Cult Of Luna, Gggolddd, Slow Crush
par Pentacle (03/11/2023)
Ca fait des années que je suis Cult Of Luna sur les routes, qu’ils jouent dans de grands festivals tels que des Hellfest ou des Motocultor, à l’étranger avec notamment Julie Christmas, ou dans des salles de France globalement autour du Grand Ouest et de la capitale. Mais c’est la première fois que je les vois à domicile, à Rennes donc, et quand bien même leur concert l’an dernier à Nantes en compagnie de Caspian et Birds In Row nous avait décroché la mâchoire, on ne va pas cracher sur un second round avec cette fois-ci Gggolddd et Slow Crush en ouverture.
L’entrée en matière se fait en douceur avec Slow Crush qui pratique un Shoegaze qu’on qualifiera, sans méchanceté aucune, d’assez conventionnel. C’est plutôt sympa sur album (avec notamment Hush qui est sorti en 2021) et sur scène, et bien c’est un peu pareil. C’est plutôt agréable à l’écoute, mais il manque nettement d’un quelque chose pour avoir envie de rester et d’écouter. Ce quelque chose pourrait être une mélodie accrocheuse, un riff, une voix porteuse, une originalité dans les compositions, mais pour le moment c’est trop sage et bien trop codifié pour qu’on soit enthousiaste.
J’étais par ailleurs très curieux de voir le set de Gggoldddd après leur passage des plus décevants au Motocultor. Il semble donc officiel qu’il n’y a désormais plus de basse ni de batterie dans la formation néerlandaise et c’est un quatuor composé encore heureusement du couple Milena (Chant) et Thomas (Guitare / Claviers) ainsi que de Jaka (Percussions / Machines) et Vincent (Guitare). Gggolddd officie désormais dans un registre Darkwave, Indus, Trip-Hop, Electro qui tranche assez radicalement avec ce que la formation de Dark Rock / Psyché avait pu nous proposer par le passé. La bifurcation stylistique est peut-être un peu brutale, mais toujours est-il que le rendu est bien plus appréciable en salle qu’en festival open air, ce qui semble assez logique. Leur musique se fait plus intimiste, plus dépouillée aussi, mais garde cette noirceur et cette gravité qui se retrouve aussi dans les paroles de Milena.
C’est assez étrange comme sensation parce que j’apprécie les nouvelles tournures de morceaux comme He Is Not ou Old Habits, comme de nouveaux titres comme It’s Over ou Silence (issus de l’ep PTSD qui vient de sortir) et cette nouvelle vibe que dégage Gggolddd avec les mouvements de danse de Milena sur scène et à la fois, je regrette leur énergie « Rock » qu’il pouvait y avoir sur Why Aren't You Laughing? (2019) et ce mélange entre émotion, intimité et vigueur. La prestation de Gggolddd était plutôt chouette, mais le groupe me semble dans un entre deux, ne sachant pas trop encore comment gérer leur background Dark Rock et pleinement embrasser leurs nouvelles inclinations vers les musiques électroniques. Si l’on reste sur l’expectative, la suite de leur parcours promet de belles choses.
Artwork par Afsoon Shahriari.
Il suffit d’un vrombissement. Deux précisément, auxquels s’ajoutent la rythmique et les hurlements de Johannes Persson sur Cold Burn pour être déjà dedans et se dire que, bordel, ça fait quinze fois qu'on voit Cult Of Luna, mais on sait que ça va être la branlée pendant une heure. Les enchainements avec cette mélodie de tueur qui est Nightwalkers et qui tend à tout fracasser ou celles de The Silver Arc avec ces multiples enchainements de mélodies froides et de riffs carnassiers font qu’on est obligé de succomber à leur pouvoir. Il y a un truc magique avec Cult Of Luna. Que tu les découvres pour la première fois ou que tu les ai déjà vu dix fois, leur set est tellement calé désormais, tant en terme de lumière, de bannières de lingues flottant au vent, ou de placement des musiciens que ça en est impressionnant. Et même, tout ça, on s’en fout, j’ai envie de dire. Ce qui important, c’est l’émotion et la puissance de ce que peuvent dégager les suédois sur scène. C’est là que Cult Of Luna est toujours très fort et imparable avec des titres tels que I : The Weapon, Beyond I ou encore Lights On The Hills qui nous caillassent la gueule. Comme à chaque fois, la puissance de feu est impressionnante et on prend à la fois plein dans les oreilles tout comme light show est millimétré et somptueux.
Rien n’est laissé au hasard et c’est ce qu’on aime chez Cult Of Luna, cette froideur, cette violence canalisée, ce truc imperturbable, frondeur qui en fait des génies du Post Metal. C’est vrai sur album et c’est également vrai sur scène. D’autant plus lorsqu’ils jouent un inespéré et pourtant chialant Finland issu de Somewhere Belong The Highway (2006). Quel titre ! Et c’est d’autant plus fou de l’entendre live, devant nous et l’on sent que ça bouleverse une bonne partie de la salle. A raison. Ce sera le seul morceau un peu à part du reste de la discographie récente du groupe qui se focalise sur les deux derniers albums des suédois. Ça nous va puisqu’ils ont fantastiques et révèlent, probablement, une des meilleures tournures du groupe. The Silent Man et Blood Upon Stone (issus des deux derniers disques) concluront donc cette fantastique prestation de Cult Of Luna. On aurait aimé un final sur le, très à propos et fantastique The Fall, mais ce n’est pas grave. Car comme à chaque fois, Cult Of Luna bouge les viscères et nous transporte. C'est vraiment fort !
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