Archspire, Psycroptic, Benighted, Entheos

par OonaInked (31/03/2023)

C’est vrai qu’il existe des manières plus paisibles de passer sa fin de weekend. Mais les irréductibles Gaulois que nous sommes, quelques-uns à peine remis de la date avec Left To Die (ex-Death) deux jours plus tôt, résistent encore et toujours à l’appel du lit douillet. Ce dimanche soir, la Machine du Moulin Rouge aura rarement aussi bien porté son nom : la boucherie est annoncée, attendue, ça va circle-piter tel un hachoir en sang. La salle est presque sold-out, blindée à tous les étages ; impossible de voir quoi que ce soit sans monter sur les barrières du balcon.

Les hostilités sont ouvertes avec les benjamins de l’affiche. Entheos, groupe de Death Metal Progressif américaine formé en 2015,nous régalait d’un troisième album tout frais, pondu une semaine avant. Sans surprise, Time Will Take Us All est mis à l’honneur pour cette nouvelle édition du Tech Trek Europe Tour. La foule est déjà familière avec les singles sortis en amont, comme le deuxième titre d’ouverture, Absolute Zero. Chaney Crabb, la frontwoman « talent-tueuse » avait partagé lors d’un communiqué d’octobre dernier le contexte autour de ce morceau. Elle semble remise de son accident, physiquement comme mentalement, mais l’énergie cathartique qu’elle dégage sur scène est palpable ; elle sillonne les planches telle une lionne en cage, sa maîtrise vocale entre shriek, growl et fry est impeccable, le jeu de scène est sobre et efficace.

C’est sur Remember You Are Dust, titre orphelin de 2020, que le groupe clôture avec panache leur set explosif. Malgré une période creuse après la sortie de Dark Future (2017), plusieurs changements de line-up, et une pandémie, Entheos a largement fait ses preuves sur le continent américain, et n’a déjà plus rien à prouver aux amateurs du genre. Il nous tarde de les voir ravager l’Europe pour la première fois. L’humeur générale s’allège pendant l’entracte à la vue de métalleux zoukant et clappant au rythme flamenco de Bamboléo et Volare des Gipsy Kings.

Accueillons maintenant une des fiertés du Metal bleu-blanc-rage, j’ai nommé Benighted. Moins progressif, plus technique et « rentre-dans-le-lard », les Stéphanois fêtent leurs 25 ans de carrière. Après avoir écumé une dizaine de festivals sur l’année 2022, nous retrouvons Julien, son crâne luisant et ses pieds nus dans un cadre réduit, avec une setlist un poil plus restreinte : Obscene Repressed (2022) domine, suivi de près par Necrobreed (2017), mais cinq albums sont complètement délaissés - même Icon (2007), leur tout premier opus, qui aurait je pense ravi les fans de la première heure.

Lesdits fans n’ont d’ailleurs pas fait dans la réserve ! Ils enchainent les slams en sautant depuis la scène, certains de manière plus périlleuse que d’autres, traversant le pit jusqu’aux escaliers bondés, ou faisant des plats au lieu de se laisser porter. Les cris de stupeur ont couvert le volume des instruments, c’est pour dire… Nous avons tout de même eu droit à un featuring express (« 1 minute 24 de violence », comme ils disent) de la part de Sven (Aborted), qui reçut un accueil modérément enthousiaste de la part du public. La fréquence des mouvements de foule diminue jusqu’à la fin de Let The Blood Spill Between My Broken Teeth, dernier morceau du set de Benighted. Ils s’en iront sur le fameux Tunak Tunak, provoquant l’amusement collectif. La température est montée d’un cran, dans tous les sens du terme. La climatisation va bon train et moult t-shirts sont déjà tombés. La surexcitation se fait sentir, mais il reste encore deux groupes, il faut ménager l’usure des phalanges.

Discrets depuis le Hellfest 2019, les australiens de Psycroptic sont de retour et ne font pas dans la dentelle – ni musicalement, ni verbalement. Dès le deuxième titre, l’exubérant Jason Keyser (qui remplaçait Peppiatt au chant) demande où sont ses "fucking windmills" ; les premiers rangs répondent présents. S’enchaine alors une avalanche de riffs plus gras et incisifs les uns que les autres, alternant entre Divine Council (2022) et quatre de ses récents prédécesseurs. Très équilibré, varié, bref, rien à redire.

Dans un registre tout aussi fleuri, c’est sur (Ob)servant, de l’album éponyme, que le chanteur d’Origin et Skinless prend quelques instants pour saluer les techniciens, les autres artistes, et la tête d’affiche qu’il qualifie amicalement de résidus de capote. Sur ces douces paroles, les frères Haley (guitare et batterie) retarderont le début du titre pour lancer prématurément un circle pit digne de ce nom, même inciter un joyeux larron à effectuer un slam « a capella ». Enslavement, de leur dernier effort, clôt le passage de Psycroptic, qui paraît presque expéditif en comparaison aux deux supports. A ce stade de la soirée, le bar est assiégé par la plèbe fatiguée, les fumeurs veulent prendre l’air mais se ravisent à la vue de la pluie. Direction le fumoir.

Nous devions retrouver le quintet canadien quelques mois plus tôt en compagnie de Rivers Of Nihil, Black Crown Initiate et To The Grave ; Malheureusement, seul le premier fut maintenu. Archspire dut annuler pour conflit d’emploi du temps, forçant les deux autres groupes à se retirer de l’aventure car économiquement pas viable...Ce n’était que partie remise, et la partie, c’est maintenant. Ou devrais-je dire « partie de Twister » : le running gag devenu quasi-viral de la bande à Peters fait clairement l’unanimité depuis le début de la tournée, et deux volontaires prennent part au jeu, attendant la promesse d’un mur de mandales.

Cette blagounette apportant de la légèreté en cette fin de soirée, sera cependant pour moi le seul événement marquant. De plus, l’absence de nouveauté de la part d’Archspire est regrettée ; curieusement, ce n’est pas Bleed The Future (2021) mais Relentless Mutation (2017) qui mène le bal, à un volume sonore crescendo et frôlant maintenant la limite autorisée. A l’instar de Nile et Krisiun, ce co-headline bourratif nous aura presque fait oublier le concept de finesse et de calme, mais on ne peut pas dire qu’on n’en a pas pour son argent ! Quitte à perdre quelques points d’audition ou de sensibilité nerveuse. Me voilà repue pour plusieurs semaines. « Allez, à dans un mois maximum, le temps de trouver Panomanixsme, et de revenir »… Et le temps que mes oreilles s’en remettent.

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