Touché Amoré / Trauma Ray / Yarostan @ Trabendo, Paris (18/02/2025)

par Arnono (23/02/2025)

Après quelques galères de GPS et des nerfs bien stimulés, des sandwichs au Jambon végétal La Vie avalés, me voilà finalement arrivé bien accompagné au Trabendo.

Habitué à faire le déplacement pour les dates parisiennes de TOUCHE AMORE, la soirée me plonge presque dans une ambiance familière. Je croise quelques têtes, certaines pour la première fois.

Les sourires et l’enthousiasme des discussions me font presque oublier ma journée de travail passée, et celle qui arrivera très vite le lendemain.


Il y a déjà beaucoup de monde en place et sur le qui-vive pour le set de la première partie, assuré par YAROSTAN. Le groupe avait annoncé sa présence il y a un mois environ.

Les cinq gars originaires de Marseille arrivent très vite à capter l’attention du public, avec une ambiance immersive, aidée par des stroboscopes hyperactifs et un son lourd et puissant.

Je ne connaissais pas YAROSTAN, et j’ai l’impression qu’ils dégagent une identité forte, assez unique. Pour être honnête, leur musique ne me parle pas forcément.

Cependant, je comprends bien que certaines personnes qui m’entourent restent scotchées, les pieds encore vissés au sol mais la tête prête à être déboulonnée.

YAROSTAN véhicule quelque chose de fort, à travers des sonorités variées allant du Screamo à des passages Math-rock voir complétement Emo. Les chœurs chantés avec les micros un peu éloignés, des mélodies un peu éloignées et isolées, ça fait toujours son petit effet. Durant leur set, les guitares valsent et semblent vouloir s’amuser à aller décrocher le plafond.

L’énergie véhiculée est énorme, le sentiment d’urgence et de frustration également. Les guitares utilisées attirent aussi mon attention, toutes dotées des mêmes formes de têtes, signature du très bon boulot du collectif Old Tree.



Après quelques minutes de répit, c’est au tour de Trauma Ray, originaires du Texas, de monter sur scène. Le groupe en est à 7 ans d’existence mais à seulement 4 petits mois de son premier album, « Chameleon ».

La personne qui joue de la basse est une femme et je tenais à le souligner, étant malheureusement la seule musicienne de la soirée. Cependant, il ne me semble pas qu’elle soit un membre permanent de la formation.

L’ambiance est désormais bien différente que celle vécue avec YAROSTAN. A l’image du chanteur, casquette et capuche vissés sur la tête, il est impossible d’échapper à l’introspection qui dégouline de partout dans la musique de Trauma Ray. Même les stroboscopes se sont calmés, plongeant maintenant la salle d’une seule et unique couleur, le vert forcément, ramenant à l’identité de l’album au nom de reptile que j’ai cité plus haut.

Le groupe ne parle presque pas entre les morceaux, tout est dans la discrétion et le camouflage.

Les trois guitares font bien leur boulot et le Grungegaze bien maitrisé de Trauma Ray fait donc également hocher les têtes, mais d’une manière moins chaotique que le groupe précédent.

De mon côté je suis totalement captivé par ce que j’ai devant les yeux et dans les oreilles, et je me demande pourquoi je n’ai pas pris le temps d’écouter cet album que j’ai pourtant acheté en vinyle, peu de temps après sa sortie, content de voir un nom de groupe qui m’était familier dans les bacs de mon disquaire. Je me demande si mon voisin a vu l’une des nombreuses fois où j’ai dû avoir la bouche ouverte, l’air totalement transporté, hébété par les sonorités envoutantes à la Narrow Head (Shoegaze / Post-Hardcore, Etats-unis, Dallas), et qui vont même jusqu’à piocher du côté de Hum (Alternative Rock, Etats-Unis, Illinois) et parfois de My Chemical Romance.

Trauma Ray nous a proposé une setlist de 10 morceaux, dont 8 étaient issus de ce premier album. Les deux restants, « Halley » et « Relay » peuvent se retrouver sur leur split avec Downward et sur leur premier EP éponyme.



La veille, j’avais cru comprendre que Jeremy Bolm, chanteur de TOUCHE AMORE qui est donc la tête d’affiche de ce soir, avait des soucis de cordes vocales. La triste nouvelle sera confirmée par le concerné dès l’entrée en scène des californiens, réclamant directement l’aide et le soutien du public pour donner de la voix avant même avoir joué le premier morceau. Un autre Batteur est présent pour cette tournée derrière les fûts, le groupe évoquant l’absence d’Eliott BABIN, devenu papa récemment.

La suite est assez étonnante. Etant fan (oui je n’ai clairement pas peur du mot ici) de ce groupe depuis quelques années, j’ai pu entendre les difficultés de Jeremy sur certaines parties de la setlist. Mais en discutant avec d’autres personnes qui suivent de beaucoup plus loinTOUCHE AMORE, la différence sans le souci évoqué d’entrée de jeu était à peine perceptible.

A peine perceptible avant que Jeremy Bolm tente de prendre la parole après avoir chanté, hurlé sur 3 / 4 morceaux. En effet, sa voix ne sort plus lorsqu’il parle, soulignant de lui-même le problème avec les mots « my speaking voice ». Cela n’a pas empêché l’intégralité de la salle d’être encore bien plus « vivante » et animée.

La prestation de Touché Amoré est entamée avec « Nobody’s », morceau catchy et très accrocheur qui ouvre également le bal sur « Spiral In A Straight Line », dernier album en date du groupe, sorti comme Trauma Ray en octobre 2024. La réaction du public montre bien la capacité qu’a TOUCHE AMORE à captiver le public, et cela après des milliers de concerts et 6 albums studio.

Les morceaux défilent et sont interprétés avec une intensité très haute. Tous les albums y passent avec des titres comme « Come Heroine », le presque hymne « Reminders » mais aussi « And Now It’s Happening In Mine », « Ratpure »…TOUCHE AMORE se montre généreux, et ce malgré la situation.

Les minutes passent et Jeremy prendra la parole une dernière fois entre les morceaux (avant de laisser la tâche à l’un des guitaristes, Clayton Stevens) pour préciser que ce n’était pas envisageable pour eux d’annuler le concert. Jeremy précise à la suite que TOUCHE AMORE a annulé qu’une seule date en 17 ans d’existence, ce qui me parait assez incroyable pour un groupe qui tourne autant.

Le message est bien passé, mais je n’arrive pas à m’enlever une petite sensation de malaise, notamment lorsque le public attend et réclame un rappel, pensant aux dates restantes de la tournée et notamment celles en Angleterre avec les chouchous Chalk Hands. Le groupe revient tout de même sur scène pour jouer « Amends » avant d’être fortement applaudi.

Le lendemain, le groupe annonçait l’annulation de son concert à Southampton, pour donner le temps à Jeremy de se reposer. Parfois, il faut savoir ne pas penser qu’à son plaisir immédiat à soi.

Heureusement, c’est finalement la seule date qui a été annulée.

Je repartirai de la salle, le cœur gros comme une patate, encore tout chamboulé par les émotions omniprésentes et partagées ce soir-là.



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