Chat Pile, Agriculture

C'est la toute première fois que Chat Pile vient en France après deux albums qui ont fortement bouleversé le monde des musiques extrêmes avec God's Country en 2022 et Cool World l'an dernier. Une venue fortement attendue et pour preuve, le Trabendo de Paris affiche complet ce soir. J'avais déjà vu le groupe au Roadburn il y a deux ans, tout comme quelques jours plus tôt, au même endroit pour un secret show au skatepark et c'était bien évidemment une raclée en bonne et due forme. Spoiler : ça va être également la même ce soir.

Il faut dire que l'ouverture nous met directement dans les cordes avec "I Am Dog Now" et cette basse qui te colle des coups de poing au foie. Toute l'essence de Chat Pile, dans ce seul morceau, est condensée. Lourdeur Sludge / Doom, étrangeté Noise, et agressivité Post-Hardcore, ce qui est également confirmé par "The New World" qui suit avec ce truc maladif, suintant, porté par le chanteur Raygun Busch, torse nu, en short, déambulant sur la scène tel un pauvre hère. Il faut dire que le moustachu va porter la prestation de Chat Pile vers le haut, tant sa dégaine et son attitude sied à merveille à ce que porte le groupe : violence, souffrance, pessimisme et engagement politique. Le bougre se démène sur scène, façon Punk. Rien à secouer d'avoir une attitude, un genre, une posture : seul compte d'être soit même, et ça fait tellement de bien de voir ce genre de frontman en avoir absolument rien à faire et être lui même. Raygun Busch est passionné de cinéma et comme à Tilburg (où il parlait de Paul Verhoeven) il réalise aussi des speech sur le cinéma français en évoquant Le Diner de Cons ou bien la cinéaste Agnès Varda. Mon anglais étant misérable, je n'ai pas tout saisi de ses interventions à propos du cinéma français hélas, mais toujours est-il que c'est chouette d'avoir ce genre d’aparté entre les morceaux et de savoir que le chanteur est un vrai passionné de cinéma avec une culture hyper étendue.

Lorsque Chat Pile joue "Pamela" (qui est l'un de mes morceaux préféré issu de God's Country) je suis aux anges. C'est sans doute leur morceau le plus bizarre, mais étrangement addictif, tel un fix ou une personne toxique avec qui il faut rompre les ponts. Et pourtant. Pourtant on y revient. Avec ce "Waiting to die" ou "Resurrect my son" entêtant au possible. Autre chose qu'il faut préciser, c'est que c'est une véritable baston qui se déroule devant le groupe, tellement le public est à fond. C'est bagarre, ça slam dans tous les sens, ça chante les paroles devant le groupe et le concert de ce soir est super communicatif. Tu sens que les gens en veulent, sont là pour Chat Pile ; que c'est tout sourire et c'est bien entendu trop cool. Le gros moment baston va arriver lorsque les américains entament "Why ?" C'est la furie dans la fosse, tout le monde est à fond, à reprendre les paroles en choeur. Et comme si ça ne suffisait pas ça enchaîne avec "Tropical Beaches, Inc." et "Masc" pour balancer ultra lourdeur, groove de zinzin (peut-être leur morceau le plus Korn) et étrangeté Noise / Post-Hardcore gênante et obnubilante.

Chat Pile reviendra pour un "Garbage Man" de bon office, histoire de conclure que ce groupe est une bête de scène. Setlist de ouf, basse / batterie qui te calent des uppercuts aux reins, Chat Pile, a dead ceci. Du tube, de la violence, de la présence véner, la démonstration que leurs deux disques sont des tueries absolues : Chat Pile est là, à prouver qu'ils sont juste trop forts. Agriculture officie le rôle de première partie, mais n'appréciant que très peu le groupe qui sonne comme un faux Deafheaven à mes yeux, j'esquive tout cela. Dommage pour eux, mais le concert de Chat Pile était dingue.