Concert Biocide + Pelican + Cave In

par Kinkette (22/03/2006)

C’est à l’occasion d’une tournée commune que Cave In et Pelican nous ont fait l’honneur de passer dans notre contrée. L’opportunité pour moi de découvrir ou redécouvrir les deux groupes, perspective qui me mettait particulièrement en joie.

Nous voici donc le 24 février à La Boule Noire de Paris. La salle se remplit doucement mais sûrement, le concert affichant complet. Un petit détour par le merchandising s’impose, ce n’est pas tous les jours que l’on peut obtenir tout un armada de t-shirt et cd à des sommes dérisoires (10€ chacun).
Une fois les petites emplettes terminées, je me place tranquillement devant la scène et attends ceux qui assureront la première partie : Biocide. Formation française dont l’influence de Mike Patton est indéniable, le groupe nous offre une prestation honnête mais peut-être trop courte pour juger de leur réelle valeur.

Les Lumières se rallument après environ 30 minutes de show, laissant apparaître une salle bondée dont le public commence à se presser vers la scène, sentant l’arrivée imminente des Pelican.
Devant nous, ça bourdonne comme dans une ruche, les instruments changent de place, et on s’étonne de voir la batterie au milieu de la scène : les musiciens de Pelican jouent sur le même pied d’égalité, et ce n’est pas pour déplaire.

L’attente se fait longue, mais le jeu en vaut la chandelle : le groupe entre directement dans le vif du sujet avec une March To The Sea des plus endiablées. Enchaînant rythmes effrénés et lancinants, où les hurlements des guitares se transforment en chants divins, les Pelican nous font survoler de leur céleste musique les plaintes enchanteresses du Sludge. Tantôt noir (NightEndDay), tantôt serein (Sirius), le set atteint l’apothéose de sa complexité avec Last Day Of Winter, chanson qui de par son rythme entêtant, que dis-je, envoûtant, conquit et met en transe toute la Boule Noire. Public qui s’est vu mettre à nu ses plus intimes sentiments (et ressentiments) en à peine une heure.
Les Pelican s’envolent dans les coulisses, sourires aux lèvres, laissant un public tout penaud et encore abasourdi par une prestation qui approche le choc électrique. Ou Psychologique.

À peine leur prestation terminée que déjà le groupe s’affaire pour laisser place à Cave In, héros de ma soirée. La première fois que je les ai vus n’était à vrai dire pas dans les meilleures conditions possibles : première partie de Muse, le groupe avait reçu un accueil plus qu’hostile, ce qui entachait grandement sa prestation plus qu’honnête. Cette date parisienne était donc l’occasion de découvrir la réelle valeur scénique du groupe.
Malheureusement, le public musien n’était visiblement pas le seul à bouder le groupe, une partie du public ayant quitté les lieux après le passage de Pelican. Qu’importe, nous sommes assez nombreux pour faire du bruit autant que faire se peut.

Après une petite introduction (Perfect Pitch Black), le groupe démarre sur les chapeaux de roues avec The World Is In The Way, chanson extraite de son dernier opus, Perfect Pitch Black. Ce dernier aura d’ailleurs quasiment été joué dans son intégralité, ce qui est peut-être le seul reproche que l’on peut faire au groupe durant ce show ... et encore. Les morceaux de ce nouvel album prennent une toute autre dimension live : Caleb Scofield (bassiste), qui assure avec brio l’intégralité du chant hardcore, apporte puissance et rage à ces toutes jeunes compos qui forment le parfait cocktail du son Cave In, qu’il soit d’un passé lointain, plus proche, du présent, et même du futur.
En effet, à peine PPB bouclé que les spaces-coreux élaborent déjà de nouveaux morceaux, et nous en offre deux pour l’occasion : Shapeshifter et Dead Already. Celles-ci sont résolument plus hardcore, je dirai même hardcore new school : la patte du leur nouveau batteur Ben Koller, officiant également chez Converge, se fait grandement sentir. Le rythme est beaucoup plus rapide et effréné que ce que le groupe a pu nous offrir jusqu’à présent, mais les space guitars sont toujours au rendez-vous, Caleb et sa voix coreuse aussi, ainsi que Stephen Brodsky qui nous fait découvrir une facette de son chant plus féminine (et quelle facette !). Bref, ces morceaux, c’est du 100% Cave In, et même du très bon.

Mais que serait un concert de Cave In sans ses chansons mythiques ? Je parle bien sûr de Jupiter et autres Big Riff. Un régal, je pourrais même dire la crème de la crème. Malgré un son assez médiocre à cause duquel la voix de Stephen était quasi-inaudible, ces piliers de la discographie Cave Inienne transcendent chaque fois le public, tant les guitares se prennent pour des fusées nous amenant tout droit dans le space rock, direction la planète Cave In.

Entre 2 vieux tubes et autres instrumentales à la Ataraxia, un OVNI, mais qui finalement mérite amplement sa place : Moral Eclipse. L’occasion de constater que Ben Koller est diablement efficace, même sur les anciennes chansons. Que dire sur cette interprétation, sinon que ce qu’ils ont pu faire par le passé, les fans ne l’ont pas oublié, et le groupe non plus, tant les sourires placardés sur leurs visages se font grands.

Une dernière Trepanning pour la route, "a sort of boogie woogie" comme s’est amusé à décrire Stephen, et tout est terminé.
Quoi, déjà ? Non, pas possible. Alors on crie, on applaudit, certaines tapent des pieds ... non ça ne peut pas se terminer ainsi ... et en effet, au bout de 5 minutes de combat acharné, le groupe capitule et revient sur scène.
Ils semblent aussi heureux que surprit par tant d’effervescence, et Stephen nous explique qu’ils n’ont peut-être pas le temps d’en jouer une autre. Aucune réponse de la régie. Dans un cri désespéré, Stephen lache "What can we do ?!!", un blanc, un dernier "fuck" pour la route, et le monsieur enfourche sa guitare à l’assaut de la scène.

Cris de joie. Mais rien comparé au bonheur qui gagne le public quand monsieur Brodsky joue les premières notes de la désirée de la soirée : Juggernaut. Fier de l’effet provoqué, le jeune homme nous jette un regard plein de malice, avant d’afficher son plus grand sourire en se retournant vers ses complices, eux aussi tout heureux. Les coreux, terrés au fond de la salle, débarquent à grand renfort pour l’occasion, la folie gagne (enfin !) le public. Bras levés, on scande les paroles de la mythique, sans pour autant arriver à surplomber celle de Caleb, plus puissante que jamais. C’était grand, c’était beau, et j’ai usé tout le semblant d’énergie qu’il me restait dans cette ultime (mais pas des moindres) cadeau.

Un dernier « merci et au revoir », et les vigils nous ramènent à la dure réalité en nous éjectant de la salle. Un soirée comme on en vit plus, pleine d’énergie et de sentiments à l’état brut.

Note : pour ceux qui auraient lu l’interview, Stephen portait bien son T Shirt Anthrax !

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