Die Selektion, Machinalis Tarentulae - Toulouse (Chorus)
par Fragone (13/12/2024)

Le 7 décembre 2024.
C'est la tendance. A Toulouse comme ailleurs la réaction relève le nez. Cela avait commencé en octobre dernier avec la procession du Gardien du Temple, déambulation dans les rues des grosses machines pour laquelle les orgas avaient dû aller s'expliquer auprès du diocèse. La plaisanterie s'est poursuivi il y a quelques semaines avec le concert d'And Also the Trees, initialement programmé à l'église désacralisée du Gesu, pour lequel il a fallu trouver un lieu de repli en catastrophe. Enfin, lors de la Setmana Santa, le concert du dimanche a été annulé faute de pouvoir retrouver un lieu de concert. Suite aux pressions des groupuscules cathos du quartier qui voient des satanistes partout autour d'eux (mais pas les fafs en leur sein), la Mairie marche sur des oeufs, les élections n'étant pas si loin ça. Par conséquent, interdiction pour les adeptes de musique profane d'utiliser les lieux rappelant de près ou de loin la religion. Et tant pis si ça met dans la panade les petites orgas qui suent sang et eau pour que la ville ne ressemble pas à un musée avec Nougaro en musique de fond. Par la force des choses Machinalis Tarentulae et Die Selektion sont donc chargés de clôturer ce festival goth qui s'est implanté à Toulouse depuis quelques années.
Machinalis Tarentulae n'était pas sorti de sa campagne depuis 5 ans. Machinalis Tarentulae c'est Miss Z (ex-Punish Yourself) et Justine, au sein d'un duo électrique chargé d'ambiancer une soirée qui devrait se terminer tard dans la nuit. Je vois le concert à travers un filtre de fumigène bleuté. Tantôt tribal, tantôt hypnotique, MT c'est l'eau et le feu, le caractère tempéré de Justine et sa voix de banshee, dominant sa viole, lui faisant mal jusqu'à la faire hurler dans les phases complètement hystériques; le feu avec Miss Z, son côté primal lorsqu'elle martèle son tom ou se déchaîne avec sa guitare, dégueulant de riffs sursaturés dont le seul reproche est qu'ils engloutissent parfois les fines sonorités de la viole de Justine. Le duo joue en pays conquis pendant une heure, juste le temps de bien chauffer l'espace pour l'autre attraction de la soirée. Retour gagnant.
Effectif minimum pour Die Selektion qui arrive en duo, sans Samuel, sur la scène du Chorus. Depuis leur dernière apparition à Toulouse, les années ont passé, les physiques ont changé, mais l'énergie est intacte. Il ne faut pas grand chose pour embarquer le public dans ses volutes gymniques, en duo survolté qui carbure au mousseux durant tout le set. Un set qui démarre tranquillement avec "Schatten", en guise de bienvenue mais qui devient progressivement plus athlétique et dont le côté hypnotique est bien tempéré par la trompette de Hanes, qui ne se ménage pas derrière les machines. Luca déploie une énergie folle pour faire remuer les gens et le duo égrène les titres plus récents "Zeuge Aus Licht", "Was Ubrig Bleibt" ou "Drei Gesichter", mais fait aussi un carton avec les anciens "St-Léonard", "Steine auf dein Haupt" ou "Kühle Lippen", estampillés EBM, tout cela sans suer, Luca desserrant à peine son noeud papillon en fin de set. Excellente manière de boucler la Setmana Santa qui nous a fait oublier l'espace d'un moment le froid glacial sévissant ce samedi soir.
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