Hellfest 2023 : Dimanche
par Metalorgie Team (20/06/2023)
C'est le dernier jour de festival et l’invité surprise du weekend sera la pluie qui va tomber en trombe le matin / début d'après-midi. La boue va vite envahir le festival et gâcher plusieurs set et changer la configuration de la journée. Aujourd’hui sous la Temple on a le droit à une session Indus / Coldwave… du fun avec Electric Callboy / Tenacious D et Grum Lee, du Thrash Metal avec un alignement Crisix, Dark Angel, Holy Moses…
Doodseskader
Devant la grisaille de la Valley un bassiste et un batteur ont investi la scène vers 10h30 ce matin pour entamer les hostilités devant une bonne centaine de festivaliers tombés du lit. Ça a donné l'équivalent d'une bonne douche glaciale histoire de se mettre en jambe pour la journée. Un show cru, une atmosphère de mort et de rancœur qui glace le sang et des passages lourds, épais qui t’arrivent en plein visage tel un bout de viande épais qui te laissera une marque sanguinolente indélébile sur le visage pour le reste de la journée. Au gré du set, les gens arrivent et se massent pour assister à la froideur du combo venu de Belgique. Les mines d'enterrement du quatrième jour de fest au matin se fondent parfaitement à la circonstance musicale et aux paroles désabusées des deux chanteurs.
Skynd
Tout en simplicité, propreté et efficacité, Skynd (la chanteuse) et les siens nous ont narré leur univers de scène de crime, de tueries de masses et de serial killer sur la Mainstage en ce dimanche matin. On retrouve beaucoup de puissance et de netteté dans le son des artistes et ça a fait mouche. Un bon nombre de personnes étaient là et sont rentrés dans le mood ambiguë, décalé, presque Burtonien des Australiens. De nombreuses têtes se balançaient en rythme. Les basses et infra basses très marquées ponctuaient les mouvements et le chant si spécial et très puissant de la chanteuse entraînait par ses envolées les auditeurs, les captivant, happant presque leurs esprits telles des faux acérées aux cris tranchants et aigus. Après Doodseskader ça et le temps qui se fait de plus en plus menaçant, je ne vous raconte pas l'ambiance.
End
C'est après une grosse averse, mais sous une pluie fine que résonnent sur les pavés luisants de la Warzone les premières notes du set d’End. De la puissance à l'état pur qui font s'envoler des k-ways les gouttes d eau dans des gerbes fines au grès des nuques qui trépignent, des bras qui s'agitent et des sauts des plus téméraires qui n'ont pas peur de glisser à la réception. Le pit était grand ouvert, l'occasion parfaite pour les bravehearts et les danses Hardcore pour les plus expressifs corporellement. Ça joue vite, ça joue fort et ça joue bien. Le groupe qui fait son premier Hellfest ne boude pas son plaisir et communique beaucoup avec le public. On ne pourra pas leur reprocher leur franc-parler. Ils ont notamment décoché un "Hope you like it and if you don't kiss my ass" qui se traduirait par "On espère que vous aimez, et si ce n'est pas le cas, embrassez mes semelles." Enfin pas exactement, mais vous avez compris.
Les Vulves Assassines
Le trio était programmé sur la Hellstage (sur la zone des stands et du market, hors de la zone des principales scènes) chaque jour de cette édition, c’est donc aujourd’hui la dernière occasion d’aller voir Les Vulves Assassines. Une dernière chance mise en péril par la météo, comme pour les autres concerts avant 15h sur les scènes non-couvertes, mais on se motivera à affronter les éléments pour attraper au vol la fin de leur set. On y trouvera une énergie turbo-Punk et des idées engagées comme on aime. L’orga est obligée de s’adapter face à la pluie en utilisant une petite bâche en plastique pour couvrir un PC par exemple (seul le milieu de la scène est couvert, les bords prennent la douche) et ça contribue à rendre le set encore plus authentique. Pour compenser notre retard, les deux chanteuses annonceront "on est à la bourre, on devrait finir, là, mais on s’en fout on va en faire une autre". Elles en profitent pour faire monter sur scène toutes les filles volontaires pour ça, les vocalistes descendant au bas de la scène pour aider les spectatrices à passer par-dessus la barrière de sécurité (et mettant des gros stops aux quelques mecs qui tentent de rejoindre le mouvement). Un zbeul dans les règles de l’art.
Halestorm
On s’est demandé si on croiserait des fans de Alestorm qui seraient dégoûtés de ne pas tomber sur du Pirate Metal. On n’en a pas vraiment vu, mais il faut dire qu’on avait toute notre attention tournée sur la clique de Lzzy Hale. Musicalement ça déboîte, mais c'est surtout le chant de la frontwoman qui est tout à fait incroyable ! Son timbre de crooner semi-saturé est ultra efficace dans les moments les plus dynamiques, et complètement poignant, déchirant, dans les quelques instants les plus intimistes (comme l’interlude bluesy tout calme joué au piano par le bassiste). Le quatuor a vraiment la patate, ça court partout, la meneuse prend son micro à la main (dès qu’elle ne joue pas de guitare) pour se balader de droite à gauche, le batteur donne des high-kicks dans ses cymbales tout en jouant, bref, le spectacle est assuré. Ajoutons à ça un anniversaire (vingt ans pile poil que le guitariste est dans le groupe), un solo de batterie super fun qui se termine avec des baguettes de plus d’un mètre de long et une setlist variée et cool (Love Bites est si bien), on est sans aucun doute sur l'une des meilleures prestations de la journée.
She Past Away
Cela fait maintenant plusieurs éditions du Hellfest que les séparations des scènes par genre pour les Altar, Temple, Valley et Warzone ne veulent plus dire grand-chose si ce n’est une vague orientation. Un exemple supplémentaire de ce phénomène est le duo Turc She Past Away jouant sous la Temple cette après-midi qui officie dans la sphère gothique de la Darkwave / Coldwave. Les vagues de synthèse et les beats du claviériste qui souligne le chant du guitariste ne tardent d’ailleurs pas à enivrer son audience et faire danser les festivaliers en ce dimanche pluvieux. Enfin, pas tous : une bonne partie de la Temple reste statique alors que les gens en coulisse ont l’air plus ambiancés !
Une vraie réussite tout de même, qui ne devrait pas rester un cas isolé ou une parenthèse rafraîchissante, mais une réelle mise en avant d’une alternative à la musique extrême qui a tout à fait sa place à Clisson.
Dozer
Comme un cadeau du ciel, la pluie a définitivement cessé pour que Dozer s’installe sur scène. Grand bien nous fasse, le set Stoner des suédois était fort plaisant de bout en bout. On aura le droit aux titres plus anciens et bas du front, ainsi qu’à des excellents morceaux de Drifting In The Endless Void, leur dernier album sorti cette année. Ces nouvelles pièces passent tout à fait l’épreuve de la scène et se détachent particulièrement lors du set, car embellies par des leads mélodiques bien trouvés. Les musiciens alternent avec des passages Doom, parfois Rock'n'Roll, avec cette constance psychédélique portée par un chant distant et évocateur. Le charme cosmique a opéré et enchanté le public présent sur la Valley.
Electric Callboy
C'est la quatrième fois, pour ma part, que je vois le groupe allemand ces derniers mois, et c'est aussi la quatrième setlist différente à laquelle j’ai assisté. Rien que pour ça, un grand chapeau à eux qui sont souvent qualifiés de sous-musiciens du fait que leur musique soit joyeuse et donne envie de faire la fête. Il est vrai que fut une époque, ce groupe s’appelait Eskimo Callboy et ce n’était pas aussi qualitatif que ça ne l’est devenu. Mais Rome ne s’est pas faite en un jour et il suffit de voir l’engouement que suscite le groupe pour comprendre qu’il se passe quelque chose. Bref, arrêtons de digresser et revenons-en au set. C’était énorme ! De l’énergie, de la bonne heure, l’ambiance de Tekkno est retranscrite en version live. Ça donne la pêche, c’est con, mais ça marche. Ils font désormais leur carrière là-dessus et tant mieux pour eux (et nous). Ils ont joué tous leurs tubes (en même temps ils n’en ont pas cinquante) et les interprètent pour l’occasion avec brio. La setlist défile comme une balle, tout s’enchaine à un rythme de feu devant un public chauffé à blanc alors que le dernier titre, We Got The Moves, se déroule et est repris en cœur au moment du break, le gros break. Le souvenir est sûrement immense pour tous ceux dont c’est la première fois et pas seulement.
Mutoid Man
Les très occupés Steve Brodsky (Cave In, Old Man Gloom) et Ben Koller (Converge) ont finalement trouvé le temps de relancer la machine Mutoid Man dont l’actualité était au point mort depuis le dernier album en 2017. Depuis, ils ont été rejoins à la basse par Jeff Matz (High On Fire) pour un nouvel album à paraître dans un peu plus d’un mois. La pluie qui s’invite à l’arrivée des musiciens finira par laisser place au soleil au moment d’une reprise de King Crimson légèrement modifiée : 21st Century Mutoid Man. On aurait aimé vous en parler plus mais impossible de voir tout leur concert car il est l’heure d’aller se placer pour Grum Lee And Cadjoleene…
Grum Lee And Cadjoleene
A 18h, on a le choix entre Amon Amarth (en Mainstage) ou Grum Lee And Cadjoleene (à la Hellstage). Entre la peste et le choléra, on tire à pile ou face, la pièce tombe sur la tranche et glisse dans la boue. On se décide la mort dans l’âme pour une session de reprises acoustico-débiles en spandex. Expliquer ce truc va être vraiment compliqué. Ca implique une table à repasser, une peluche cachée dans un froc, des paroles en antisèches, du kazoo, une perruque douteuse et des palettes entières d’approximation. On ne peut que vous inviter à consulter la galerie photo pour découvrir cet improbable univers. Quant à la “musique”, on peut la décrire, mais encore une fois, ça va être tendu pour faire comprendre l’ampleur des dégâts. Des reprises de grands classiques (Aces High d’Iron Maiden, Highway To Hell d’AC/DC, etc), mais chantées en français et soutenues par une guitare acoustique et un synthé-jouet. Le duo fait preuve d’une sacrée autodérision et s’envoie même quelques fions l’un l’autre. Pourtant, le public (oui, il y en a un) semble adorer la prestation et c’est vrai qu’on hurle de rire. Si ce "concert" devait être résumé en un simple concept, ce serait “inutile donc indispensable”.
Dance With The Dead
En début de soirée, Dance With The Dead a transformé la Valley en Ibiza post-apocalyptique. Sur le dancefloor, on se déhanche sur de la Synthwave enrichie au Rock avec guitares, batterie et synthé sur scène. La base rythmique tabasse correctement et soutient des lignes mélodiques ultracolorées. On notera quand même la redondance entre les titres (pas de voix ou de samples, pas de compo qui se démarque drastiquement). Pas de quoi inquiéter le public qui s'en donne à cœur joie : slams, circle pits et pistolets à eau sont de sortie. Une bonne ambiance de fin de fest donc, mais le concert est malheureusement amputé de quinze minutes sans que l’on ne sache vraiment pourquoi. Mystère.
Dark Angel
Dark Angel a réussi à rameuter une poignée d’irréductibles sous la Altar (remplie au quart environ) sur le créneau de Pantera. Le groupe a puni toute l’assistance avec le Thrash Metal brutal et old school qu’on leur connaît. Le batteur avoine avec moult blasts et double-pédale pour faire plier les nuques à un rythme effréné. On a quand même un poil l’impression d’entendre dix fois le même morceau (désolé pour les connaisseurs), mais la méchanceté des américains remet gentiment les idées en place.
Slipknot
Quatre jours c’est long, surtout quand la météo s’en mêle, la fatigue est bien présente, les jambes endolories et pourtant il va falloir encore tenir un peu car c’est au tour de Slipknot. Ou plutôt de ce qu’il en reste car il y a eu du changement sur cette tournée avec le remplacement de Craig Jones aux claviers ainsi que l’absence de Shawn "Clown" Crahan pour raison personnelle. Corey aura d’ailleurs plusieurs beaux mots pour nous demander d’envoyer du soutien à son comparse absent. Que cela ne tienne, c’est le tout dernier concert en Mainstage du week-end et les américains nous ont préparé un énorme show. Question setlist, pas mal d’anciens titres sont bienvenus tels que Liberate, l’énorme Purity ou encore Snuff qui fait office de rareté de leur catalogue live. Tandis que pour ce qui est des nouveaux albums (à la qualité discutable), on est plutôt sur du "moins pire mais qui passe bien en live" comme Devil In I ou Unsainted. Sans compter les passages obligés tels que Psychosocial, Wait And Bleed ou bien sur le classique Duality chanté en chœur par l’ensemble du public. Le final sur Spit It Out avec l’habituel "Jump the fuck up" où Corey fait s’assoir l’ensemble du public pour le faire sauter comme un seul être ne surprendra pas ceux qui les ont déjà vu en concert, mais cela reste une façon de terminer ce weekend en beauté et d’achever ce qui nous restait de force dans les jambes. Maintenant pour rentrer se coucher il va falloir ramper, (pas) merci Slipknot !
Testament
Testament propose plus ou moins toujours le même concert depuis des années, modulant les éventuels nouveaux titres à intégrer au fil des sorties récentes. Comme d’habitude, comptez environ un tiers de titres issus des quelques derniers efforts, l’opus Titans Of Creation de 2020 en tête (avec l’imparable Children Of The Next Level par exemple). Les Américains ont assez de tubes pour remplir une bonne partie de leur heure de set avec des titres attendus par tout le monde sous la Altar (et une bonne moitié de la Temple qui commence déjà à être démontée). The Preacher, Practice What You Preach, ça défile et ça défonce. Le jeu de scène n'est pas trop original, la sonorisation est propre, la recette est classique mais ce qu’envoie suffisamment, ce qui donne envie, une fois de plus, de revoir le même concert une prochaine fois.
Top 3 du jour
Bacteries : Electric Callboy, Dozer, Grum Lee And Cadjoleene
Oona : Skynd, She Past Away, Grum Lee And Cadjoleene
Remy : Grum Lee And Cadjoleene, Halestorm, Electric Callboy
Florian : Grum Lee And Cadjoleene, Electric Callboy, The Menzingers
Skaldmax : Grum Lee And Cadjoleene, Dozer, Dance With The Dead
Maxwell : Electric Callboy, Grum Lee And Cadjoleene, End
Simon : Grum Lee And Cadjoleene, Tenacious D, Slipknot
Arnaud : Grum Lee And Cadjoleene, Electric Callboy, Slipknot
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