Retour de Slipknot dans la capitale des Gaules 5 ans après leur dernier passage à la mythique Hall Tony Garnier. Accompagnés par Motionless In White (Metalcore, USA) sur cette date, les 15.000 places de la LDLC Arena flambant neuve sont quasiment toutes vendues. En même temps, une si belle affiche ravira assurément plusieurs générations. De l'Emo-kid dont le père est fan de la première heure au metalcoreux trentenaire ayant grandi avec Vol. 3, le public est finalement très (très) varié que ce soit dans la fosse ou les gradins. Malgré les 4 jours de Hellfest et la fatigue encore lourde, je remets le pied à l'étrier pour aller voir une 8ème fois le groupe qui m'a plongé dans le Metal 20 ans plus tôt.

Motionless in White

Une très agréable surprise de voir le groupe de Metalcore américain en ouverture de cette soirée. Depuis la sortie de l'excellent Scoring the End of the World en 2022, ils ne cessent de grandir et d'enchainer les tournées à travers l'Europe et les US. C'est assez fascinant de voir que ce groupe décrié 10 ans plus tôt est maintenant devenu un incontournable de la scène Metalcore. Après un passage remarqué au Transbordeur de Villeurbanne en 2023 avec Lorna Shore en première partie (quand même !), voyons ce que peux envoyer MIW dans une salle qui compte 10 fois plus de places !

18h ouverture des portes, 20h début du concert dans une salle déjà bien remplie. Les fans de Slipknot ayant probablement eu le courage de faire la queue en plein soleil plusieurs heures avant l'ouverture, ce sera depuis le fond de la salle que nous verrons ce premier concert. C'est même plutôt dommage d'être si loin, le show est vraiment honorable pour une première partie. Trois écrans, un fond de scène énorme et le maquillage très soigné du quintette américain forment un tout assez sympa. Musicalement c'est un peu difficile de se faire un avis, l’océan de basses dans lequel on nage nous empêche clairement d’entendre le chanteur. Les breaks sont bien marqués, ça c'est indéniable, mais un équilibrage un peu plus fin n'aurait pas fait de mal.

Ce qui est vraiment dommage est le temps de jeu accordé au groupe. Si tu as 3 premières parties, on est moins exigent sur le temps de passage. Avec un seul groupe, qui plus est de cette notoriété, se limiter à 30 minutes était clairement frustrant. Sans aller jusqu'à 1h de set, 45 minutes n'aurait pas été cher payé. J'imagine que les 30 minutes pour monter la scène de Slipknot étaient incompressibles...

Slipknot

Et durant cette fameuse demi-heure, on a eu le droit à de l'animation. Partant du milieu de la fosse, une immense tour de gobelet commence à se monter, la salle entière aura apporté son verre à l’édifice. Ce moment de divertissement aura eu le mérite de nous occuper !

21h, extinction des feux et début d'une intro angoissante et assez interminable (mais ça on y reviendra plus tard !). Puis 742617000027 démarre, 4 coups de charley, 4 coups de cymbales, et l'incontournable (Sic) explose. Bon bah sans surprise, c'est une boucherie dans le(s) pit(s), l'agressivité que suscite cette musique est viscérale et c'était sans compter l'enchainement avec People=Sh*t. Ils avaient déjà tenté ce combo d'intro sur une tournée précédente, les deux musiques ayant le plus haut score violence x popularité, ça pose les bases. Et pour conclure ce premier acte, la très demandée Gematria que le groupe n'a jamais joué en Europe avant cette tournée. De quoi ravir les fans.

Je dis "premier acte", parce que la transition qui aura suivi fût tellement longue qu'on aurait cru à un rappel. Beaucoup de nappes instrumentales sans grand intérêt et quelques mots de Corey Taylor entre autre pour excuser Shawn "The Clown" Crahan malheureusement resté en Iowa pour raisons familiales. Ensuite, l'incontournable Wait and Bleed puis l'évitable Nero Forte à la reprise et... encore un break ! Tout ça pour introduire Yen, ce n'est clairement pas nécessaire. Psychosocial s'enchaine et une nouvelle interruption, avant de passer sur un remix de Tattered and Torn par le DJ Sid Wilson, que j'ai trouvé très bien. Fun Fact, le plus gros circle pit de la soirée a été sur ce son. Comme quoi, le blast et les gros riffs ça sert à rien (c'est faux !).

Reprise avec l'incroyable The Heretic Anthem, où tout le talent d'Eloy Casagrande a pu être mis justement en valeur. Et c'est un euphémisme. Je pense qu'on peut dire sans trembler des genoux que le jeune brésilien est actuellement le meilleur batteur Metal au monde (fight avec Mario D.). Ses frappes sont aussi précises qu'elles sont fracassantes. Un vrai bucheron canadien à l'approche des premières neiges. Dans un style diamétralement opposé à celui de Jay Weinberg (le batteur précédent qui était beaucoup plus groovy), Casagrande est finalement largement plus en harmonie avec la musique du groupe. Corey, Mick et James n'ont plus rien à prouver et leur style est le même depuis 20 ans, mais Eloy apporte cette touche de fraîcheur qui redonne des couleurs à Slipknot.

On enchaine avec The Devil in I et Unsainted avant de clôturer avec Duality. 3 bangers, c'est une belle manière de rentrer au vestiaire avant le bouquet final. Retour des huit musiciens sur scène avec l'indémodable Spit it Out, malheureusement sans le classique "Jumpdafuckup", puis Surfacing qui clôturait historiquement leurs concerts. Mais ce sera une nouvelle fois Scissors qui terminera cette soirée, étant devenue l'outro depuis la tournée de célébration des 25 ans de l'album éponyme. Un choix surprenant mais pourquoi pas.

Bilan : Un batteur absolument exceptionnel, un light-show impressionnant qui rattrape le manque criant de décors et visuels auxquels Slipknot nous avait habitué et un Corey Taylor très en forme nous auront fait passer une bonne soirée. Concernant les transitions vraiment trop longues et beaucoup trop nombreuses, on peut ouvrir le débat. Certains diront que ça fait partie de l'ambiance installée par le groupe, ce que j'entends. A titre perso si j'avais pu avoir Disasterpiece, Purity ou Left Behind à la place, j'aurais été heureux !

Le concert est produit par Live Nation, merci à eux pour l'accréditation.