Strike Anywhere, Ignite, A Global Threat, Modern Life Is War
par Yul (25/09/2006)

A Global Threat, Modern Life Is War, Ignite et Strike Anywhere, voilà en substance le programme de la soirée au CBGB (N.Y.) ce soir! Pensez donc, c’est le dernier mois d’activité de ce club mythique situé au 315 du Bowery, dans le Lower East, globalement devenu aujourd’hui, un vulgaire vendeur de bière comme de nombreuses autres clubs, mais bon…on ne peut s’empêcher de se souvenir, même si nous n’étions pas né(e)s, des groupes qui ont arpenté cette scène (les Ramones, les Sex Pistols, Gorilla Biscuits, Korn, Green Day, Sonic Youth, Patti Smith, Rancid, Le Clash, Devendra Banhart, toute la scène HxC New Yorkaise).
C’est le Farewell Festival pendant tout le mois de septembre, les groupes défilent, Gorilla Biscuits étaient là la veille, Agent Orange, Fishbone, Lee Scratch Perry passeront les semaines suivantes, chacun leur tour, et vers la fin du mois, les Dead Kennedys mettront à sac le Country, BlueGrass & Blues. Pour les néophytes (pas le groupe, mais les gens qui 'débarquent', sachez que le fameux OMFUG signifie Other Music For Uplifting Gormandizers (ce qui signifie à peu de chose près : 'Une autre musique pour les gourmands qui veulent s’élever')…ou plus simplement, Temple de la musique underground.
Bref, la file d’attente est longue, la salle est pleine à craquer, le premier groupe est déjà passé. Quand on rentre, on est accueilli par deux mastocs qui vous fouillent gentiment, et qui vous remettent un bracelet en échange de votre numéro de carte bleue afin de vérifier que vous avez bien acheté vos billets via le net. Un long couloir s’ouvre à vous, à droite le bar, à gauche le merch, un peu surélevé. Une vingtaine de mètres plus loin, l’ingé son est aux manettes, toujours à gauche, alors que l’ingé-lumière est posté à droite, on déboule alors dans la fosse, le sol est légèrement creusé, bonne idée pour une meilleure visibilité du public derrière, mais ce trou est peut-être imprévu, et fait suite au circle pit et autre pogo à cet endroit précis. Aux vues des américains (et américaines) ce soir, le tatouage est de rigueur, ainsi que le jeans noir stretch. Bon, avouons que ça ne va pas à tout le monde, mais les choses sont ainsi. Petite originalité, les toilettes (mythiques aussi) sont derrière la scène, ce qui permet à tout un chacun de jeter un coup d’œil dans les loges des groupes, derrière la scène aussi.
Modern Life Is War est en train de déblatérer son hardcore New Yorkais un peu avarié, quand entre deux chansons, l’ingé son annonce dans les retours "Five minutes left". Le groupe n’a pas bien l’air de s’amuser, ni entre eux, ni sur scène en général. Conséquence, on se fait chier.
Arrivent Ignite, et les bodybuilders. Ignite délivre un hardcore violent, dur mais positif. Zoli Teglas assure parfaitement dans les parties plus envolées, délivrant un message positif, réfléchi, parfois un peu éducatif : « -Who’s drinking tonight ? – (le public) Yeeeeaaaah. - Who’s driving tonight ? – Yeehahahaha. - Who’s drinking and driving tonight? – Yeaaaah – Assholes!). Idem pour la chanson "Poverty Everywhere" mettant l’index sur la politique 'communiste' qui ne vaut pas mieux que la saleté de capitalisme, le concerné étant d’origine cubaine, et son père ayant été censuré dans sa pratique artistique, à l’époque. Le résultat, c’est qu’on prend une bonne gifle musicale, c’est frais, rapide, fort, précis, le guitariste lead est d’une aisance hallucinante, les cirles pit tournoient sans cesse. Plus qu’un amuse bouche, Ignite met tout le monde d’accord et se permet même d’inviter leur 'mentor', le guitariste d’Agnostic Front sur une chanson. Idem, il y’aura un hommage sincère à Hilly Kristal, le propriétaire du club, malade. A vue de nez, la chose ne semble pas avoir été répétée…mais le symbole est fort, le public est ravi.
Vient le tour des protégés de Fat Wreck, qui se paient leur release party au CBGB. Ce soir sort le fameux Dead FM tant attendu. Pas de chichi, le hardcore punk des Virginiens met à terre les survivants du tsunami nommé Ignite. Malgré l’affiche NO STAGE DIVING, il pleut plus que de raison des hommes (finalement, L’ex-Spice girls avait raison "It’s Raining Men"), même si quelques camionneuses parviennent à s’extraire. Thomas Barnett le chanteur mini-pouce harangue les foules, balançant tout le meilleur de Strike Anywhere (avec une préférence pour les titres de Exit English) avec une prédominance pour les nouveaux titres. "Sedition", "Instinct", "House Arrested" et "The Promise" reçoivent les faveurs du public enragé, ça chante en chœur, avec le cœur et le poing levé bien haut. Energie, efficacité, sueur, le set se finit sur un chaos sonore, le public est K.O.
Personne ne moufte, la sécurité éjecte doucement les derniers morceaux de punks restant, leur intimant de ne pas rester devant le club, les oreilles sifflent, le t-shirt bon a essorer. C’est bon de pouvoir écouter 'une autre musique' que le flot de purin habituellement déversé dans les médias. Au plaisir de jouir de celle-ci. CBGB is dead ! Longlive CBGB!
Epilogue :
Fin octobre, le cCBGB fermera définitivement ses portes, même s’il rouvrira un CBGB à Las Vegas dans quelques temps, les choses seront un peu différentes, me semble t-il, mais c’est ça aussi la force de l’Amérique, de faire tout et son contraire, le doigt bien levé, bien tendu.
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