Igorrr (+ Horskh) à Paris

par Metalorgie Team (14/12/2021)

En ces temps troublés pour le spectacle vivant, un concert est une denrée rare qui se savoure comme du caviar, a fortiori dans une salle de prestige comme le Trianon, qui accueillait ce week-end Igorrr, venu (enfin!) défendre son dernier album Spirituality and Distortion sorti en pleine pandémie. En plus d'une nouvelle setlist et scénographie, cette tournée introduisait de nouveaux membres pour le groupe : la soprano Aphrodite Patoulidou, JB Le Bail (Svart CrownDirty Black Summer) au growl/chant ainsi que Martyn Clément (HAH, Cobra) à la guitare. Cette soirée avait donc de quoi intriguer à plus d'un titre, dont l'ouverture était assurée par le trio indus Horskh.


Horskh

Il est tout sauf aisé d'ouvrir pour une machine de guerre scénique comme Igorrr. Mais un groupe assez courageux pour s'y attaquer a au moins l'assurance de faire face à un public aux goûts éclectiques et peut être plus enclin à la découverte que la moyenne. Et ça n'a pas loupé pour Horskh, qui a fait danser fosse et gradin du Trianon en moins de temps qu'il ne faut pour dire NIN. Les beats electro du trio dopé à l'indus font mouche à chaque chanson, exécutant les canons du genre avec sérieux : du Depeche Mode sous stéroïdes, avec moult claviers lascifs et programmations martiales, le tout mâtiné des hurlements d'une hargne froide signés Bastien Hennaut, la tête pensante du groupe. Lui et Jordan alternent entre guitare et synthés/séquenceurs pour nous usiner les oreilles, sans oublier des percussions électroniques qui s'ajoutent au jeu de batterie musclé de Briou, qui cogne comme un forcené. En étant un peu tatillon, on pourrait juste regretter que les guitares aient été si peu audibles dans le mix, complètement couvertes par les programmations et la batterie. Ce petit contretemps ne va pas empêcher Horskh de gagner une horde de nouveaux fans sur cette tournée, c'est certain.

Igorrr

Comme pour rappeler ses origines, c'est seul derrière ses machines que Gautier Serre entre sur scène avec un solo breakcore à l'ancienne, avant d'enchaîner sur ''Paranoid Bulldozer Italiano''. N'y allons pas par quatre chemins, il était quasiment impossible de remplacer les deux chanteurs d'origine qu'étaient Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir, l'une pour son timbre et son coffre époustouflants et l'autre pour sa voix unique en chant clair comme hurlé. Mais les nouveaux arrivants prouvent rapidement qu'ils sont à la hauteur pour relever ce défi. De plus, avec sa minutie habituelle, Gautier a fait réenregistrer à Aphrodite tous ses samples vocaux pour garder une cohérence vocale et qu'elle se sente à la maison. 



Si certains regretteront peut être l'intensité de ''Tout Petit Moineau'' chanté par sa soprano d'origine, Aphrodite lui tient la dragée haute, notamment en apportant une touche visuelle supplémentaire. Et même si JB n'a pas la voix de Laurent, sa maîtrise des voix death et black lui permettent de réinterpréter les morceaux à sa manière et d'apporter à Igorrr un nouveau visage. Saluons au passage sa performance sur ''Parpaing'', une autre gageure puisqu'il faut passer derrière la voix du légendaire George ''Corpsegrinder'' Fisher (Cannibal Corpse) présente sur le disque. L'apport de Martyn Clément, un des meilleurs guitaristes de France et de Navarre, est significatif en ce qu'il donne, en plus de sa précision chirurgicale, une âme aux parties de guitare, ce côté humain qui était au cœur de la démarche de Gautier en travaillant sur Spirituality and Distortion. Sans surprises, le quintet est déjà affûté comme un rasoir et les morceaux s'enchaînent avec une maîtrise qui force le respect pour une musique aussi biscornue et exigeante. 



Le son est très bon, même s'il n'est pas aussi cristallin qu'on a pu l'entendre avec Igorrr par le passé, peut être parce que la sono du Trianon est ici poussée dans ses derniers retranchements. Le public n'en a cure et se démène dans la fosse dès les premières notes, lançant un joyeux bordel dans la fosse. Ce soir, on apprécie particulièrement les morceaux aux tons orientaux du dernier album, qui nous réchauffent en cette austère fin d'automne. On y voit Gautier sortir une guitare pour soutenir celle de Martyn, qui lui s'essaye parfois aux choeurs, une vraie réussite qui amène encore plus de densité et de richesse à leur son. Ainsi, une page se tourne pour Igorrr, cet ovni qui mélange metal, baroque, breakcore et musique ethnique avec une rare maestria. Mais le nouveau chapitre qui s'ouvre est plein de perspectives intéressantes. On a déjà envie de les revoir sur scène et d'entendre un nouveau disque avec cette formation. 


par Nina Lelashvili

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