Opeth + Grand Magus à l'Olympia
par Neredude (12/03/2025)

Une tournée d'Opeth est toujours un événement pour une fanbase qui continue de grandir avec les années, a fortiori quand c'est pour promouvoir The Last Will and Testament, album qui marque le retour du growl légendaire de Mike Akerfeldt. Rendez-vous était donc pris le 21 février à l'Olympia, en compagnie de leurs compatriotes Grand Magus, grands apôtres d'un heavy/doom metal musclé.
Cette affiche Opeth + Grand Magus avait de quoi surprendre sur le papier, les deux formations jouant une musique radicalement différente, mais elle était bienvenue, les tournées de Grand Magus étant rares. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'on entend le premier riff de « I The Jury ». JB Christoffersson est bien en voix, soutenu par une section rythmique qui ne joue pas dans la finesse, mais qui convient bien au stylé joué. Leur musique représente tout ce que Manowar aurait dû incarner si leur jauge de respect ne s'était pas évaporée avec les cheveux d'Eric Adams : des riffs puissants, des solos mélodiques, chiadés et des lignes vocales épiques adoptant le chant lexical de Conan Le Barbare.
Le son est un peu décevant en début de concert, avec les fréquences basses qui gobent les riffs de guitare, dommage quand on parle de la substantifique moelle de la musique du trio. Heureusement, cela s'améliore dès « Steel versus Steel », permettant au public de profiter du concert dans de bonnes conditions. La setlist est bien pensée, un best-of piochant dans l'essentiel de la discographie de Grand Magus pour en proposer les meilleurs tubes comme « Ravens Guide Our Way » ou « Like the Oar Strikes the Water ». L'accueil réservé par le public est particulièrement enthousiaste, ce qui a l'air de beaucoup toucher le groupe, JB allant jusqu'à dire « Come on, we are just a support band ! ». On ne peut s'empêcher de se demander comment la formation sonnerait avec une seconde guitare venant doubler les riffs de JB, mais force est de constater que cela fonctionne bien en trio.
En somme, c'est un carton plein pour Grand Magus, qui a réussi à gagner la faveur du public en plus de bien chauffer la salle pour Opeth. Le concert se termine dans un moment de communion où le public chante en choeur la mélodie de « Hammer of the north ». On espère les revoir rapidement pour une tournée en tête d'affiche.
Pour être honnête, notre souvenir du premier concert d'Opeth à l'Olympia en 2019 est un peu amer, la faute à un son approximatif qui avait gâché la performance du groupe. C'est donc avec une part d'appréhension que nous attendons l'arrivée des suédois sur les planches de l'Olympia. Et le début du concert sur « §1 » ne présage rien de bon, avec encore une fois des fréquences basses qui font vibrer les tympans et écrasent les autres instruments. Dieu merci, l'ingé-son va corriger cela au fur et à mesure du concert pour obtenir un son très bon sur la seconde moitié du set (NDR : à notre emplacement en fosse en tout cas).
Première chose à noter : le growl de Mike est particulièrement percutant ce soir. On l'a déjà connu un peu faible sur certains concerts mais ce n'est manifestement pas le cas ce soir et ça fait plaisir ! Tous les musiciens sont à leur meilleur niveau, notamment Waltteri Vayrynen, qui arrive presque à faire oublier LE batteur historique d'Opeth, Martin Lopez. On peut aussi mentionner Fredrik Akesson, toujours très incisif en solo et Joakim Svalberg, qui soutient bien le groupe avec sa voix et lignes de synthés vintage, même s'il est vrai qu'on ne les entend peu ou pas sur certains morceaux. Joakim interprètera par exemple un excellent solo de clavier sur « In My Time of Need », remplaçant le chorus de guitare. La setlist est un autre point positif notable, elle sort des habitudes prises par Opeth en la matière depuis des années : on ressort des classiques comme « Master's Apprentices », le très beau « Häxprocess » (NDR : joué dans un silence quasi-religieux très appréciable) de l'injustement décrié Heritage et un deep-cut, « The Night and the Silent Water », qui n'avait pas été joué sur scène depuis 2009. Mike est visiblement très heureux d'être là ce soir et nous gratifie de ses interventions pince-sans-rire entre les morceaux, qui culminent avec « You Suffer » de Napalm Death, joué à deux reprises par le groupe dans l'hilarité générale !
Cela n'a aucun impact sur la qualité du concert qui nous est délivré, mais on peut s'interroger sur la qualitlé des visuels projetés sur les multiples écrans derrière le groupe : certains sont vraiment kitsch, d'autres ressemblent au visualiseur Windows Media Player (rip) et une paire d'entre-eux ressemblent franchement à du contenu généré par IA... nous laisserons à Opeth le bénéfice du doute là-dessus mais la tentation d'utiliser l'IA pour « créer » des visuels est rampante, à tous les niveaux de notoriété. C'est un phénomène à surveiller et à dénoncer quand les artistes y ont recours. Si on fait le bilan, on peut affirmer qu'Opeth a délivré une performance à la hauteur de ses standards ce soir : l'exécution était quasiment parfaite, le son de bonne qualité, la setlist bien équilibrée entre classiques et pépites moins reconnues et le tout avec une générosité certaine, venant autant du groupe que du public. Opeth ont confirmé une fois de plus que le succès qu'ils connaissent est mérité et on espère déjà les revoir dès que possible. On les remercie, ainsi que les organisateurs du concert, Garmonbozia Inc. "Thank you Paris, that was amazing !" Mike Akerfeldt
Photos © Arnaud Dionisio 2025
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe
Vous aimez ce genre de contenu ? Soutenez-nous !
Vous pourriez aimer
le 04/04/08 - Paris
(novembre 2016)
Le 30 janvier 2025
L'aéronef, LILLE (22/03/2025)