Omnium Gatherum / Dark Tranquillity / Amon Amarth
par Zbrlah (19/04/2017)
Les affiches de certaines tournées sont curieuses. Je me rappelle avoir vu Arch Enemy ouvrir pour Nightwish, ou My Own Private Alaska en première partie de Metallica, et bien d'autres étrangetés. Mais ce samedi 8 avril, le Bikini proposait un plateau des plus cohérents : Omnium Gatherum, Dark Tranquillity, et Amon Amarth, soit du Death mélodique, du Death mélodique, et du Death mélodique. Alors c'est sur, il faut être sensible le Death mélodique (sans blague ?), mais pour les amateurs, c'était une programmation aussi pertinente qu'alléchante.Omnium Gatherum ouvre les hostilités pile à l'heure annoncée, et le Bikini est déjà très rempli. La moitié du public arbore un t-shirt Amon Amarth, mais ce n'est pas pour autant que les gens vont dénigrer des premières parties d'aussi bonne qualité. Au vu de la foule compacte, je me fraye un chemin jusqu'au balcon pour voir la prestation depuis en haut. Les six Finlandais sont énervés et le font savoir à coup de headbangs et de growls furieux. Le set est solide, maîtrisé et efficace, mais malheureusement sans surprise. La lumière reste dans les tons froids, en bleu et vert, sans trop mettre en valeur le groupe. Malgré beaucoup de conviction sur scène et une évidente curiosité du public, seul l'effet "c'est la dernière chanson, c'est le moment de se donner" permettra à New World Shadows d'être particulièrement pêchue.
C'est ensuite au tour des mythiques Dark Tranquillity de prendre d'assaut la salle toulousaine. Ils le feront d'une façon étrange, avec une entrée en matière plutôt calme (Force Of Hand est un bon titre mais son intro est molle, alors que la piste d'ouverture de leur dernier album a une amorce de tueur), mais rattraperont le coup par la suite avec des titres plein d'énergie (The Lesser Faith, puis The Science Of Noise).Alors que depuis le balcon de gauche, je n'avais pas remarqué quoi que ce soit de dérangeant quant au son de Omnium Gatherum, pour le coup, dans la fosse devant Dark Tranquillity, ce n'est pas la même limonade. On ne distinguera qu'un son de guitare très aigu et très en avant ; les grosses caisses trop trigguées, au son terne ; le chant ; et étonnamment, le clavier, beaucoup trop fort d'ailleurs. Beaucoup de rythmiques sonnent creux par manque de basses dans les guitares, le jeu de batterie sur les toms ne s'entend pas... Terminus (Where Death Is Most Alive) est l'un de mes titres préfères de Dark Tranquillity, mais les rythmiques syncopées et d'ordinaire si efficaces voient leur impact amoindri par ces conditions. Quant à Clearing Skies, les trilles aiguës des guitares sur les refrains sont tellement agressives qu'elles sont difficilement supportables.
Mais la bande à Mikael Stanne ne semble pas se rendre compte (où se soucier) de ces légers soucis et le sextet donne tout ce qu'il a. Il y a beaucoup de mouvement sur scène, des sourires entre musiciens ou vers le public (comme d'habitude, les hurlements du frontman ne semble pas lui demander le moindre effort et c'est tout-sourire qu'il growlera tout le set)... L'ambiance est clairement au rendez-vous et le public répond massivement autant pour pogoter que pour chanter les refrains, comme lors du final Misery's Crows. De plus, l'utilisation intelligente de projections au lieu d'un simple backdrop permet une excellente immersion dans l'univers graphique du groupe, contribuant encore plus à l'ambiance enfiévrée de la prestation de Dark Tranquillity.
Enfin, il fallait savoir que Christopher Amott (ex Arch Enemy) remplaçait Niklas Sundin aux guitares, tant l'aisance du musicien de secours était impressionnante...
Amon Amarth attaque fort. Après une intro samplée, c'est Poursuit Of Vikings qui sert d'ouverture aux Nordiques, un hit loin d'être récent mais qui a pour mérite de mettre tout le monde d'accord d'entrée de jeu. Où qu'on soit dans la fosse, il est très difficile d'échapper aux pogos spontanés que le public en feu lance en reconnaissant le hit. Tout le monde chante le riff de guitare pour le plus grand bonheur du groupe, heureux de cette réaction. As Loke Falls s'enchaine sans laisser à la foule le temps de souffler, puis le charismatique Johan Hegg prend la parole pour annoncer, enfin, un titre issu du dernier album des Vikings : First Kill. Au final, ce sera une petite moitié du récent Jomsviking qui sera jouée, la set-list d'Amon Amarth s'orientant presque autant sur les deux efforts précédents que sur le nouvel album. Bien sûr, quelques vieilleries indispensables sont ajoutées, à l'instar du culte Death In Fire ou encore de Runes To My Memory. Les Suédois ont un son énorme, un véritable mur de watts. Sans être la meilleure sonorisation du monde, on entend néanmoins tous les instruments, et en plus les gars sont tous en forme, semblent s'amuser, et jouent franchement bien. Pas de fausse note ni d'approximation, aucune déconcentration malgré les francs sourires et les headbangs réguliers. Seul l'énorme volume sonore est légèrement inconfortable. Mais bon, c'est Amon Amarth, à quoi d'autre pouvait-on s'attendre ?!
En revanche, ce qu'on ne pourra qu'apprécier, c'est le sens du spectacle qu'a indéniablement le groupe. Le meilleur exemple est sur The Way Of Vikings sur lequel deux figurants en armure et en peaux de bêtes viennent s'affronter avec des armes qui semblent réellement en métal, se protégeant derrière des boucliers en bois. Le groupe joue en retrait, voire pour certains membres depuis le bord de la scène, presque en coulisses, afin de laisser la place au combat. Les acteurs y vont franco, on peut même voir à l'occasion quelques copeaux de bois voler des boucliers sous l'impact des coups ! La joute exalte la foule, et les combattants ne sortent de scène que lorsque l'un d'eux est vaincu, à terre. Sur d'autres titres, les figurants reviendront chacun d'un côté de la scène pour brandir des épées en rythme, ou des drapeaux, des haches, des lances, des arcs, selon la chanson sur laquelle ils interviennent. Apres plus d'une heure et demi de vikingueries, sur le final Twilight Of The Thunder God, c'est l'apothéose : un immense dragon (gonflable, mais plutôt bien fait !) émerge d'un côté de la scène alors que le chanteur Johan Hegg empoigne un Mjolmnir pour en venir à bout !
C'est donc une soirée qu'on retiendra, autant par la pertinence de son affiche que par la qualité des shows proposés. Malgré un Omnium Gatherum en retrait par rapport à ses compères, leur performance reste honorable et l'ensemble formait une fresque musicale cohérente et agréable. Tous les concerts devraient être comme ça.
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