Ignite et Comeback Kid

par Turtle (03/04/2006)

Les Foufounes Electriques (en Québecois, « foufoune » signifie « fesses»), coincé entre deux peep show, temple du punk/hardcore au Canada. Rampe de lancement de beaucoup de jeunes groupes, rendu mythique par les passages de Nirvana et des Béruriers Noirs à leurs débuts. Entrée sombre, bières cheap, rock crasseux permanent en arrière fond. Le décor est planté. C’est là que les renommés Comeback Kid vont se confronter à leurs compatriotes. Va falloir faire parler la poudre !

Ignite (http://www.igniteband.com/old/) ouvre le bal avec une prestation volontaire et appliquée. Hardcore aux dérivées punk, old school qui fait appel à la voix du public, les vétérans californiens exécutent un set avec quelques longueurs mais à la tonalité globalement bien entraînante. Les tubes (« Embrace », « Veteran », « Call on My Brother »…) emportent forcément l’adhésion avec une reprise collective et bruyante. Le chanteur, Zoli Teglas, évolue sur scène dans un registre qui n’est pas sans rappeler Jason Cruz (Strung Out) et le reste du band joue avec le sourire. Attitude très proche du public, sans fard et en toute sincérité, on apprécie. On notera pour l’anecdote la reprise de « Sunday Bloody Sunday » façon punk qui  est forte fédératrice.

Comeback Kid arrive enfin, sans fioriture, sans introduction pompeuse, visiblement venu pour en découdre avec la foule et pas pour faire un défilé de mode. « N’hésitez pas à monter et slamer, il n’y a pas de sécurité, la scène est à vous ». Le ton est donné.
Premières notes, premiers cris, batteries qui fument, guitares malmenées, c’est une véritable baffe, d’entrée, sans avertissement. Le niveau d’intensité est incroyable. « False Idols Fall » nous est balancé comme ça, à brûle pourpoint. Rapidité, rage, sauvagerie ; deux, trois morceaux s’enchaînent avant le first break, et là c’est un regard commun, incrédule, une tentative de retrouver ses repères…
Andrew Neufeld a pris place au chant depuis peu (remplacement de Scott Wade il y a un mois à peine), ce qui explique certainement cette envie neuve, naturelle et dénuée de lassitude. Et quel plaisir de voir un tel groupe jouer avec l’ardeur d’un combo fraîchement débarqué. Mais la qualité vocale n’en est cependant pas altérée. Justesse, vitesse, passage hurlé, c’est du très lourd. Ingnite avait fait plus que se défendre, mais là c’est effarant de constater la différence d’engagement. Il y a comme quelque chose de bouillonnant, de brutal ; c’est un uppercut collectif et on s’est tous fait valdinguer dans les cordes dès le premier round.
L’album en avait retourné plus d’un, et il est vrai qu’il était de bonne facture, mais je lui trouvais ce je ne sais quoi d’un peu trop répétitif. Sa réalisation en live décuple ses capacités, le rend plus percutant encore et fait disparaître tout sentiment de monotonie. « Partners in crime » et ses arrières guitares criardes, « Falling appart » et son rythme au marteau, on a le droit à tout le récital de Wake the Dead, servis pareils à des « one shot » de 90 degré.


Question ambiance, les spectateurs sont au diapason. Nous voici donc partis pour une immersion dans le pit.
A l’évidence, on est pas au milieu d’un sitting peace. Bonnets, bérets et casquettes ont été laissés au vestiaire, car ça voltige et ça bastonne sec. Galvanisés par la prestation des showmans, le fosse bien qu’assez peu dense, est d’une rare violence, véritable allée directe pour des coups de boule à la pelle et patates en tout genre (faut dire qu’à balancer ses bras dans tous les sens selon les rites du genre et ceci dans un espace restreint, les chocs sont assez inévitables…). Au final, quelques nez pétés ou lèvres fendues, mais pas de quoi réfréner une horde déchaînée, on s’entend bien.  Alors Comeback Kid en rajoute, remet le couvert et se vide les boyaux dans les amplis. Ca grésille, ça ronfle, ça crache et à l’unisson bien sûr. Les Canadiens en effet ne dérogent pas à « la règle coreuse » et multiplie dans sa liste les appels au chœur. La foule est donc en permanence rivée vers le chanteur, près à chopper au vol le micro qui ne cesse de faire des allers et retours.
Les gars connaissent par cœur les paroles et le résultat est tonitruant. Une salle entière qui gueulent en même temps, ça prend nécessairement aux tripes!

Fait d’armes à noter, le groupe fait d’assez longues pauses entre les morceaux qu’ils jouent à peu près par couple de deux, et on perçoit aisément le besoin de souffler et de reprendre des forces. D’une certaine manière, c’est un peu dérangeant pour la cassure imposée au tempo, mais les guys reprennent à chaque fois avec une telle virulence qu’on leur accorde ces moments mérités de« rechargage de batteries ». Le set au bout d’une demi heure prend un rythme un tantinet plus calme (augmenter n’aurait pas été chose possible), et une ou deux chansons sonnent un peu trop identiques, mais c’est pour mieux rebondir, ça va sans dire. Attention : les exécutions n’en sont pas pour autant ternies. Bien au contraire. Les gars de Winnipeg imposent le respect par le fait que si le set déboîte, c’est parce que les types y mettent de la verve mais surtout de l’application. Pas de perte en froufrous inutiles ou en démonstrations physiques épileptiques. Les musiciens sont bien en place et canalisent toutes leurs énergies dans leurs instruments. Mention spécial au nouveau guitariste, sobre certes mais sans fausses notes.

Et puis vient enfin celle qu’on attendait tous si ardemment. Les poings se crispent, les lacets se nouent, les regards basculent… Premiers riffs reconnaissable entre tous… « Wake the dead » sera le bouquet final, avec en morale « tout donné puisque c’est la fin ». On y voit presque plus rien, ça balance dans tous les coins, on se cognent, s’entrechoquent et tous ensemble « You said, you said, you said , this time was gonna be different …. ». On chavire de bonheur, rassasiés.

Un bref rappel puis tombé de rideau. Set court, mais plus de chansons à jouer, et le batteur n’aurait d’autres choix que de se faire greffer des nouveaux bras s’il voulait poursuivre. On préfère un cour volcanique à un mollasson qui s’éternise. On applaudit et on s’tire en laissant ces mots si doux nous échapper « Putain quelle claque ! ». Comeback Kid pour ceux qui aiment sur cd, va vite falloir les chopper en tournée car c’est de l’imparable, et pour ceux attentifs sans être fans, c’est l’occasion de constater oh combien le hardcore qui vient du cœur n’est jamais aussi bon que quand il est partagé.

 

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