Hellfest 2024 : Vendredi 28/06
par Metalorgie Team (01/07/2024)

Aujourd’hui, le Prog Metal vient squatter la Altar, et on a entendu de la flûte traversière sur la Warzone. Dans un registre plus sérieux, certains artistes, français et étrangers, ont profité de leur prestation pour afficher clairement leur opposition au Rassemblement National et au gouvernement.
Imperial Crystalline Entombment
Aujourd'hui Ice T n'est pas le seul à vouloir jouer les mauvais glaçons. I.C.E. (aka Imperial Crystalline Entombment), groupe de Black Metal qui était resté endormi près de 20 ans jusqu'à tout récemment, est bien décidé à refroidir l'ambiance dès le début de journée. Musicalement, on parle de BM très inspiré 2nde vague, avec batterie à fond la caisse (qui n'aide pas tellement pour le son) et quelques virgules mélodiques évoquant Dissection. Côté tenue et mise en beauté, le groupe a opté pour des toges blanches, des instruments et des masques couleur neige, et même un sceptre taillé dans le givre. Le décorum est bien là, avec des compos qui ne sont pas déplaisantes sans non plus sortir des sentiers battus.
Gozu
Gozu c'est une voix un peu typée Kyuss sur des guitares goût fuzz. C'est une recette qui a fait ses preuves, alors qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Le problème, c'est que le trio ne propose rien de mémorable. Les compos jouées étaient au mieux sympa, au pire à la limite de l'ennui. Pas de riffs vraiment marquants ou même un peu groovy pour faire remuer la foule. Peut-être qu'une setlist différente leur aurait profité.
Wargasm
Ce qu'on ne pourra pas enlever à Wargasm, c'est son énergie débordante, brute de décoffrage et qui semble inépuisable. Le public a été transporté jusqu'à la dernière seconde dans le mélange électro/nu-metal, simple mais somme toute efficace, proposé par les britanniques. Toutefois, un côté plutôt provocateur voire sexualisé par moment a été mis en avant durant le show, sûrement là pour expliquer le côté "-gasm" de Wargasm…
The Acacia Strain
Il est 13h00 tapante et les coreux newyorkais de The Acacia Strain viennent pour en découdre dans ce “putain de hangar à avions”. C’est leur premier Hellfest, et ils n’hésitent pas à retourner l’Altar aidés de slameurs, de mosheurs, très encouragés à se manifester. La fosse est pleine à craquer, les gens sont de bonne heure sur le piton et ont de l'énergie à revendre ! Le groupe défendra majoritairement non pas Step Into The Light (2023) mais Slow Decay (2020) ; personnellement ça me convient, c’est celui que je trouve le plus efficace ! Le clou du spectacle sera un vidage de bouteille sur le premier rang, suivi d’un breakdown bien gras doublé d’une reverb de fou furieux. Enfin, on remet une couche de slams et on guette si un nouveau bon samaritain veut apporter un kebab au frontman ;) (cf cette vidéo)
Orden Ogan
Orden Ogan, c’est un peu le Powerwolf de chez Wish, avec une musique épique mais un peu moins, avec un chanteur qui ressemble un peu à celui de Powerwolf et qui a une voix un peu comme celle du chanteur de Powerwolf. Bref, si vous aimez Powerwolf, vous étiez au bon endroit. Si vous n’aimez pas Powerwolf, là, c’est sûr que forcément… Et si vous ne connaissez pas Powerwolf, vous devriez écouter Powerwolf pour savoir si vous aimez Powerwolf ou si au contraire vous n’aimez pas Powerwolf, comme ça vous pourrez ensuite évaluer votre goût pour Powerwolf pour savoir si vous aimez Orden Ogan. Parce que oui, à la base on parlait bien d’eux, mais bon, en gros c’est du Powerwolf.
Dropout Kings
La warzone, en plein cagnard à 13h30. Ce qu'on veut. Ce qu'on a attendu toute l'année. Et c'est le groupe de Phoenix dans l'Arizona qui a la tâche d'envoyer le son. Sans plus le préliminaire, Adam saute dans le public, ou il passera d ailleurs toute une partie de la prestation. En revanche Eddie ne fera jamais carrière dans le football, il a tenté à deux reprises d'envoyer un ballon dans le public mais ce dernier n'a jamais atteint ne serait ce que le premier rang. L'énergie déployée par le groupe est débordante, ça saute, ça tourbillonne, ça crie, ça va dans tous les sens et ça saute dans le public depuis la scène au grand dam du mec de la sécurité qui doit enjamber les barrières pour aller les chercher. Malgré le manque d'une basse en live, les morceaux fonctionnent très bien et on ressent les chansons fidèlement telles qu'on les trouve en album avec ce petit truc en plus du live. Si vous aimez le punk hardcore ou la fusion ou simplement un groupe qui envoie le steak en live vous pouvez foncer les voir quand ils repassent pas loin de chez vous.
Textures
Pendant que les membres de Textures entrent sur scène pendant le sample d’intro, l’un des guitaristes tapote son poignet comme pour indiquer l’heure. Il a raison : il était grand temps. 7 longues années après leur séparation, l’annonce de leur réformation (et de leur participation à ce Hellfest) était une des excellentes nouvelles de l’an dernier. Et les six bonhommes sont attendus de pied ferme par la communauté prog, regroupée aujourd’hui sous l’Altar pour un florilège de groupes experimento-chelous.
D’entrée de jeu, pas le temps de niaiser, le son est massifissime et le jeu est super précis, haché, syncopé. Les sonorités meshuggèsques nous rappellent que Textures aussi à contribué à l’essor, voire à l’invention du djent dans les années 2000. La nostalgie frappe encore plus en plein cœur lors du classique Coming Home, plus aérien et mélancolique. Si on est autant conquis, c’est aussi grâce au jeu de scène super investi, presque habité, de tous les membres de Textures. Beaucoup de déplacements (parfois même en contournant par l’arrière l’estrade qui soutient la batterie et le synthé), des headbands sans retenue, des sourires à la foule ou entre eux… Le groupe semble plus complice que jamais, heureux d’être ici et de faire ce qu’ils font. On espère que ce retour gagnant sera durable et qu’on verra encore de nombreuses fois Textures sur scene.
Karnivool
C’est non sans circonspection que nous retrouvons les australiens de Karnivool à 15h05. Un groupe d’une telle envergure aurait pu bénéficier d’un horaire de plus grande écoute. A la circonspection se mêle une pointe de déception à la vue de la Mainstage assez peu remplie. Il faudra attendre au moins la moitié du set pour qu’on se sente un peu plus serrés ! Et le set, impeccable, les instruments étaient sublimés par des balances parfaitement gérées… Mais clairement un goût de trop peu, on en aurait bien repris pour 10-15 minutes de plus.
Klone
Après y avoir vu Textures, on retourne à la Altar pour Klone. Clairement on n’est pas les seuls à savourer le défilé de prog qui s’y déroule, à en juger les tshirts Riverside, Tool ou Pain Of Salvation qu’on croise.
Klone ouvre avec Night And Day, sur laquelle Yann Ligner n’hésite pas à pousser un peu plus qu’en studio sur les notes tenues au chant, qui finissent en saturant. Et d’une manière générale, même si Klone a calmé son jeu depuis quelques albums, la bande va offrir un set très dynamique, grâce à une interprétation live qui semble un peu plus lourde que les enregistrements sur "Meanwhile" ou "Le Grand Voyage". On remarque l’inédit "Interlaced", qui figurera dans le prochain album du groupe, prévu pour dans quelques mois. Le set se conclut sur les poignants Immersion puis "Yonder". Certains pourraient dire que c’était le moment pour la sieste, mais nous on ressortira de l’Altar la tête dans les nuages.
Einar Solberg
Emblématique frontman de Leprous, Einar Solberg est trop associé à son projet principal pour ne pas être classifié dans le « prog ». Pour autant, son récent album solo conjugue plutôt une forme d’art-rock / indie-rock, encore plus éloigné des musiques extrêmes que ce que Leprous propose sur Pittfalls ou Aphelion. Et ce sont évidemment ses chansons enregistrées en solo qui sont à l’honneur ici. Aucun des membres du groupe ne semble d’ailleurs être un musicien issu de Leprous.
Comme pour Klone, le live a le mérite d’apporter un supplément de pêche aux compositions. En tout cas, à celles jouées tous ensemble ; mais rapidement le groupe se met en retrait pour laisser Einar seul au clavier et au chant. Il sera rejoint par un violoniste pour un duo poignant (le nouveau-venu restera sur scène pour ajouter du violon sur les trois derniers quarts du set), puis par le reste des instruments lors d’une fin de titre vraiment grandiloquente. Les morceaux s’enchaînent et on a l’agréable sensation de découvrir un Leprous alternatif, des inédits, des b-sides peut-être, et c’est vraiment très satisfaisant à vivre pour un fan de Leprous, même si aucun titre de ce groupe ne sera joué par Einar Solberg ce soir. Le frontman salué à la fin du set en précisant que ses musiciens ont réussi à mettre en place le set avec une seule répétition. Du prog, c’est pas complètement certain, mais des virtuoses, ça c’est sûr.
Savage Lands
Après avoir pondéré l’option de voir le projet solo d’Einar, je me suis rappelée qu’ils jouaient également au Radar Fest le mois prochain, ce n’était donc que partie remise. Allons donc découvrir Savage Lands, projet porté par Poun (Black Bomb A) au chant.
On commence par une cinématique plutôt léchée, percutante à coup d’inspiration Planète des Singes ou Avatar de James Cameron, suivie de messages d’artistes soutenant l’initiative : sauver la forêt du Costa Rica. Alyssa White-Gluz, Maria Franz et Kai Uwe Faust de Heilung, Andreas Kisser de Sepultura, j’en passe et des meilleurs, mais aussi la présence sur scène de Chloé Trujillo (femme de Rob, chanteuse de Blvd of Eyes) ou Silje Wergeland de The Gathering. Bon, mettons, on a un peu l’impression d’assister à une réunion de potes de promo. Les projections sur l’écran passent de percutantes à agressives, deep fried, finalement l’aspect musical devient accessoire - pour ne pas dire un prétexte. Puis, disons les termes, les injonctions telles que « BE THE SOLUTION » passeraient sans doute mieux si ce n’était pas aussi individualisant, et si on n’était pas face à une lance de pompier qui balance des litres et des litres d’eau dont une bonne partie finit sur le bitume. Comme dirait Chico Mendes, « l’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage ».
Speed
Le chanteur de Speed avait bien les nerfs dès le début du set et a donné le ton d'emblée lors de son arrivée sur la Warzone. Son corps de poulet dopé aux hormones a parcouru la scène en long en large au gré des breakdowns et des mosh-parts. Car Speed ce n'est que ça, du Hardcore casse-bouche en streetwear des pieds à la tête, qui enchaîne les moments de bagarre. Mais les 45 minutes n'ont pas été monotones : le frontman a échangé son rôle avec le guitariste (au milieu d'un morceau, juste avant une mosh-part), puis avec le bassiste, avant de dégainer une flûte traversière (oui) pour le titre The First Test. Entre deux regards bien méchants, les australiens se sont quand même déridés et ont répété à quel point ils étaient heureux de jouer au Hellfest, ultime date de leur tournée avant leur retour au pays de l'eau qui tourne à l'envers quand on tire la chasse d'eau.
Kanonenfieber
Pour un groupe de Black Metal centré sur la 1ere guerre mondiale, on peut dire que Kanonenfieber s'est donné les moyens de nous faire revenir un siècle en arrière. Deux canons et des sacs de sable encerclent la batterie, tandis que les musiciens arrivent en tenue d'époque, le visage encagoulé. Quant au chanteur, il incarne son personnage de meneur de troupes à la perfection. Entre deux passages au vestiaire (pour se muer de général à commandant de navire), le frontman enchaîne les gestuelles martiales, marche au pas, harangue la foule en rythme quand la double pédale cesse sa course folle. Côté guitares, malgré le climat globalement hostile, on trouve des motifs assez mélodiques auxquels se raccrocher, sans tomber non plus sur des trouvailles incroyables. La force de Kanonenfieber, ce sont surtout ses cassures de rythme, ponctuées d'effets pyrotechniques, de pétarades imitant le fracas des obus. Clairement les allemands ont bossé leur show, jusqu'à un final intense en voix claire repris par la foule. Et en guise d'au revoir, le chanteur dégaine carrément le lance-flammes, parce que pourquoi pas, après tout ? Est-ce qu'on tient là les Sabaton du Black Metal ? L'avenir nous le dira.
Gaupa
Pris dans un corridor d'interviews qui se sont éternisées j'avais perdu espoir de voir Gaupa en live et lorsque je suis sorti et me suis dirigé vers la valley pour voir ce qui s'y passait, j'ai reconnu les notes du groupe de désert rock venu de Suède. Pour ceux qui se demandent encore ce qu'est le désert rock, mettez vous à la valley en plein soleil et laissez vous bercer par les mélopées envoûtantes et entêtantes que les guitares vous développent amoureusement et chaleureusement. Laissez le tout être porté par une chanteuse qui n à pas grand chose à envier à Bjork, et respirez la vie à pleins poumons. Du stoner, du rock et beaucoup de good vibes sur ce concert aussi réussi qu’inespéré.
Polyphia
La son de la batterie et celui de la basse sont un peu trop forts. Dommage, pour un groupe dont les guitaristes sont tant mis en avant… Mais on entend quand même bien les mélodies des guitares et on ne les boudera pas. L’exécution est im-pec-ca-ble, et ce malgré l’évidente complexité des morceaux de Polyphia.
Si la musique de la formation est majoritairement instrumentale (les chants sont ceux de guests, et sur scène ils seront samplés sur les morceaux où ils sont requis), Scott LePage a pourtant un micro et est bien bavard entre les titres. Bavard et exigeant. Il veut que ça mosh, il veut que ça slame, et il veut que ça se passe maintenant là tout de suite (alors qu’on est entre deux morceaux). Il proposera même un wall of death sur le morceau G.O.A.T. Mais il s’en servira aussi pour lancer un jeu assez fun, le « sing the riff », sur le titre Champagne : le motif principal, qui revient plusieurs fois, est laissé en suspens sur la dernière tourne et c’est le public qui doit finir le pattern en le chantant. On notera que Tim Hansen (qui passe le show sans s’approcher du micro mais qui ne se défait pas d’un adorable sourire enfantin et naïf, il a l’air d’adorer être ici) arrange à sa sauce le solo de guitare que Nick Johnston joue en studio, invité par Polyphia sur cette piste. On rajoute une bonne brouette de pyrotechnie et c’est la formule pour un show qui vaut vraiment le détour.
Ne Obliviscaris
Quand les chansons d’un groupe font quasi-systématiquement 12 minutes, s’adapter à un créneau d’une heure en festival, c’est forcément compliqué. Évidemment, le set est travaillé pour coller à la contrainte horaire, ce qui implique la mise à l’écart des titres trop longs, comme "Misericorde" qui défonce la barre du quart d’heure. Pour autant, même pas besoin d’être déçu de n’avoir que 5 morceaux de Ne Obliviscaris à se mettre sous la dent, tellement l’exécution de cette poignée de titres a été irréprochable. Même si la formation n’a plus de batteur officiel (le live est assuré par Kevin Paradis, de Benighted) et que Xenoyr est temporairement remplacé par James Dorton (Black Crown Initiate), le groupe a rodé cette formule sur les planches depuis plus d’un an. Le concert s’amorce par Equus, single tiré de l’album Exul qui a récemment soufflé sa première bougie, puis on remonte le temps avec Intra Venus et Devour Me Colossus. Le violon omniprésent réussi son numéro d’hypnose, le seul détail technique à revoir est le volume sonore quasi-inexistant de la guitare de Matt Klavins pendant les quelques moments où il est en son clair. A revoir en tête d’affiche (cet automne en Europe, dont plusieurs dates en France) pour moins de frustration.
Steel Panther
Les papys du glam second degré étaient encore de la party à Clisson, et leur vocabulaire s'étoffe d'années en années. Peut être que d'ici quinze ans ils sauront s'exprimer à peu près correctement. Alors, vous vous posez la question, parce qu'on ne va pas se mentir, le dernier album est à chier, mais c'est pas grave, vous ne l'avez pas écouté. Donc ils n'en ont joué qu'une seule de cet opus. Ils ont privilégié leurs tubes : Asian Hooker, Community Property, Glory Hole ou encore 17 Girls In A Row. Le point fort des Californiens est l'humour, et ils se renouvellent plutôt, toujours en restant dans le même registre (qui ne vole pas haut, hein, on ne va pas se mentir) mais certaines de leurs blagues ont su faire mouche. Ils se sont aussi foutus de la gueule de Slaughter To Prevail qui la veille ont essayé de faire le record du monde de wall of death. Et ils ont essayé de faire le record du monde de wall of nichons. Ont-ils eu plus de succès ? La réponse est oui. Est-ce important ? Non. La vraie question est "Qu'est ce que la vie ? Vaut-il mieux faire partie de la team sex drugs&rock n roll, ou la team gym quinoa&pamplemousse ? Peut-on faire les deux ? Pourquoi personne n'est allé voir Furiosa alors que c'est un des meilleurs films sorti depuis dix ans ? Satoru Gojo a-t-il vraiment trahi les siens ? Ce report aurait-il dû être écrit devant Acid King ? Que fumaient ces gens à côté de moi ?” Vous aurez une réponse à toutes ces questions l'année prochaine quand Steel Panther reviendra jouer au Hellfest 2025.
Satyricon
Habitué du Hellfest depuis ses premières heures, Satyricon est revenu poser ses valises à Clisson. Satyr et Frost faisaient partie de l'aventure dès 2008, et une partie de la setlist n'a pas bougé, même 16 ans après. Il faut dire que Now Diabolical, K.I.N.G., ou Fuel For Hatred font encore carrément l'affaire. On parle là d'un Black Metal revisité avec des mid-tempo, du groove, et un côté tube : dès qu'il entend "Now", le public scande "Diabolical". C'est tout bête, mais ça marche, et le groupe délivre ça comme un seul homme. Fuel For Hatred apporte sa dose de Rock 'n' Roll evil, tandis que le final Mother North, chanté en chœur, nous fait replonger dans la période plus true et conclut le set. Carton plein pour les norvégiens.
Tom Morello
Peu après le début du concert de Tom Morello, il nous confie « I’ve been waiting a very long time for this ». De quoi veut-il parler ? De sa venue au Hellfest ? De la sortie de son album solo aujourd’hui même ? De lancer la chanson suivante ? Peut-être, car on reconnaît immédiatement l’iconique intro de Testify. Puis très vite, la surprise : il s’agit en fait d’un medley instrumental d’une demi-douzaine de riff emblématiques de Rage Against The Machine. Concernant le répertoire de RATM, on aura aussi droit, plus tard, à Kick Out The Jam joué en entier, enchaîné sur un autre medley instrumental avec des riffs issus de Bombtrack, Guerilla Radio, Know Your Enemy, Sleep Now In The Fire, Bullet In The Head… Dans la catégorie « reprises », Audioslave aura aussi son moment, avec une cover de Like A Stone chantée par le guitariste rythmique, le tout sous l’œil de Chris Cornell dont le portrait est affiché sur l’écran géant. Très clairement, la nostalgie marche à 100%. Ouais mais… Et les titres récents, ceux du fameux album qui sort aujourd’hui, ceux de Tom Morello en solo ? Ils fonctionnent évidemment, le guitariste connaît sa recette. Mais en toute logique, la hype n’est pas la même. On est quand même obligé d’admettre que le personnage est plein de créativité, avec ses solos bruitistes aux techniques bizarres (il en fera même un juste « au jack », en touchant la connectique de son câble avec la main). Le concert se termine par un long solo joué avec les dents, révélant un sticker « ceasefire » au dos de l’instrument de Tom Morello ; puis par Killing In The Name entièrement chantée par la foule. Retour en adolescence : check.
Acid King
Si vous aimez voir du stoner doom en live. Allez voir Acid King. Pourquoi ? Les riffs sont lourds, ambiants, et marquent de leur empreinte votre psyché. Vous n' avez même pas besoin de connaître, mais juste de vous laisser bercer. Les trois comparses feront le reste. Il y a très peu de chant, juste de quoi accentuer certaines phrases rythmiques. L' essentiel du partage passe par la musique. C'est donc une très belle réussite et un bon moment garanti.
Shaka Ponk
Shaka Ponk arrive sur une scène dont le décor ressemble à une sorte de squat sublimé, plein de piles de livres trop grands, d’un canapé défoncé, de drapeau Sea Shepherd, et de lampes avec des abats-jours à franges. Et comme la mise en scène n’est pas assez folle, deux rideaux tombent pendant le premier morceau, révélant une dizaine de choristes-danseur.se.s de chaque côté de la scène, en hauteur. Musicalement, le show est réglé au millimètre, mais tout prend trop de temps. La paire de vocalistes prend trop d’espace entre les titres (voire pendant : tout s’arrête pendant deux bonnes minutes au milieu de J’aime Pas Les Gens pour que Samaha Sam s’allume une clope et commence à la fumer). Alors certes y a un discours, ça parle de Sea Shepherd, ça dit “fuck le RN fuck Macron”, mais y a d’autres moments où les blablas à la foule ou les outros rallongées (comme sur I’m Picky) n’étaient pas nécessaires. Mais c’est le prix à payer pour avoir une ambiance mortelle, dont Frah s’impregnera au sens propre puisqu’il passera la moitié du set plus ou moins dans le public. Le concert se poursuit avec une reprise de Smells Likes Teen Spirit en version lente et lugubre, tout en gardant l’énergie de Shaka Ponk. La cover est tellement différente de l’originale qu’elle en devient super intéressante. On termine avec la vingtaine de choristes danseur.se.s qui descendent de leurs perchoirs pour investir la scène, le boxon est complet et le contrat est rempli. N’en déplaise aux haters qui avaient critiqué la présence de Shaka Ponk au festival, l’affluence indiscutable a eu le dernier mot.
Biohazard
Merde ! Qu' est ce que le temps passe ! C' est pas possible, ils ont pris un coup de vieux. Pourtant je me rappelle très bien d'eux quand j'ai été les voir en... C' était quand ? 2004. Ah... Ouais... Peut être qu'effectivement le temps passe. En tout cas, qu' est ce que j' aimerai avoir leur énergie à leur âge. Parce qu' ils envoient grave plus qu' il y a 20 ans de ça. Chapeau les gars. Ça envoie toujours en live. La preuve en est, que pour le moment c' est devant eux Qu à eu lieu le plus gros circle pit qué j Ai vu pour l' instant. Les solos sont très bien gérés et se marient très bien dans la musique. Parce qu'on peut dire que biohazard ne sont pas franchement les pros des transitions bien senties. Et pour ceux qui dénigrent le HxCx NY style, voici ce que le chanteur a à répondre : "Les gens disent du hardcore que c'est un sous genre bas du front qui n à pas sa place, moi ce que je vois c'est des milliers de personnes qui se respectent, qui s aime et qui partagent la musique qu'ils aiment ensemble. "
Emperor
Une fois la nuit tombée, Emperor est venu délivrer ses mélodies grandiloquentes aux adeptes assemblés sous la Temple. Avec un backdrop signé Gustave Doré (la représentation de l'Enfer de Dante) et un jeu de lumière orienté sur les disques du groupe, Ihsahn et ses acolytes ont ravi les fans de Black Metal symphonique. Avec une discographie aussi courte et exemplaire, difficile de rater une setlist. Et tant qu'à faire, Emperor a fait la part belle à In The Nightside Eclipse et Anthems To The Welkin At Dusk, leurs deux albums de légende. Le public a donc répondu présent pour chanter With Strength I Burn ou Inno A Satana, même si le son n'était pas toujours limpide, la faute à une batterie et un chant trop en avant sur les passages les plus énervés.
Pain Of Salvation
Ca part très très très mal pour Pain Of Salvation, avec quelques minutes de retard, un son de merde, puis un problème technique sur la guitare du frontman Daniel Gildenlöw, qui fini par l'ôter pour ne faire que chanter pendant la seconde moitié d’Accelerator et la première de Reasons (les deux premiers titres joués). La sonorisation finira par s’arranger au fil du concert mais le début est vraiment pénible, avec l’ensemble guitares-basse qui sonne super “crin crin dégueu”, et pire, qui donnent l’impression que les polyrythmes à la batterie sont juste des erreurs. Même si on connaît les morceaux, qu’on sait qu’il s’agit de choix virtuoses de la part de Léo Margarit, le résultat sonne vraiment “décalé”, notamment dans l’intro d’Accelerator. Ces pépins font perdre du temps, et le chanteur annonce que le groupe va sauter un titre (on ne saura pas lequel a été sacrifié).
Mais la suite s’arrange, comme on le disait. La set-list est une sorte de best-of, alternant les titres récents avec des vieilleries qu’on est ravis de redécouvrir (comme Used, ou le final Beyond The Pale qui n’avait pas été joué depuis bien longtemps). La scène se plonge dans le noir pendant un instant en milieu de set, pour dévoiler ensuite un groupe entièrement masqué. Les cinq musiciens ont enfilé un masque en forme de visage animal pour jouer le titre Panther, une première dans la scénographie du groupe selon le chanteur.
L'engagement de la musique de Pain Of Salvation est souvent subtil, passant à travers des personnages et des histoires pour évoquer les messages qui leur tiennent à cœur. En concert par contre, pas de chichi : Daniel Gildenlöw terminera, juste avant de sortir de scène, par quelques courtes phrases sans équivoque : “Fuck war. Fuck racism. Love each other. Love yourself.” Il n’était pas obligé mais il l’a fait, et c’est un bon point supplémentaire pour le combo suédois.
The Prodigy
Il est déjà arrivé qu’une journée du Hellfest se termine en boîte de nuit. On se souvient des clôtures par Perturbator ou Carpenter Brut, et cette année c’est Prodigy qui a ce rôle, et en mainstage s’il vous plaît. Les Anglais profitent de l’obscurité pour déployer un spectacle visuel de grande ampleur, à coup de lasers et de projections, et c’est exactement ce qu’on attend d’eux. Et en dehors du visuel, on frôle la descente d’organe à chaque kick, le tout sur une set-list étrangement orientée plus sur la facette electro que sur le spectre metal du groupe (Omen, Voodoo People, Take Me To The Hospital…). Chaque titre est un tube, on s’amuse à voir l’expression sur les visages des gens qui se disent “oh je connais celle-là” et continuent de danser autant qu’ils le peuvent. Pour les besoins du live, beaucoup de titres sont “guitarisés”, notamment le cultissime Smack My Bitch Up.
Un bel hommage est rendu à Keith Flint (leur ancien chanteur décédé en 2019) sous forme de silhouette projetée sur les écrans géants derrière le groupe, et animée avec ses pas de danses iconiques. La référence est subtile, mais évidente et émouvante pour celles et ceux qui savent de quoi il s’agit.
Top 3 :
Oona : Karnivool, Klone, Ne Obliviscaris
Marine : Ne Obliviscaris, Ne Obliviscaris, Ne Obliviscaris (le nouveau Kerry King)
Skaldmax : Fu Manchu, Satyricon, Emperor
Maxwell : Prodigy, Dropout Kings, Gaupa
Florian : Prodigy, Dropout Kings, Fu Manchu
Zbrlah : Textures, Ne Obliviscaris, Karnivool, Prodigy (oui c’est un top-4)
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