Give It A Name Festival (Part One)

par Turtle (12/05/2007)

Si on nous avait annoncé, il y a quelques années que AFI, Sparta, The Used, Jimmy Eat World, MxPx allaient se produire sur la même scène, il y a fort à parier qu’on aurait pensé qu’il s’agissait d’une fiction. Alors si en plus, c’est à Paris que cette troupe devait se produire, on aurait crier au canular. Et pourtant, c’est bel et bien ce qu’Active Entertainment a réussi à mettre en place en ces jours des 24 et 25 Avril : Tracy Gang Pussy, The Sleeping, Aiden, Motion City Soundtrack, Enter Shikari, Jimmy Eat World, AFI pour le mardi et Minimum Serious, MewithoutYou, Senses Fail, Saosin, Sparta, MXPX, The Used, New Found Glory le mecredi.
Revue des effectifs, c’est parti.

Mardi 24 Avril, 15h30.
Ambiance déjà un peu étouffée malgré l’heure de début d’après midi, rideau noir tiré pour limiter l’espace et condenser la foule,  l'Elysée Montmartre ne veut pas attendre la dernière heure pour faire rocker les enceintes.
Le jeu des lumières masquant les espaces vides, Tracy Gang Pussy débute le festival devant un parterre assez bien garni au vu des conditions (milieu de semaine, commencement au cœur de l’après midi, répartition sur deux jours, annulation préjudiciable de Thursday, prix élevés des places malgré tout, même si l’addition des groupes et leur notoriété peut justifier une telle somme…). A l’aise dans ses baskets, les Tracy Gang Pussy ouvrent avec juste ce qu’il faut de rythmique pour mettre en jambe le public. Malgré un look Afien, c’est en fournisseur de bon vieux punk rock des familles que le combo va faire ses classes. Voix légèrement granuleuse, double guitare, refrains répétés, pléthore de "wohoho", les jeunes parisiens, sans être des bêtes de scène jouent sans fausse note, avec au bout quelques titres bien plaisant ("Southern Girl").

On change le matos et on repart. En une note, la température en prend un coup et les parents accompagnateurs des enfants qui pensaient au vu de TGP que le show allait être "supportable" en prennent un coup. The Sleeping attaque au cordon, avec un emocore emporté et sans détour. Douglas Robinson sue à grosse goutte et s’efforce de communiquer son envie au public. En bon représentant de la team Victory, les Sleeping enchaînent les titres du genre de façon bien conventionnel, calmant la pédale pour plaire au plus grand nombre, se rapprochant alors des compagnons d’écurie comme Hawthorne Height ou Silverstein. Doug mosh malgré tout à répétition pour donner du relief à sa performance. Come from New York… Ca s’invente pas.

Une poignée de minutes d’attente seulement pour la suite du menu. Aiden emboîte le pas dans cette ambiance qu’on lui connaît, mélange de Nightmare Before Christmas, Misfits et punk zombies. Le tube "The Last Sunrise" au commencement, Wil Francis fait tournoyer le micro si follement qu’il l’éclate au sol. L’envie déborde. Aiden pour ceux qui ignoraient encore, c’est une franche copie de AFI et My Chemical Romance qui parvient grâce à son sens de la mélodie malgré cela à se faire une place de plus en plus grandissante au sein de la scène emopunk/pop. Sur scène les ressemblances avec Gerard Way (chanteur de MCR) sont criantes et le combo par son attitude frise parfois la caricature mais qu’importe, les natifs de Seattle sont de vrais showmen. Wil n’hésite pas à se jeter dans la foule, Nick Wiggins fait tourner sa basse autour de lui-même (la fan des Sum41 qui a eu l’arcade sourcilière pétée connaît bien ce mouv’). L’emopunk version MTV emporte pas mal la foule grâce aux standards de Nightmare Anatomy. Le prochain opus, prévu pour août est annoncé via un nouveau titre… très poppy. Le frontman assez déchaîné voudrait un parterre semblable à celui du clip de Leaving Song Part II alors il harangue les foules, les téléguide, encourageant aux circle pits ou aux braveheart (séparation de la fosse en deux, puis course avec collusion). L’effort de prestation est louable, l’exécution un peu moins. La basse mal mixée, la guitare victime de coupure, le micro HS, Aiden n’est pas verni et "Die Romantic" malgré sa fougue transmissible est salement exécutée (notamment en ce qui concerne son couplet). Le quintet repart malgré tout sous les acclamations après avoir fait entonné la conclusion de "World by Storm" ( "It’s in our hearts, it’s in our heads, the world by storm").

"We Are Motion City Soundtrack". Tout est dit. Eléments cruciaux de la 2e vague emo, rarement reconnus à leur juste valeur, les enfants du Minnesota prennent possession des planches avec talent. "Attractive Today" et  le american hit «"Everything Is Alright" d’emblée, impossible de résister. MCS souffle un vent de fraîcheur. Les américains enchaînent les perles de Commit To This Memory avec entrain. Le clavier fait son show habituel, les guitares prennent au corps et la salle pétille. En plus d’offrir une voix au timbre délicieux, Justin Pierre transmet au public son espièglerie fait de charme et de burlesque. Un vrai plaisir émane du groupe tout entier et Justin l’a joue comédien, tantôt speed comme sous l’effet de la coke, tantôt faussement maladroit. Un set chaleureux, enjoué et sincère, qui devrait servir pour le dvd. Quant au prochain album Even If It Kills Me, qu’on se réjouisse, il arrive. Espérons qu’il consacrera les Motion City Soundtrack au rang qu’ils méritent.

Lumière de club, beat techno, Enter Shikari envahit l’Elysée à sa façon habituelle. Les anglais ont la lourde de tache d’effacer la déception de l’absence de Thursday. Bénéficiant d’un énorme buzz ces derniers temps (clip en boucle sur MTV 2, couvertures de magazines…), les londoniens sont accueillis plus chaleureusement que lors de leur dernier passage (ouverture de Alexisonfire et Billy Talent). La recette n’est pas nouvelle, elle est même pas mal pompée en un sens sur HORSE The Band ou Sky Eats Airplane, mais le quatuor a su donné cette pincée d’efficacité et de formatage qui permet de toucher un plus large public. Aux plages emocore dans la plus pure tradition, Enter Shikari rajoute donc ses rythmes electro/techno en mode revival de la dance des années 90. Entre ambiances de cathédrales et de rave party, le public adhère et pogote allégrement ou ondule en transe, au choix. Set rodé (avec les titres "Anything Can Happen In The Next Half Hour", "Return To Energiser", "Sorry You’re Not A Winner" et ses clap clap ), habits de sportif du dimanche, T Shirt "Don’t Talk Just Dance", chanteur debout sur le clavier, on déplora juste le chant atrocement faux du guitariste censé faire les backs vocals. Peut-être plus proche de la performance scénique que musicale, Enter Shikari semble tout de fois avoir de plus en plus de public. Au détriment de formation comme An Albatross, pourtant bien plus authentique et atypique.

… Et Jimmy Eat World s’empara des instruments. Avec JEW, c’est une page emo de légende qui s’ouvre devant nos yeux. "Bleed American" allume le firmament suivie du bijoux "A Praise Chorus". Les fans tressaillissent. Une délégation de (très) jeunes anglais présents dans la salle chantent par cœur tous les titres. La lumière semble sourire, Bleed American prend possession de nos veines. C’est Jimmy, pas de mosh part, mais un feeling constant, intarissable, à la fois rock et émotif. Toutefois, on peut se demander si la présence des arizoniens au sein de ce festival n'est pas un mini un cadeau empoisonné. Placés au milieu d’un pléthore de formations emopunk/emocore et après la tornade Enter Shikari, une partie du public ne donne pas au quatuor l’enthousiaste et le respect qui lui est dû (d'autres ne le connaissent tout simplement pas?). Mais la bande à Adkins passe outre cette forme de froideur et donne à ses inconditionnels quelques minutes de magie grâce aux titres tirés de Clarity : "Lucky Denver Mint", "Crush" et la mythique "GoodBye Sky Harbor" revisitée à la sauce live pour son final immortel. De quoi nous faire rêver d’un concert où l’album serait jouer en intégralité. "Futures", "Works", "The Middle", "Sweetness" et "Pain" achèveront l’édifice, servis par un Jim ne ménageant pas ses efforts et visiblement heureux d’être là, en atteste ses moments de complicité avec Tom Linton. 1 heure de performance au final, brillante, dénuée de surenchère, simplement sublime.

Une attente plus longue, une mise en place plus élaborée, voici LA tête d’affiche : AFI.
L’ambiance rehausse d’un cran, les gens se sont visiblement déplacés pour eux. Etendard en arrière fond, logistique massive, AFI débarque en stars. Il est loin le temps où les californiens ouvraient modestement pour Offsping. "Prelude 12/21" comme chemin premier, Davey Havok arrive, accompagné des samples électro (la régie fera autant que tous les musiciens tout au long, intégrant les effets sonores et samples de Decemberunderground). "Girl’s Not Grey" en relais, pour embraser la fosse ( "(What follows) me as the whitest lace of light, Will swallow whole just begs to be imbrued?" ). That’s AFI version Sing The Sorrow. Le son est très carré et le quatuor généreux (en atteste les courses de Hunter et ses coups de pied sautés).
"Kill Kaustic", "The Leaving Song Part II" : le combo a de la réserve. S’il y avait de quoi être sceptique sur leur prestation au vu de l’orientation de carrière dernièrement choisie, A Fire Inside combat ces doutes et se livre salutairement. La pioche entre Sing The Sorrow ("Death of seasons", "This time imperfect", "Dancing through Sunday", "Silver and Cold") et DecemberUndeground ("Summer Shudder", "Love like winter") prend assez bien, même si c’est au détriment de titres plus ancien (seul "File 13" n’était pas tiré d’un des deux derniers efforts.. mais où sont passés "The Lost Souls", "Wheatered Home", "Morningstar" etc etc ?. "Song 2" de Blur aura quant à elle droit à une reprise de la part des 4 artistes.
Havok en fait des tonnes. Il faut se prendre au jeu, accepter l’idée de (sur)représentation. Plus androgyne que jamais ; précieux, maniéré, adoptant toutes les poses possibles et inimaginables (« souriez vous êtes filmés »). Quelques soucis de voix/micro toutefois, avec certains passages en dedans la faute à un essoufflement vocal ou un matériel défaillant. Mais le charisme efface les quelques sorties de route. Au bout de 39 minutes, le célèbre quatuor fait son aller et retour classique pour un rappel calibré comme on les aime, et se lance dans un "God Called In Sick Toda"y qui projette Davey dans la fosse, débout, porté par une marée de bras, irradié par les néons, en pleine gloire, déifié. "Miss Murder" achève la soirée, pour apporter la preuve que la grande majorité de la salle semble être des fans de dernière heure au vu de l’engouement (le plus important de la journée) pour ce titre. 45 minutes et le rideau tombe. La musique des cœurs demeure, le reste appartient à la nuit.

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