Radar Festival 2024 - Jour 2

par OonaInked (22/08/2024)

L’Arena n’amasse pas foule en ce début d’après-midi, à peine cinq ou six rangées de personnes sont présentes devant la Neural DSP Stage pour Kyros. J’étais très impatiente de découvrir le quatuor britannique sur scène car ils n’ont apparemment pas eu moult occasions de fouler les planches françaises, ou même ailleurs qu’au Royaume-Uni. Quelques bouts de mannequins blancs sont éparpillés sur le devant de la scène, en référence au nom du dernier album, mais passent inaperçus dès qu’on dépasse le premier rang, noyés entre les câbles et les amplis au sol. Pour future référence, je suis convaincue que Kyros mériterait largement sa place plus haut dans le running order, ne serait-ce que pour Shelby, qu’elle ait plus de temps pour s’échauffer la voix et faire proprement les aigus d’Esoterica - entre autres - au lieu de chanter à l’octave d’en dessous... C’est dommage car toute la partie instrumentale et la lumière étaient très chouettes.

Je tente de redonner une chance à la Sneak Stage avec Seething Akira. Vous pourriez penser qu’un projet fondé en 2012 aurait acquis une notoriété plus importante que simplement régionale, ce n’est pas le cas. Nous avons donc affaire à un mélange de Néo Metal et d'Electro, qui avec le temps semble vouloir surfer sur la hype ascendante d'Enter Shikari ou Electric Callboy. La différence, c’est que ces derniers assument à 200% leur esthétique kitch néon Y2K tandis que les Anglais semblent toujours avoir le cul coincé entre deux chaises. Prenez l’exemple de Knock Off God : cette piste, répondant bien plus aux codifications Néo Metal et Metalcore, fonctionne bien mieux que d’autres ! C’est con, ils ne l’ont pas jouée… Outre les break de Kenneth Dopeland, je n’y ai pas trouvé grand chose d’intéressant. À la rigueur, quitte à être un peu bordélique, le groupe aurait davantage fait sens en after. Là, c’était peut-être un peu tôt.


Photo : Loztogs

Vous voulez un autre groupe anglais fondé en 2012, mais qui a su traverser les frontières et les océans ? Ithaca. En support de Get The Shot pour leur tournée européenne de début 2023 ou écumant les États-Unis, les londonien.ne.s savent se faire remarquer, autant par leur musique que par leur militantisme. Ils avaient d’ailleurs fait partie de la vague d’annulation au Download dénonçant les liens de l’organisation avec Barclays, investisseur dans l’armement israélien (cf : article de la BBC). Leur présence au Radar parle d'elle-même et se porte garante des valeurs progressistes du festival. Les soucis techniques s’enchaînent (comme à Louder Than Life, ils n'ont décidément pas de chance), il faudra deux/trois titres à Djamila (Chant) pour que son scream soit un peu plus propre, mais dans l’ensemble, j’ai trouvé leur prestation très carrée ! Les oppressions systémiques, la rage et le trauma découlent de They Fear Us (2022), leur deuxième chapitre acclamé par les critiques, le contraste entre mélodieux et explosif est réussi. L’un des guitaristes profitera d'une brève pause pour faire passer un message d’utilité publique sur la santé mentale : "À chacun d'entre vous qui vous battez contre vos démons : vos traumatismes ne vous définissent pas, comme d'autres choses, ça va passer, et vous n'êtes pas seuls". Bref, je vous recommande d’écouter l’album avec vos meilleurs écouteurs. 

On profite d’une pause accompagnée de frites au fromage vegan pas ouf pour reposer nos oreilles (aussi parce que pas particulièrement cliente de Hail The Sun) et ça repart avec Heart Of A Coward et leur intro sur Gangsta’s Paradise de Coolio. Il est 16h00, la salle principale est déjà bien plus remplie, évidemment, on ne les présente plus. C’est sur Mouth Of Madness qu’un circle pit est lancé, même si à ce stade il serait plus honnête d’appeler ça une farandole et un mini wall of death amical. Les premiers slams arrivent peu après, en quantité déjà plus impressionnante que pendant Vola ! L’énergie du public est certes en deçà de ce à quoi je m’attendais connaissant le "mosh potential" du groupe (un seul "vrai" circle pit pendant Collapse et une deuxième tentative de mini wall of death qui tombe à plat), mais leur réceptivité ne laisse aucun doute.


Photo Ruben Navarro

Du Metalcore bas du front dans une salle basse de plafond, Graphic Nature n’est plus dans la métaphore mais dans la mise en abîme. Ca fait le taff, sans rien d’extraordinaire. "Neutre, sympathique, sans animosité », comme dirait François Pérusse. C’est l’heure de mettre un peu plus de substance dans nos ventres et nos oreilles avec une pizza et ce que j’ai entendu être décrit comme du "Meshuggah après un AVC" : j’ai nommé Car Bomb. Pour être brève, c’est ni plus ni moins qu’exactement ce à quoi on peut s’attendre des Longislandiens : un best of avec des "pew pew" à foison, des bends pleins de distorsion, du joyeux bordel… Michael Daffener (Chant) prend le temps de remercier tous les acteurs du festival, spectateurs compris car "c’est vrai, vous pourriez être dehors ou devant les bornes d’arcade". Il n'oubliera pas le Metal Market et glissera une boutade : "Est ce que Greg va acheter des actions chez Nvidia ?".

Même salle, deux ambiances très contrastantes ; cinq ans que j’attendais de voir les mythiques Dirty Loops, dire que c’était "chouette" serait un euphémisme. Très rapidement, Henrik (Basse) demande un circle pit - et ça marche presque autant que Heart Of A Coward - sur une reprise de Baby, qui plus est "moins Metal tu meurs"  diraient les gatekeepers, mais moins Metal tu kiffes quand même ! Après Follow The Light, Aron (Batterie) meuble un peu pendants que Jonah (Chant) s’absente, puis ils décident d’aller un peu en hors piste parce qu’ils le valent bien et en somme, pourquoi pas après tout ? Ils repartent de plus belle avec un gros solo de basse, ambiance Country / honky tonk à la Looking Out My Back Door. Habituellement gardé pour le rappel, Rock You reste un classique fédérateur ayant grandement contribué à leur succès. "Normalement les groupes gardent le meilleur pour la fin, nous on fait l’inverse" dit Henrik avant de clôturer avec Sexy Girls. Ma seule déception sera qu’ils aient écourté le set de cinq minutes et qu’ils n’aient pas joué Breakdown. Raison de plus pour retourner les voir le 13 mars 2025 à l’Elysée Montmartre.


Photo : Oli Duncanson

Je n’avais pas pu voir Tesseract lors de leur dernière tournée en début d’année, c’est le moment de se rattraper. Les anglais avaient mis les potards à onze dans la communication autour du concept de leur dernier album War Of Being (2023), y compris un jeu vidéo en réalité virtuelle. Le set était également annoncé en collaboration avec Choir Noir, ensemble de quatre voix féminines menées par Cestra (qui pour rappel jouait le vendredi matin). Déjà que Tesseract est un monstre de scène, mes attentes étaient donc plutôt élevées. En quelques mots : grosse claque, unique, splendide. J'ai rarement vu un show aussi émouvant, aussi chiadé, méticuleux et qui laisse autant de gens littéralement sans-voix. Et en prime, nous aurons eu Tender et Sacrifice pour la toute première fois en live. Franchement, que demande le peuple ? Plait-il ? Un rappel ? Allez, un War Of Being pour finir en beauté. On rentre se reposer, en espérant que la journée du lendemain soit moins bondée.

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