The Young Gods + Les Tétines Noires
par Neredude (08/01/2020)
The Young Gods ont sans aucun doute sorti avec Data Mirage Tangram l'un des albums les plus classes de 2019. Psychélédique, électronique, hypnotique, en un mot : magnifique. Après nous avoir administré une baffe bien puissante au Hellfest 2019, on ne pouvait qu'en demander une deuxième ratkion à la Machine du Moulin Rouge, après avoir rempli la Maroquinerie un peu plus tôt dans l'année, a fiortiori avec les cultes Tétines Noires en ouverture.
Les Tétines Noires
Du rock indus, de l'expérimentation et beaucoup de dadaïsme ? Voilà ce que combinent les Tétines Noires, souvent avec réussite, parfois avec un résultat qui laisse perplexe. Leur concert est un tout, la musique est indissociable des costumes des musiciens tout comme de leur jeu de scène décadent et, bien sûr, la stouquette.
Parfois, la guitare rugit avec puissance quelques riffs qui ne sont pas sans rappeler les plus belles heures de Marilyn Manson, avec une ressemblance parfois troublante. Ce bougre (NdR : ou plutôt Twiggy Ramirez, si on regarde les crédits des compositions) se serait-il inspiré d'un obscur groupe de rock expérimental français ? Ce n'est pas impossible. A moins que la source ne soit une des influences principales des Tétines Noires, les légendes du rock goth Christian Death ? Toujours est-il que le mélange est détonnant et a le mérite de surprendre.
The Young Gods
Des mois après la tartine du Hellfest, rien n'y fait : il est toujours aussi impressionnant de voir ce que ces musiciens arrivent à produire en étant simplement trois sur scène. Il n'y a jamais une note de superflue ni une sensation de trop-plein, le dosage est parfaitement réparti entre le chant (et la guitare) de Franz Teichler, les programmations/claviers/samples de Cesare Pizzi et les fûts de Bernard Trottin. Parfois, la superposition de samples percussifs et de rythmes de batterie est d'une ingéniosité bluffante, avec un groove vénéneux à la King Crimson. On peut clairement entendre que le groupe a laissé une marque sur l'inconscient collectif rock, influençant des artistes comme David Bowie ou Devin Townsend.
Au niveau de la qualité comme de la quantité, les suisses sont plutôt généreux avec pas moins de six titres joués sur les sept du dernier album, en plus de classiques tirés de T.V Sky et l'Eau Rouge, sans oublier quelques autres piochés dans le reste de leur belle discographie. Le concert va parfois dans un direction beaucoup plus expérimentale avec Moon Above, un titre intéressant mais qui avait du mal à ne pas lasser de ses six longues minutes sur disque. En concert, c'est tout autre chose, une énergie nouvelle est insufflée à la chanson et il est difficile de ne pas se faire prendre au piège des glitches de Cesare, d'autant plus que les lumières sont très travaillées et immergent encore plus l'auditeur dans l'univers des Young Gods. Et tout ceci est encore plus vrai quand, avec sa coupe de chef indien, Franz commence à entamer une danse rituelle comme s'il avait absorbé une « dose héroïque » de mescalito.
C'est simple, on est tellement captivé que les minutes passent comme des secondes et le rappel pointe rapidement le bout de son nez, où le groupe enchaîne deux titres de l'Eau Rouge, un album culte qui a aujourd'hui trente ans comme le rappelle Franz... et il n'a pas une ride mais par contre toujours beaucoup de distinction avec cette basse délicatement samplée par Cesare Pizzi. En fait, les Young Gods sont tellement bons qu'on peut vraiment se questionner sur leur relatif manque de reconnaissance internationale, malgré les nombreuses accolades, collaborations fructueuses et surtout albums de qualité. Ces trois gars ont tout pour être les Pink Floyd du XXIème siècle, et on les retrouve à jouer à la Machine du Moulin Rouge, qui est certes bien remplie au demeurant. Mais bon sang, c'est au Zénith ou dans les jardins du Château de Versailles qu'ils devraient jouer, avec le lightshow qui va avec !
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