La Défaite de la musique (Eyehategod, Bongzilla, Dopethrone, Sons Of Otis)

par Neredude (08/07/2018)

Cela fait maintenant deux ans que l'UFO (un bon prétendant pour le titre de meilleur bar Rock de la capitale, qui malheureusement fermera ses portes fin octobre) se propose de relever le niveau de la (dé)Fête de la musique en programmant des groupes de qualité pour jouer sur les trottoirs de la rue Jean-Pierre Timbaut, et accessoirement foutre un gros bordel. L'année dernière, c'étaient The Worst Doubt, Revok, Perturbator puis McClane en DJ set. Disons le clairement, cette année, l'échelle de la violence est montée de plusieurs crans, grâce à une collaboration avec Stoned Gatherings et une affiche annoncée le jour même pour des raisons évidentes : Sons Of Otis, Dopethrone, Bongzilla et Eyehategod.

Le simple fait de se diriger vers l'UFO le 21 juin est une tranche (avariée) de vie en soi, avec des sonos qui ont poussé comme des champignons vénéneux sur toutes les petites places de Paris, dont le penchant est clairement pour la Techno et le Reggae / Dub de bas étage. C'est déjà gênant quand on passe devant l'un de ces autels du politiquement correct musical, ça en devient intolérable lorsque deux voire trois sources sonores se superposent à nos oreilles. Dans ce gloubi-boulga de décibels, en s'approchant de Parmentier, les salvatrices infra-basses se font entendre, signe qu'à au moins un endroit de Paris ce soir, l'authenticité Rock répondra à l'appel, et pas pour faire une compilation de mauvaises reprises de Nirvana et Blur.

Sons Of Otis 

On arrive sur place alors que les canadiens de Sons Of Otis sont en train de finir leur set, à base de riffs bien saturés en acide gras comme on les aime. L'emplacement devant la scène est déjà bien peuplé, mais toujours praticable. Que dire, si ce n'est que la lourdeur du bousin évoque les pierres de 2.5 tonnes utilisées pour construire par la pyramide de Kheops : imposante et taillée à la sueur du front de ses artisans-musiciens (désolé, c'était ça ou une référence poussive à Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre). Une mise en bouche qui met en condition pour la suite. 



Dopethrone 

On reste du côté du pays des caribous, mais francophone, avec Dopethrone, qui distille un Stoner / Sludge bas du front comme il se doit. Ce sont eux qui provoquent les premiers slams de la soirée, ce qui prend une dimension épique lorsque des voitures tentent de se frayer un chemin parmi le public grandissant devant les musiciens jouant devant la devanture de l'UFO. Des gens (très intelligents) vont même jusqu'à monter sur la camionnette d'un des groupes pour sauter dans le public, et par miracle, seule une personne semble s'être vraiment fait mal en faisant cette cascade pendant la soirée (une fille dont le slam s'est mal terminé). 



Les riffs sont autant de bûches que nous recevons sur nos crânes et ont un effet euphorisant, au même titre que les quelques soli du chanteur/guitariste Vincent Houde, qui grâce à une pédale d'effet obtient un son qui imite bien Tony Iommi. Une reprise de Black Sabbath est d'ailleurs sans doute la seule chose qu'il manquait à ce set pour mettre définitivement le feu aux poudres, mais l'allumage se fera en plusieurs phases, comme le départ d'une fusée à Cap Canaveral. 



Bongzilla 

Parce qu'une soirée Stoner / Sludge et consorts n'en serait pas vraiment une sans la présence d'un groupe prônant l'usage de cannabinoïde. Stoned Gatherings nous en amène un des plus ardents représentants : les Américains de Bongzilla. Le volume monte d'un cran, tout comme la lourdeur de la musique jouée. Malheureusement, c'est le moment qui a été choisi pour faire le plein de nutriments, de fluides et d'amis, une phase on ne peut plus importante sur ce type de concerts, a fortiori en gardant en tête qu'après, ce serait Eyehategod, et donc pas du tout reposant. 



Le set de Bongzilla n'a donc pas été vraiment été écouté, mais juste entendu en faisant autre chose, ce qui était somme toute un massage des tympans plutôt appréciable, même en restant à une certaine distance des amplis. Indubitablement, les décibels ont été livrés en bonne et due forme. 


EYEHATEGOD

Oui, on l'écrit en majuscule, parce qu'on parle ici d'un concert majeur, un événement essentiel de l'underground musical parisien. C'est un vrai plaisir de voir Mike IX Williams derrière le micro, après de graves problèmes de santé. Il semble être en bonne forme, même si sa coupe au bol allongée et moue goguenarde font de lui un étrange sosie de Michel Houellebecq. Donc là, il y a vraiment beaucoup de monde entre le croisement de la rue Jean Pierre Timbaud et la rue Edouard Lockroy. Après un premier larsen déchirant l'air, Jimmy Bower lance son premier riff, entraînant une cohue rarement observée dans un pit. C'est la guérilla, et on ne pouvait s'attendre à moins en amenant EYEHATEGOD à ce genre d'événement. Dès la fin du morceau, Mike s'écrie avec un air de satisfaction "Bon, ça va se finir en émeute ?". Franchement, ça n'est pas passé loin, c'était de l'émeute contenue. 



On voit donc l'équipe et les proches des Stoned Gatherings faire office de service de sécurité au groupe pour éviter qu'ils ne se prennent des moshers dans la poire. Le volume est scandaleusement élevé, les classiques d'EHG défilent, de Sister Fucker à New Orleans Is The New Vietnam. Le seul petit regret à ce sujet est l'absence de Nobody Told Me, qui est un sacré banger de leur dernier album. Bref, ce set, c'était une heure de communion entre un groupe et la rue, avec des vieux fans comme des passants, un concert brûlant d'intensité ouvert à toute personne désirant y assister. Merci Stoned Gatherings, merci l'UFO (petit ange parti trop tôt). 

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