Carcass, Brujeria, Rotten Sound
par Xammax (10/05/2025)

Carcass, Brujeria et Rotten Sound : trois légendes rassemblées pour la tournée "Europa Rigor Mortis Part 1" qui s’annonce d'ores et déjà comme mémorable. Après deux dates en France (Moloco-Audincourt le 18/01 et Victoire 2 - Montpellier le 19/01), les groupes faisaient une halte très attendue depuis des mois à Rennes dans la renommée salle L'Etage ce mardi 21 janvier 2025 ! Quoi de mieux que cette date pour commencer l’année en se réchauffant la nuque et les épaules. Beaucoup avaient fait le déplacement non seulement de Rennes, mais aussi de Nantes, Vannes et la région proche.
La raclée sonore de la soirée commence très fort avec Rotten Sound, les patrons du Grind finlandais. Pendant plus de trente minutes, les vocaux agressifs et puissants de Keijo Niinimaa se déversent sur la timide fosse et dans tout l'Etage. Les titres s'enchaînent aussi vite que les frappes de blast beat et D-Beat de Sami Latva associés à la lourdeur fulgurante de la basse de Kristian Toivainen, le tout poussé à l’extrême par les riffs Crust de Mika Aalto avec le gros son Death Metal tant adulé de la HM-2 (l'âme de Rotten Sound). Ponctué des messages engagés de Keijo, leur set a finalement bien chauffé le pit, les épaules se rejoignent et les espaces se resserrent dans la fausse. Vivement la suite après un arrêt bien mérité au bar pour se rafraîchir la tête entre potes !
Place maintenant à Brujeria, le super groupe de Death Grind qui à l’origine comportait des membres d’autres grands groupes comme Fear Factory (Dino Cazares), Faith No More (Billy Gould), Jello Biafra (Dead Kennedys), Tony Campos (Static-X), Nicholas Barker (Cradle Of Filth, Dimmu Borgir), Adrian Erlandsson (At The Gates, Cradle Of Filth), Shane Embury (Napalm Death) et bien entendu Jeff Walker de Carcass, tous cachés derrière des bandanas façon chicanos. Cette tournée est un véritable hommage à leurs deux chanteurs décédés l’an dernier, Juan Brujo le leader (18/09/2024) et Pinche Peach (17/07/2024). Après une annulation de leurs concerts fin 2024, ils reviennent donc en 2025 pour répandre leur Death Metal aux influences mexicaines et américaines. Dès l’apparition des metalheads mexicains, chiliens et colombiens dans la fosse, le pit se pare d’une puissante ferveur. Bien qu’avec un tempo plus lent que le groupe précédent, il y a une bonne intéraction avec le public et le tout en espagnol et en anglais.
Le groove du chanteur El Sangrón et sa présence scénique permet de se plonger dans les paroles : rage, colère, politique, sexe, marijuana et cocaïne ! Tout un programme ! Les musiciens sont assez statiques mais assurent un très bon son qui voyage dans les contrées du Slam Death Metal. Le line-up est composé pour l’occasion de El Criminal (Anton Reisenegger) à la guitare, El Sativo (fils de Juan Brujo) à la batterie, Zangano (Sergio Lopez) à la basse et El Sangrón (Henry Sanchez) au chant. On assiste alors aux premiers slams depuis le pit avec en prime un aficionado du groupe en sombrero. On est loin de la puissance de la soirée de Montpellier en particulier à cause des crash barrières, mais l’intention est forte et l’énergie dégagée est contagieuse. Le public se met à reprendre les refrains hispaniques agrémentés de nombreux "cabrónes!". Et pour planter le décor ultime de Brujeria, le chanteur solide sur les appuis micro dans une main et brandissant la machette dans l’autre annonce le final en s’attaquant au fameux morceau "Matando Guëros" ! Pour finir en beauté après avoir voyagé de l’autre coté de l’Atlantique, on assiste à une version revisitée de la Macarena intitulée comme il se doit "Marijuana!", de quoi relâcher les muscles avant le boss final : Carcass ! Donc direction le merch bien fourni en vêtements pour les trois groupes (un peu moins en disques) et on en profite pour un rafraîchissement rapide éclair. Le bar assure avec rapidité pour le dernier concert !
L'intro de Carcass avec les premières notes résonne dans tout l’étage et c’est un moment magique ! Le cœur palpite, la nuque frissonne et les muscles sont prêts à l’euphorie et la décharge sonore que va insuffler ce groupe légendaire. Le batteur Daniel "Dan" Wilding s’installe avec le guitariste James "Nippy" Blackford, viennent ensuite les deux bosses Bill Steer (toujours en patte d'eph) et Jeff Walker (désormais sans cheveux ni dreads des début et sans lunettes teintées). Nouvelle apparence mais toujours ce regard perçant, cette attitude qui fascine : basse vers le ciel avec le pied sur le retour qui vous prend aux tripes. Le morceau saillant "Buried Dreams" transforme directement la fosse statique en un pit agressif. Le set permet à chacun d’apprécier les différentes époques du groupe de Reek Of Putrefaction (1988) à Torn Arteries (2021), en passant par le chef-d’œuvre Heartwork (1993). Le public est à fond et la fosse enchaîne les circles pit entraînants et des slams en direction des gradins. La chaleur se fait ressentir et Jeff balance de la flotte à qui veut pendant l’intro de Genital Grinder. Les mecs ont le sourire et c’est communicatif ! Il pleut des médiators à chaque fin de chansons des mains de Jeff Walker et Bill Steer. On passe des riffs Heavy de Swansong (1995) et Surgical Steel (2013) au Death Grind de Symphonies Of Sickness (1989) avec un plaisir intense en regardant la facilité d’exécution des solos techniques de Bill Steer dans la pénombre et qui se charge en plus sans problème des chœurs.
Les blasts de Dan sont d’une précision chirurgicale et le co-guitariste James toujours très proche du public assure ses parties tranchantes à la perfection. A aucun moment Carcass ne relâche la pression et l’enchaînement des morceaux permet encore plus de rentrer dans une sorte de frénésie qui perdure même à la fin du concert. Le set de 75 minutes aura vraisemblablement contenté les férus du brutal Goregrind des débuts et les adorateurs du Heavy Death Metal des albums plus récents.
C'est une excellente date dans cette tournée qui s’annonce grandiose et qui montre une fois de plus la toute puissance sonore brutale intemporelle et la grande forme physique de Carcass même après quarante ans. Carcass méritait depuis très longtemps une atmosphère de folie en salle avec un public dédié à la différence des gros fests. Il ne reste plus qu’à souhaiter le meilleur pour les prochaines dates à l'étranger et en France, à Toulouse (Le Bikini) le 30/01, à Biarrit (L’Atabal) le 31/01, à Paris (International Tattoo Convention) le 01/02 et Oignies (Le Metaphone) le 03/02. On a déjà hate de voir les dates de la tournée la tournée Europa Rigor Mortis Part 2 !!! Je tenais aussi à souligner la très bonne organisation de l’Etage et de Rage Tour pour cette date. Les personnes à l’entrée et au bar étaient rapides et ont fait preuve d’une sympathie rarement vu en concert. Merci à toutes ces personnes qui ont pris soin du public pendant la soirée !
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