Lankum

Lorsque je découvre le morceau Go Dig My Grave de Lankum en début d'année, c'est une superbe révélation qui s'offre à moi à travers leur inspirations Folk irlandais, mais plombé, triste et avec ce côté ritualiste que l'on retrouve dans les musiques Drone, Dark Ambient etc. Il faut dire que le clip, extrêmement sombre et sobre, dérangeant presque, à la manière d'un film d'Ari Aster, participe au fait d'être captivé. Le morceau est issu du superbe album False Lankum qui vient de sortir fin mars et c'était donc assez logique de faire le déplacement vers Paris pour voir la formation irlandaise, non sans hâte.

C'est John Francis Flynn qui ouvre en première partie. Il est seul sur scène et joue une Folk irlandaise (il est aussi Irlandais) dépouillée à la guitare acoustique. Sur les quelques morceaux que je découvre, c'est bien joué, bien chanté, c'est joli, mais sans plus. Ca manque un peu d'arrangements, de corps, d'ampleur dans ce que l'on entend et dans les compositions. Là tout seul, c'est sympa, mais ça a du mal à m'emballer.

Un peu l'inverse lorsque Lankum entame The Wild Rover et nous met tout de suite dans le (petit) bain avec les dissonances des machines et les incantations de Radie Peat dont la voix est parfaite, également rejoints par les musiciens sur les chœurs. C'est sobre, profond, on a l'impression d'être dans une procession. Les lumières ne bougeront que peu du set, les spots se contentant d'éclairer les musicien.ne.s qui resteront assis.e.s durant toute la durée du concert. Justement, c'est idéal pour engendrer un cadre intimiste, propice au recueillement et à l'écoute de Lankum. The New York Trader qui suit est un titre plus rythmé et léger et entrainant et tout de suite on a envie de se retrouver dans un pub irlandais à chanter avec le groupe en buvant une pinte. La bonne humeur est très présente dans le public qui applaudit chaleureusement le groupe à chaque fin de morceau et le groupe qui se réaccorde ou change d'instruments parfois, en profite pour blaguer entre chaque piste et ça c'est vraiment cool.



The Young People a un côté plus solennel et mélancolique, à l'inverse de Rocky Road To Dublin beaucoup festive et joyeuse qui est une reprise de musique traditionnelle irlandaise, également popularisée par D.K. Gavan de The Pogues au XIXème siècle et Lankum se plait à alterner entre les morceaux Folk traditionnels pour danser et s'amuser et d'autres choses plus mélancoliques ou même expérimentales comme The Pride Of Petravore à la rythmique tribale, bizarre, agrémentée de flûtes dissonantes. Je suis également très content qu'ils jouent On A Monday Morning du dernier album qui est un excellent tube qui reste en tête. Avant de conclure pour annoncer que c'est le dernier morceau, quelqu'un dans la foule lancera "si vous arrêtez, on fait grève", suivit d'un "Macron on est là" repris tou.te.s en cœur par la foule et c'est tellement grisant et fort dans les moments durs que nous vivons ! Et quelle meilleure manière de conclure par Go Dig My Grave dont je parlais en introduction, fantastique piste de dix minutes, magnétique et ritualiste au possible.

Lankum reviendra pour trois derniers morceaux dont Bear Creek en conclusion qui est l'essence même de la Folk Irlandaise. On a passé très chouette moment, le groupe est formidable sur scène, très proche du public, complice, loin de toute considérations pédantes ou prétentieuses et la foule le leur rend bien. A titre personnel, j'aimerai qu'ils plongent plus amplement dans les musiques Folk / Dark Ambient / Drone, quitte à proposer des sets dédiés à cette direction artistique. Mais pour le moment, qu'ils jouent des choses étranges, joyeuses ou mélancoliques ils sont trop forts dans tous les domaines ! Ca tombe bien, ils repassent en France en 2024. Si vous appréciez ces styles là ou si vous avez un peu de curiosité pour vous y intéresser, écoutez Lankum parce que c'est remarquable en tout point.