Furia Sound Festival
par Yul (19/07/2006)

C’est l’histoire d’un festival qui n’arrête pas de grandir, grandir, grandir pour devenir un des plus gros festival français. Pour son 10ème anniversaire, la Furia propose 4 scènes et pas moins de 64 spectacles (enfin, 63 puisque le groupe-blague BabyShambles a bizarrement été contraint d’annuler), le tout regroupé en 5 grandes familles musicales, la chanson-rock français, le punk-rock, le rock indé, le Hip Hop Reggae Dub et le métal fusion. De quoi ravir tout un chacun.
Vendredi 23 juin 2006
Ça commençait malheureusement mal, puisque en ce vendredi 23 juin de l’an 2006, alors que les locaux de K2R Riddim, les king of Reggae and Ragga (un peu gniangnian quand même) balançaient leurs rythmes chaloupés, votre serviteur était toujours au « travail ». Idem pour Burning Heads, qui a dû assurer j’en suis sûr, tout comme les drôlatiques Fatals Picards, qui ne m’en voudront pas si je leur avoue (ainsi qu’Emilie Simon, Danko Jones et Buju Banton) que je frissonnais bêtement devant mon écran géant de télévision 25cm avec l’équipe de France qui arrachait la qualif' contre le Togo (en plus, j’avais vu, dans l’année, la plupart des groupes qui se produisaient ce soir-là, et pis d’abord, Enhancer ils ont décalé leur concert pour les mêmes raisons évidentes que votre serviteur). Bref.
Samedi 24 juin 2006
Arrivée sur le site sous un soleil de plomb, un tour d’horizon rapide sur le programme qui dit que Kill The Young peut éventuellement valoir le coup, sur la grande scène. Confirmation sonore et visuelle, où le trio anglais assène avec une puissance respectable son pop-rock, pas sans rappeler quelques accords de Green Day parfois. Me trompe-je ? Après un passage au village des associations, où chacun aura sur les lèvres les expulsions organisées méthodiquement par Sarkozy ou les jolies petites bombes nucléaires (M-51) que nous préparent les gouvernements, dans notre dos (www.greenpeace.fr), on va découvrir les vieilles gloires (formé en 1981 !) anarcho-punk Conflict. On appréciera le son de tronçonneuse de la guitare et des paroles au-dessus du niveau général de nombreux groupes actuels. La journée promettait d’être punk old school, on est servi puisque, sur une autre scène, GBH (quel joli nom de groupe quand on y pense), qui enchaîne ses chansons furieuses et rapides, couplet-refrain-couplet. Colin (le leader chanteur) arbore une décoloration capillaire douteuse, quand le bassiste porte fièrement un t-shirt de Rancid. Je sais pas trop quoi penser de ses vieilles gloires. Sont-ils là par conviction ? Parce que le punk est à la mode et qu’ils seraient temps qu’ils en profitent un peu, eux aussi, les fondateurs. Parce qu’ils ne savent/peuvent faire que ça dans leur vie ? Ce soir on verra aussi les Dead Kennedys sans leur personnage culte évidemment (Jello Biaffra). Leur chanteur porte la mèche émo et nous envoie les tubes d’antan qui font toujours plaisir à entendre, ainsi qu’un "Nazi Punks Fuck Off". On retrouve, en petite foulée, Yann Tiersen, l’écorché vif, qui ne décrochera pas un mot, à part les mercis de politesse, comme à son habitude (et quelques insultes banales pour un trouble fête du devant). Concert vibrant malgré tout. Tout le monde se dirige vers la grande scène où le gros show arrive. Le concert d’ Enhancer. Pas américain pour un sou, mais bien du cru local, le combo balance la sauce avec le tube "HOT" qui met tout le monde d’accord. On les sent à l’aise, même si on se demande ce que vienne foutre deux poufs sur scène pour….danser ( ?). Idem, on s’interroge de l’utilité d’imiter Kyo (qui s’était fait jeter l’an passé, honte à vous les punks !), Enhancer aurait été inspiré d’éviter ce genre de blague potache. Passons. Le show est carré. Les guitares, parfois un peu « air ». Les refrains un peu niais. Mais les gars sont des crèmes. On arrivera à voir la fin d’Arthur H, une sorte de Tom Waits français toujours là. Vient « Le » concert du samedi, les Têtes Raides. Le concert est pêchu et plein de contestation sociale. Yann Tiersen viendra gratter le violon et Christian Olivier nous présente, avec sa compagnie, une partie de leur nouvel opus, Fragile. Au même moment, un feu d’artifice est lancé en contrebas du site, venant d’on ne sait où, pour éclairer les dizaines de capotes gonflées buccalement qui circulent au-dessus de la foule compact. Joli hasard poétique, en osmose avec le live. Le concert fini, on traîne un peu les pattes pour aller voir les ex-Zebda, toujours motivés, Mouss et Hakim, on doute du « truc », bon feeling. Deux chansons suffiront pour se faire un avis concernant la variétoche pataude qu’on entend (question people : Mouss de Mouss et Hakim ne serait-il pas le frère jumeau de Eric de Eric et Ramzy ?). Oulalala, déjà minuit, allons voir le prometteur live de Fishbone, qui fête par la même ses 27 ans de carrière (et que No Doubt ou la Mano cite comme influence majeure). Le plus beau moment du festival reste la reprise de "Date Rape" (de Sublime) durant lequel le frontman Angelo Moore montre tout son talent de saxophoniste et d’interprète. Fishbone reste un incroyable groupe de scène, le bassiste est monstrueux de génie, un peu dans le look de l’imposant bassiste des Bloodhound Gang, la basse au niveau des genoux. Le trompettiste est aussi doué qu’il est gros et le tromboniste masqué traduit quand même une certaine perversité refoulée. Tout le festival est enfin en furie. Dernier concert de la journée, et pas des moindres, Guerilla Poubelle et leur hardcore punk en français. Beaucoup de monde est resté pour voir les trois trublions asséner leurs brûlots punk-rock et rire de leurs interminables blagues à rallonge. Un vrai plaisir de clôturer une journée avec eux.
Boules quiès dévissées, dodo.
Dimanche 25 juin 2006
Vraiment pas le courage de me lever pour aller voir Good Bye California à 13h30, ni pour voir la finale du championnat de France de Air Guitar. En plus, la pluie s’est invité aux festivités, histoire de palabrer encore sur le mythique Woodstock. Les Hurlements de Léo envoient leur joli mix de java, chanson française, punk musette avec une vraie pertinence sur scène. Malheureusement, le retard pris sur la scène verte nous oblige à quitter prématurément le concert afin de voir un bout de Marcel (et son orchestre) faire les cons sur la grande scène (couleur bleue). Toujours autant de fans, toujours le même spectacle (l’originalité sera un slam dans la boue pour cette fois), toujours les mêmes rengaines. Domenech avait dit un jour « on change pas une équipe qui gagne » (à moins que ce ne soit Aimé Jacquet, ma mémoire flanche), bref, les lillois ont compris. Tant mieux. Tant pis. Je sais plus. Au tour de Mickey 3D (dont je confonds sans arrêt le nom avec Dionysos, c’est bizarre non ?), qui nous fait écouter ses meilleurs morceaux de Matador et qui conclue sur une reprise d’Indochine entre deux averses. La première claque de la journée intervient avec les stéphanois de Dub Incorporation, fusionnant reggae, ragga, hip-hop et raï avec deux chanteurs parfaitement complémentaires dans les registres susnommés. A l’évidence un groupe qui sait jouer avec son public. Une découverte pour moi. Vient le groupe que j’attendais personnellement avec impatience, et c’est la deuxième claque de la journée (ça fait mal).Gogol Bordello ! Une nouvelle déclinaison pour la mouvance punk : le gypsy punk. Eugène Hutz, leader chanteur moustachu du groupe arrive sur scène habillé dans un patchwork culturel (un marcel, un cycliste, un bandana arborant un écusson anti-fasciste, un foulard de danseuse du ventre, etc) qui définit en vérité le concept de l’octet. Deux filles viennent avec leur washboard foutre un bordel (gogol) et on a l’impression d’assister à un vrai spectacle vivant. Les fans (et oui, il y en a) sont aux premiers rangs, ils chantent aussi faux que le bon Eugène, l’effrayant Sergey Rjabtzev (au violon) donne une couleur tzigane particulièrement intéressante, tout comme l’hystérique violoniste Yuri Lemeshev. Assurant un set complètement décomplexé, enchaînant les chansons comme on enchaîne les accords dans une caravane, le groupe a probablement convaincu une paire de festivaliers. C’est vous dire la déception quand on voit The Gentleman, moins épicé, un peu soupe avec en guise de croûtons des choristes qui tordent du cul. Paraît que c’est bien comme groupe. Moi, ça m’a vaguement rappelé les Poetic Lovers. Rien à voir avec Seeed ou Patrice, eux aussi extrait d’une scène allemande en plein boum. De l’autre côté du festival, les High Tone ont commencés leur spectacle, envoyant un dub nourri d’électro et de musique ethnique, un vrai kiff, qu’on apprécie d’autant plus que les set vidéos qui accompagnent la performance sonore sont d’une ingéniosité rare…
Et puis les Wampas, après ça, …bah c’est un autre genre. On rigole (des fois)…moi, je supporte plus cette voix. Mais c’était bien. Même si on sent un Didier Wampas moins boarder line, plus enclin à contrôler le bordel. C’est dommage….et puis la fatigue peut-être doit jouer auprès de mes petites oreilles. Tolérance amoindrie ?
Bref, et pour conclure, un anniversaire en bonne et due forme, avec plein de registres différents, pour toutes les assiettes…Une organisation quasi sans faille, hyper réactive et qui doit faire attention à pas tout mélanger…C’est quand même bizarre ces jeunes qui sautent en l’air partout pour dire nom au libéralisme et au capitalisme suintant, et qui vont se rassasier de frites passées au micro-onde offertes par la célèbre marque dont ceux qui en parlent le moins en mangent le plus…
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