Maruja, Birds In Row

par Pentacle (22/03/2024)

Parmi les (très) nombreuses découvertes de 2023, l’une d’elle se démarquait tout particulièrement avec le premier ep des anglais de Maruja, à la rencontre de nombreux styles musicaux, au croisement des musiques Indie Rock et bien plus encore et doté d’une personnalité déjà bien féroce. Ca vaut donc bien le coup de brûler quelques litres d’essence pour leur rare venue en France, cette année - au Mans nous concernant, Bordeaux la veille - du moins pour ce début d’année. Et puis Birds In Row est à l’affiche et c’est toujours un plaisir de les voir sur scène, même si c’est pour la 157ième fois.

Unschooling est en première partie, mais je manque leur prestation. L’important reste de découvrir Maruja sur scène et autant spoiler tout de suite : la claque est impressionnante. En fait l’ep Knockarea de 2023 était déjà fou d’inventivité, mais le fait d’écouter ces compositions sur scène les transcendent. D’une part parce que les musiciens venus de Manchester n’ont que faire que ça sonne Psyché, Jazz, Noise Rock, Post-Punk, Hip-Hop ou Post-Rock. C’est à la fois tout cela et jamais en même temps. Ca on le savait un peu déjà, mais ça prend une toute autre ampleur sur scène, ou chaque « élément » ou « style » semble être décuplé. D’autre part parce que Maruja dévoile une prestance sur scène peu commune, qui désarçonne même si l’on compare strictement musicalement à l’ep. Le combo basse / batterie est redoutable de groove, de technicité, de chaleur et juste ça permet de passer à la vitesse supérieure. Au passage, j’ai rarement vu un.e bassiste avec un pedalboard de la superficie de mon appartement.  Et si on ajoute à cela un saxophoniste en fusion qui donne presque toute la saveur de Maruja et un guitariste / chanteur plus motivé que jamais (j’ai pensé au chanteur de Idles dans l’attitude), on obtient une recette qui détonne et qui n’est pour ma part, jamais vu en live. Le problème, c’est qu’il se passe tellement de choses dans leur musique, qu’il est difficile de la décrire précisément, surtout que le groupe, très généreux, ne s’empêche pas de jouer pendant une heure - et encore, on sent qu’ils ont été contraints par les horaires - de Jazz Rock / spoken world si on devait le résumer ainsi, qui sublime leurs compositions avec des morceaux tels que Kakistocracy ou Thunder issus de l’ep survoltés. On trouve aussi pas mal de leurs singles comme The Invisible Man, Rage ou Zeitgeist (faites un album en fait) dans des vibes parfois plus jazzy posées, d’autres énervées, flirtant même avec le Metal. Et puis il y a cette manière qu’on le saxophoniste et le chanteur / guitariste d’haranguer le public avec des gestes proches de formations de Hip-Hop, d’avoir des gestuelles possédées, de descendre dans la foule pour chanter ou jouer certaines parties de saxophone. Tout cela rend le concert organique, vivant, vivifiant, alors même qu’une partie d’un public, peu réceptif a quitté la salle. On peut comprendre tant leur musique ne coche aucune case et que la prestation est intense. Maruja se permet même pendant leur set, comme ils l’annoncent 15mn d’improvisation, à la fois un peu bancale, chercheuse et munie de fulgurance assez incroyables entre Math-Rock, Post-Rock, Electro avec toujours ce feeling Jazz propre au groupe. En bref, c’était un concert assez fou, virevoltant, surprenant et intense et je ne pensais pas que ça serait à ce point de bascule.

 
Ca fait désormais quinze ans que je suis Birds In Row, depuis la sortie de l’ep Rise Of The Phoenix en 2009 et les concerts dans les bars-concerts de Rennes, puis la révélation avec You Me&The Violence en 2012 qui vient tout exploser. Et les concerts récemment avec Cul Of Luna. Le trajet de Birds In Row est aussi fantastique que respectable et impressionnant. Le concert de ce soir n’a rien de particulièrement étonnant pour qui les as déjà vu en concert et si jamais ce n’est pas le cas tu manques sans doute le meilleur groupe d’Emo / Post-Hardcore français de ces dix dernières années. En terme de date unique (hors tournée donc) le groupe de Laval se permet se focaliser sur son dernier disque, Gris Klein, qui est pratiquement joué en intégralité (à part les deux derniers morceaux), mais sinon on aura le droit à Noah, Cathedrals, Rodin, Grisaille, Daltonians et j’en passe, avec certains titres issus de We Already Lost The World avec des tubes comme 15-38 ou I Don’t Dance en conclusion. La manière d’aborder ce concert est très scolaire, certes. L’important, en réalité c’est ce que nous transmets, à chaque fois, Birds In Row en concert, une colère, mais une énergie positive, l’envie d’être mieux, d’être une meilleure personne. La catharsis des énergies négatives qui transforment les gens pour les rendre bien. On ressent ça ce soir et même quand tu peux être au plus bas de toi-même, ils arrivent à pousser - que ce soit Bart (Guitare / Chant) dans ses prises de paroles, ou le groupe de manière générale, dans sa façon de jouer et de pousser les morceaux, notamment les derniers de Gris Klein, une vibe super chouette, de s’entourer de gens cool et d’être-humain qui ont des projets qui enthousiasment l’âme. C’est vraiment en voyant Birds In Row en concert qu’on se rend compte de genre de chose et ça devient plus qu’un concert. Merci Bart, merci Quentin, merci Joris, d’apporter tout cela sur scène. Ça compte beaucoup pour toutes les personnes paumées que nous sommes de vous voir sur scène, jouer ce type de musique et délivrer des messages pour step-up.

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