. Annoncée lors de sa création comme une des formations les plus prometteuses de la scène emocore, Saosin prend donc la suite de Senses Fail. A l’aise dans l’exercice du live, les ricains nous la jouent là aussi façon emocore tendance. Quelques cris, une poignée de mouvements explosifs et le reste en gestes émotifs (la main sur le cœur, le mime de la larme). En bref, Saosin fait le boulot comme on dit. Anthony Green parti faire les beaux jours de Circa Survive, c’est Cove Reber qui assure la partie vocale. Peut-être moins probant que Anthony (il faut voir Circa Survive en live pour s’en convaincre), Cove assure tout de même en plaçant un chant plutôt personnel et assez pénétrant ("You’re Not Alone"). "Bury Your Head", tiré du premier EP est toujours agréable quant à "Seven Years", elle clôture efficacement le set grâce à sa puissance et ses riffs plus énergiques.
Ces derniers passant ensuite au milieu de la salle afin de signer des autographes et pour se faire prendre en photos avec les kids (pour se faire pardonner de la brièveté de leur prestation ?), Sparta en profite pour leur succéder sur les hauteurs. L’autre partie des feu At The Drive In, autre que The Mars Volta, tord les instruments sans préambule. Emorock salutaire ou pop rock rondement mené, les texans s’imposent avec des titres comme "Taking Back Control".
Là encore si la volonté de variété des programmateurs est louable, Sparta récolte toutefois un accueil bien tiède du fait de son style qui ne colle pas trop aux standards du festival. Dommage. Le quatuor redouble donc d’intensité, appuyant efficacement avec ses chœurs et cette voix hurlée capable de fendre le marbre. En dépit d’une demi heure très peu loquace (quasiment aucun mot prononcé par le groupe), Sparta a régalé ses partisans, du fait de sa musicalité classe, de son aura et de ses morceaux inspirés ("While Oceana Sleeps", "Erase It Again"). Au rang des regrets possibles, l’absence de communion avec le public et un son trop élevé.
Au tour d’MxPX d’animer la soirée. MxPx c’est un peu la caution punk rock du festival, seul groupe du genre et assez éloigné du reste. D’ordinaire, le trio n’est pas franchement réputé pour ses performances scéniques et les dernières fois qu’on les avait vu n’avaient pas infirmer la donne. Et pourtant, les américains ont cette fois ci fait mentir la rumeur. Bien en jambes, pas prétentieux, les 3 potes d’enfance ont débuté tambour battant sur l’inoubliable "Tomorow’s An Other Day". Avec MXPX, c’est toute l’adolescence des années 90 qui rejaillit, en attestent les morceaux "Teenage Politics" ou "No Room". Très vite en vibe avec le public ; micro tendu, jeu de chœurs, lancé de basse (LA marque de fabrique de Mike). Le frontman assure la partie, y allant gaiement des clichés du sale gosse. Les titres jaillissent de Pokinatcha, Slowly Going The Way Oh The Buffalo ou Panic, entrecoupés d’un nouveau titre très aguicheur (Secret Weapon). Au bout, certainement l’ambiance la plus sympa des 2 jours, avec un pogo massif mais gentillet, avec skanke à foison. Et puisqu’il ne pouvait y avoir d’autres issues possibles, le trio de Bremerton nous gratifie de son mythique "Punk Rawk Show". Ravis.
Raffuts au sol, hystéries perceptibles, les fashions Used arrivent. Voici donc le groupe à qui on doit la popularisation (perversion ? ) de l’emocore. The Used n’est plus de ce monde où crier ressort comme le seul moyen possible de s’exprimer. The Used est aujourd’hui une grosse machine, avec son merchandising, ses fans inconditionnels, ses slows guimauves et ses rythmes de plus en plus ralentis. Le groupe qui nous avait tant séduit jadis avec son premier album n’est plus. Vous avez dit varièt’ ? Arrivée sur un nouveau titre, "The Bird And The Worm" enchaîné sur "Take It Away", puis nouveau service d’un extrait du futur Lies For The Liars aux accents atrocement proches de Billy Talent (tandis que "The Bird and The Worm" emprunte énormément à My Chemical Romance). Comment The Used a-t-il pu se fourvoyer au point de vouloir copier ceux pour qui ils avaient ouverts la voie ?
On se rappelait du charisme de Bert des premières années, flirtant sur la frontière des attitudes sexys et malsaines, mais le leader surjoue aujourd’hui, répétant les mêmes provocations inutiles (les fuck you à l’adresse du public, les crachats sur les premiers rangs). Côté musique, alors qu’on espérait les anciens morceaux plus rough, on a le droit à "Taste Of Ink" (le single MTV) qui devient un medley en étant couplé avec "Buried Myself Alive" et "All That I've Got". Désespérant. "A Box Full Of Sharp Object" survient alors, nous explosant à la gueule, pour nous faire ressentir ce mélange de (première) satisfaction du set et de regret voyant ce que le groupe savait faire à ses débuts et ce qu’il pond désormais. En à peine une demi heure, le set achevé, le quatuor plie les gaules et retourne en loge. La pilule a certainement dû être dure à avaler pour ceux qui avaient fait le déplacement uniquement pour eux ou ceux qui les voyaient pour la première fois.
Le dernier mot sera donc pour New Found Glory, moins méchés que les précédents, mais d’ordinaire tout aussi catégorisés 'teen'. Débarqués de la génération American Pie/Blink 182, les floridiens ont livré une prestation qu’on ne peut qu’applaudir dans la mesure où ils ont joué sans le frein à main, régalant leurs jeunes fans et remerciant poliment et chaleureusement les autres groupes et l’organisation. Avec New Found, on le sait, on est loin du punk plein de poussière et de sang, ici est faite place au soleil, aux mélodies sympathiques, aux attitudes 'cool'. "Downill From Here" pour les présentations, puis "Something I Call Personality" et "Coming Home". Une masse volumineuse danse et chante. Chad savoure donc et parle tout goguenard avec la foule, essayant de montrer ses dernières avancées dans l’apprentissage de la langue française. "Hit Or Miss" réclame la sueur des spectateurs, la joie est de mise. Deux fans surmotivés passent coup à coup la barrière des molosses et rajoutent un peu de fantaisie à la fête. Départ/Rappel. "Catalyst" en coupe gorge puis le tube "My Friends Over You" pour éprouver une dernière fois ses semelles et jumper collectivement.
Au final, alors que c’est peut-être de ce groupe qu’on attendait le moins, c’est de lui qu’on devra reconnaître le plus d’investissement. La manifestation s’achève sur un groupe qui témoigne de son bonheur d’être là. Qu’on pense comme lui alors, et qu’on s’en souvienne.
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