The Ruins of Beverast + Grave Miasma + Fuoco Fatuo
par Neredude (21/05/2022)
Après des mois et des années de disette sans concerts, c'est avec une émotion non dissimulée que nous retournons dans les salles de France et de Navarre. Avant la pandémie, on avait nos préférences et même certaines salles qu'on préférait éviter mais aujourd'hui, chaque opportunité de voir des musiciens sur scène apparaît comme un privilège et on y pense moins, a fortiori quand le groupe en question est The Ruins of Beverast. Cette formation unique s'est imposée dans l'underground par la qualité de ses albums, qui sont de véritables manifestes de la vision artistique d'Alex, qui compose et enregistre toute la musique de Ruins. Retour sur un bel événement organisé par le premier dealer de concerts metal de France, Garmonbozia Inc.
Fuoco Fatuo
On entame la soirée avec un quatuor de doom death italien. Soyons honnêtes, musicalement, Fuoco Fatuo ne propose rien de bien nouveau, mais les compositions sont suffisamment solides pour avoir attiré les oreilles de Profound Lore, un label dont la qualité de sortie déçoit rarement. Des riffs plombés aux passages rapides soutenus par la batterie, Fuoco Fatuo maîtrise parfaitement ces éléments sur scène. Leurs transitions pouvaient gêner sur disque, mais l'énergie scénique de leur performance gomme ce défaut. On regrette juste que le son soit un peu trop fort et pas assez précis pour apprécier les compositions à leur juste valeur, particulièrement quand le rythme s'accélère, soit 50% de la musique jouée.
Grave Miasma
On passe à un style black/death avec Grave Miasma et on peut en dire essentiellement la même chose que pour Fuoco Fatuo : des compositions de qualité exécutées par un groupe qui maîtrise excessivement bien son registre, mélangeant avec brio le riffing black metal avec la puissance de feu du death metal. Encore une fois, le son paraît trop fort et imprécis pour vraiment saisir tous les éléments de la musique du groupe et c'est bien dommage car dans les quelques moments de clarté, on perçoit bien que Grave Miasma fait un très bon concert.
The Ruins of Beverast
Le dernier passage parisien d'Alex et son orchestre en 2019 avait été rien moins qu'un fiasco. Le guitariste lead du groupe de scène, Michael Zech (Secrets of the Moon), n'était pas disponible à cette date et à cause de différentes contraintes logistiques, la formation n'avait jamais pu répéter avec son remplaçant. De l'aveu même d'Alex, maintenir ce concert était une erreur et on ne l'y reprendra plus. Cette nouvelle date parisienne a donc tout d'une mise au point, une revanche avec le public parisien. The Thule Grimoires, le dernier album de Ruins, a reçu un accueil public et critique divisé : certains adorent et d'autres s'ennuient, alors qu'Exuvia avait mis tout le monde d'accord en 2017. C'était donc aussi l'occasion pour Alex (NdR : qui arbore pour l'occasion une sorte de Mjöllnir / tonsure capillaire sur le crâne. Tout est un concept dans ce groupe, on vous dit !) de prouver que son album tenait la route sur scène, et il lui a pas fallu longtemps pour nous convaincre.
Ropes into Eden n'est qu'une mise en bouche, le riff massif de Daemon lance véritablement le concert sur de bons rails. Au risque de se répéter, encore une fois et c'est un crève-coeur, le son empêche de pleinement se perdre dans les compositions torturées d'Alex. On a beau trouver un emplacement où on arrive à entendre les différents instruments avec un certain équilibre, ce n'est pas suffisant. La complexité des arrangements (cf : Surtur Barbaar Maritime ) de cette musique exige un véritable effort de mise en son et sans aucun doute, un ingé-son attitré, ce qui n'est pas le cas ce soir. Pour des raisons qu'on devine budgétaires, la même personne s'est chargée du son des trois groupes et dans un registre de musique extrême, c'est tout sauf idéal. On peut supposer que c'est également pour des raisons budgétaires que le claviériste habituel du groupe n'est pas présent sur cette tournée et, bien que complètement compréhensible, c'est aussi regrettable car ses textures apportent un charme supplémentaire à cette musique sur scène. Toujours est-il que grâce au talent des musiciens et à la qualité des compositions, on passe un bon moment cathartique avec Ruins, grâce à un set qui pioche dans tous les albums, à l'exception de Rain Upon The Impure.
Parmi les moments forts du concert, on retiendra notamment The Clockhand's Groaning Cicles, tiré du premier album culte Unlock The Shrine. Décidément, malgré le charme de la production primitive de ce disque, il prend une toute autre dimension sur scène avec un accordage grave. I Raised a Stone as a Ghastly Memorial est toujours un point d'orgue d'un concert de Ruins, mais il aussi un goût amer, car il signifie que l'on s'approche de la fin. Devant les applaudissements et l'énergie du public, le groupe revient sur scène après quelques instants pour jouer Kain's Countenance Fell, une belle récompense étant donné qu'ils ne la jouaient pas tous les soirs. On a déjà hâte de les revoir mais cette fois, on l'espère vraiment, avec une mise en son digne de ce nom.
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